Gérard Depardieu, l’homme qui s’égare mais qu’on aime quand même !

Gérard Depardieu s’en va vers de nouveaux horizons, de l’autre côté de la Méditerranée. Pourtant, le 13 février dernier, l’acteur avait fait parler de lui sur les réseaux sociaux après une interview sur le plateau de "Quotidien". "Les Algériens qui vivent à Marseille ne pourraient pas se comporter comme ils se comportent à Marseille en Algérie", avait-il lancé (20 Minutes).

Je m’étais d’ailleurs fait l’écho de cette sortie pleine de panache dans les colonnes de Boulevard Voltaire. Mais voici que l’insaisissable et nomade acteur à la filmographie pantagruélique semble avoir fait amende honorable – aux yeux de la bien-pensance omnipotente ! –, précisant, dans un entretien accordé au journal La Provence, que « cela a peut-être été mal compris. Je vais bientôt habiter en Algérie […] J’ai choisi Alger. C’est un pays splendide ».

Jusqu’ici tout va bien, c’est ensuite que ça se corse : « Je me suis intéressé à l’histoire de l’Algérie. C’est un peuple d’une grande intelligence qui a été bousculé par une armée d'analphabètes en 1830. »

Que Gérard Depardieu choisisse de vivre quelque temps en Algérie, il n’y a là rien à redire. Après tout, il est naturel qu’un amateur de belles lettres tel que lui soit tenté par ces contrées qui attirèrent jadis tant de nos plumes nationales, comme l’atteste la remarquable anthologie établie par Jean-Claude Berchet, Le Voyage en Orient.

Ce qui me chagrine, c’est cette « armée d’analphabètes », en l’occurrence les Français, dont il est question. Je reconnais, encore une fois, l’extraordinaire talent de l’intéressé, lui pardonnant volontiers quelques erreurs de parcours, mais il n’est pas à proprement parler un spécialiste de l’histoire de notre pays en général, et de la colonisation de l’Algérie en particulier.

Car ladite colonisation ne fut pas une lubie digne d’un Alexandre de Macédoine voulant pousser toujours plus loin ses armées vers l’est pour assouvir ses désirs de conquête. "Pendant des siècles, Alger aura été le refuge des pirates des “puissances barbaresques” et de leurs esclaves chrétiens. Un scandale bien oublié qui fut à l’origine de l’expédition française de 1830", nous explique un article très documenté de Valeurs actuelles ("Quand les Barbaresques razziaient la Méditerranée").

Précédemment, entre 1801 et 1805, et en 1815, les jeunes États-Unis menèrent deux guerres contre les États barbaresques qui s’attaquaient à leurs navires marchands. En 1816, l’Angleterre et les Pays-Bas bombardèrent à leur tour Alger pour mettre un terme aux rançonnages et aux pratiques esclavagistes des mêmes pirates.

Aussi, à moins de considérer ces nations susnommées comme analphabètes, force est de constater que Gérard Depardieu se fourvoie, ce dont je ne lui fais pas grief, tant il est vrai qu’entre la France, la Belgique, la Russie et désormais l’Algérie, il ne se sent à sa place nulle part. De là à accepter qu’il déshabille Paul (la France) pour habiller Jacques (l’Algérie), il y a des limites à ne pas franchir !

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