Fronde de Bellamy, rivalité de Thierry Breton : von der Leyen contestée dans son propre camp

Ursula von der Leyen

La semaine dernière, François-Xavier Bellamy a expliqué à Gabrielle Cluzel comment la nomination de von der Leyen à la présidence de la Commission européenne, en 2019, avait constitué une entorse aux pratiques politiques européennes. La tradition voulait que la présidence revienne au candidat désigné avant les élections par le parti vainqueur : en 2019, le PPE (centre droit) était le groupe le plus nombreux, mais ce ne fut pas le Bavarois Manfred Weber qui fut désigné mais Ursula von der Leyen qui sortit du chapeau, sous l'influence d'un Macron désireux de former des majorités plus progressistes. Ce qui fut fait puisque, sur les sujets migratoires et agricoles notamment, c'est la gauche verte et le centre qui ont mené le bal durant cinq ans, Ursula von der Leyen faisant plus que suivre le mouvement. Aujourd'hui, celle qui aspire à un second mandat commence à payer le prix de sa trahison. Et les partis de centre droit sentent qu'ils pourraient eux aussi payer le fait d'avoir joué le jeu de ce « en même temps » bruxello-strasbourgeois.

La révolte des agriculteurs est venue à point nommé remettre le nez de tout ce petit monde dans ses turpitudes. Et, donc, la même Ursula von der Leyen est priée par son parti d'adopter désormais pour son éventuel second mandat une politique aux antipodes de celle qu'elle a menée. C'est ce qui a été décidé au congrès du PPE à Bucarest, jeudi. Sauf que le grand écart paraît difficilement défendable pour certains, en particulier pour les eurodéputés LR qui, menés par François-Xavier Bellamy, ont, avec l'onction d'Éric Ciotti, voté contre Ursula von der Leyen dans le processus de désignation du candidat du PPE. Si la présidente de la Commission a obtenu 400 voix sur les 489 exprimées, sa position est nettement fragilisée par ces 89 « non », un chiffre qui va bien au-delà des 23 délégués LR français. Par ailleurs, des centaines de délégués se sont abstenus ou n'ont pas pris part au vote : ce sont près de 20 % des votes exprimés et plus de 50 % des délégués qui ne la soutiennent pas, comme le relève Le Figaro. Plus qu’une fragilisation, un camouflet.

Du côté de M. Bellamy, on ne peut que se réjouir de cette position qui montre que sa croisade anti-von der Leyen est soutenue en dehors de l’Hexagone : « Le résultat du congrès du PPE montre que notre ligne a été largement partagée », jubilait François-Xavier Bellamy, sur X.

Faut-il y voir les prémices d’une fracturation plus profonde du groupe PPE, avec une tendance vraiment conservatrice ? On se prendrait même à rêver à la constitution d’une union des droites rassemblant les trois groupes de droite distincts où siégeront les députés LR, Reconquête et RN pour mettre fin à cette cogestion qui, comme le « en même temps », penche toujours plus à gauche qu’à droite. En tout cas, Ursula von der Leyen est devenue un boulet pour le PPE, et s'il perd sa première place, ce sera en partie à cause d'elle. Peut-être que cela les aiderait à se souvenir de leurs électeurs et de leur ancrage à droite...

Mais la fragilisation de la présidente sortante due à sa droitisation forcée, le temps d’une campagne, a aussi donné des ailes au camp centriste, incarné à la Commission par le Français Thierry Breton. Celui-ci n’a pas hésité, non plus, à bousculer les usages policés de Bruxelles pour montrer ses dents : le commissaire français au Marché intérieur s’est moqué des résultats de sa présidente et a émis des doutes sur sa légitimité pour un second mandat : « Malgré ses qualités, Ursula von der Leyen est mise en minorité par son propre parti. La vraie question, désormais : est-il possible de (re)confier la gestion de l’Europe au PPE pour cinq ans de plus, soit vingt-cinq ans d’affilée ? Le PPE lui-même ne semble pas croire en sa candidate. » Ambiance.

Macroniste convaincu, Thierry Breton se verrait bien calife à la place du calife. Il a été recadré par les porte-parole de la Commission : « Le secrétaire général [de la Commission] va envoyer un rappel à tous les commissaires sur les directives qui ont été définies pour la période de campagne électorale qu’ils doivent respecter », a déclaré la porte-parole, Veerle Nuyts, ajoutant : « Nous demandons aux commissaires de faire preuve de discernement dans l’application de ces règles. »

Une chose est sûre : les grandes manœuvres pour le partage des postes après l’élection ont déjà commencé. Mais M. Breton a peu de chances car le groupe Renew dans lequel siégeront les députés macronistes risque de subir une réelle érosion. Une bonne raison de plus de voter le 9 juin.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

46 commentaires

  1. Cette europe, je n’en veux pas et je n’en ai JAMAIS voulue. « ils » ont fait comme « ils » ont voulu et n’ont JAMAIS respecté notre Vote donc…. Je voterai Zemmour…. Car le RN change trop souvent d’avis et ne parlons pas des LR !!!!
    FREXIT ou RIEN

    • C’est ce que j’aurais envie de voter moi aussi, mais je voudrais faire plus de 5 %, alors je voterai RN.

    • Sauf que Reconquête non plus ne prône pas le Frexit, cf. le discours de Marion cet après-midi. Les deux seuls partis de droite à le prôner à l’heure actuelle sont Les Patriotes, Florian Philippot et l’UPR, François Asselinau. La question est donc, faut-t’il espérer un changement par l’intérieur avec une augmentation des voix de droite chez nous et dans les autres pays européens OU démolir vraiment cet organisme vermoulu et entièrement toxique pour la survie des nos nations européennes. Tout comme vous je suis sur la ligne directe du Frexit. J’attends l’entrée en campagne des partis cités ci-dessus pour conforter mes intentions de vote.

  2. C’est la première fois depuis bien longtemps que LR fait preuve de conviction ! Pourvu que ça dure !

  3. LR ,parti rayé de la carte de France par Hayer-Attal. Aux européennes ,il n’y a pas de second tour ,ils ne peuvent donc pas espérer quelques petits ralliements «désintéressés» alors ,ils les ont zappés totalement et les ont relégués dans les cold case. Même pas une petite allusion, rien du tout.

  4. UNR UDR RPR UMP Lr sont imbattables en matière de trahison! La liste de leurs forfaits est cruellement longue. Un florilège histoire de rire jaune…

  5. La cuisine politique habituel mais au niveau du millefeuille européen. En somme on cherche à nous habituer à cette tambouille et nous européanisé dans le choix des partis. Non merci, pas un pour rattraper l’autre, sortons de cette organisation, de cette tour de Babel et retrouvons notre Souveraineté. Vive le FREXIT!

  6. Vivement que cette U.E. voulue comme un Empire, leur Empire, sous la tutelle des U.S.A. au temps de Jean Monnet, vole en éclat. Que cette Commission U E ne soit plus au dessus des Parlements, pour outre passer ses Droits, en dehors des responsabilités de Constitution comme l’a fait Mme Von Der Leyen pour les cdes d’ARN, etc…Mais un Secrétariat Général des Parlementaires., avec des Nations conservant des Souverainetés Régaliennes, Pour les Etats Unions, de vieilles Nations Historiques qui ne sont pas les USA jeune Pays Empire déjà en déclin. Même s’il peut y avoir extension conservant identité, et 3 % de leur PIB à s’armer sous directives de Bruxelles. La France conservant sa Dissuasion Nucléaire. L’U.E. n’a pas empêché la Guerre, les Nations se feront respecter. L’Ukraine doit rester (partagée) entre U.E. et Russie.

  7. Panier de crabes, magouilles, vols à l’arraché et perversité renforcée sont quelques-uns des termes qui peuvent caractériser cette commission et celle qui est à sa tête. Rappelons tout de même que madame Merkel a fait un entrisme violent et peu démocratique pour placer là UVDL parce qu’elle n’en voulait plus comme ministre de la Défense. Résultat, par sa nullité, agressive, perverse et malhonnête, elle a dévalorisé l’UE et abaissé les nations européennes au rang de valets économiquement en voie de sous-développement, préparant même un coup d’état fédératif illégal . Et c’est un tel personnage malsain que les élus européens voudraient remettre en celle, un vrai suicide d’imbéciles abâtardis.

  8. Allez une très grosse claque à ces malfaisant votez le 9 juin pour enfin leurs donner une bonne lecon

  9. Et au lieu de clamer haut et fort : « je vais crier très fort » s’il se présentait ? que les députés de la pseudo droite se rassurent: en juin, ils y en a beaucoup qui risquent de ne pas retrouver leur siège…… sauf s’ils ont un peu de courage!

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