François de Rugy quitte la vie politique : signe des temps ?

François de Rugy

Il est des nouvelles qui, en politique, font l'effet d'un coup de tonnerre : de Gaulle se retirant à Colombey, par exemple, après l'échec du référendum de 1969, ou, dans une moindre mesure, Jospin se retirant des affaires en 2002, après sa défaite au soir du 21 avril, face à Jean-Marie Le Pen. On apprend, aujourd'hui, que c'est François de Rugy qui annonce son retrait de la vie politique. Signe des temps ? On n'est pas vraiment sur le même portage...

Vous ne vous souvenez peut-être pas de l'ancien ministre de la Transition écologique. Ce ne serait pas surprenant. Si je vous parle de homards, peut-être ? Ah, ça revient. Le ministre avait, en effet, dû démissionner après sa mise en cause par Mediapart. Le journal d'Edwy Plenel avait révélé que François de Rugy, lorsqu'il présidait aux destinées de l'Assemblée nationale (de juin 2017 à septembre 2018), avait organisé de fastueux dîners avec des fonds publics. Homards, champagne et autres produits de grand style se succédaient apparemment à la table de l'hôtel de Lassay. Sa femme Séverine, quant à elle, avait acquis un sèche-cheveux doré. Tombé sur un coup facile, dans un pays profondément envieux, qui n'aime ni les puissants ni les passe-droits, François de Rugy, écolo historique et caution verte de Macron, avait tenté une sortie un peu lamentable en prétextant qu'il était allergique aux fruits de mer. Bien essayé.

Voilà qu'après une vingtaine d'années consacrées à divers mandats électifs ou non, il souhaite s'investir dans la vie économique. Ou dans un think tank, il n'est pas sûr. Il verra bien. L'essentiel ne réside pas, quoi qu'il en soit, dans ses projets professionnels. En effet, au moment de raccrocher les gants, François de Rugy tire surtout plusieurs leçons de sa vie politique : d'abord, il regrette le règne de la suspicion vis-à-vis des élus. Il a peut-être raison, car la haine contre les représentants du peuple, bien qu'elle soit, on l'a dit, une constante du pays des sans-culottes, n'est jamais bon signe pour qui croit en la démocratie. On pourra toutefois lui objecter que le fait de se taper la cloche aux frais du contribuable ne contribue pas à rétablir la confiance.

Il considère également que cette suspicion incite le pouvoir à ne faire que de la com' ou de la démagogie. Sages considérations. Il est un peu tard, cependant, pour s'apercevoir, après coup, que le gouvernement Potemkine de Macron, système du coup d'éclat permanent, n'a su ou voulu que brasser du vent. C'est une énergie renouvelable, certes, mais dont les bénéfices, énergétiques comme politiques, relèvent davantage du symbole que d'autres chose.

Le départ de François de Rugy aurait pu être accueilli dans une bienveillante indifférence, mais il prend aujourd'hui une dimension symbolique inattendue : la politique est devenue un métier comme un autre, étape dans le parcours des ambitieux du nouveau monde. Une charge jetable, comme elle le fut pour Brune Poirson, éphémère députée de Vaucluse, qui jeta l'éponge en cours de mandat parce qu'elle en avait marre. Rugy essaie de montrer qu'il a la sagesse de ne pas faire carrière. Aurait-il eu la même sobriété sans l'affaire des homards ? On en doute. Bon vent à lui !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

50 commentaires

  1. Je ne pense pas que nous soyons aussi bassement envieux que vous le dîtes, Mais beaucoup d’entre nous qui au 15 du mois sommes déjà dans le rouge qui font des prodiges pour nourrir sa famille aller au boulot lorsqu’il en à un etc. apprennent que certains politiques se gavent aux frais de la princesse, voyage gratis, se paye le superflu, avec nos impôts soient en en colère, surtout lors qu’on connait le montant de leurs émoluments. Qu’ils payent avec leur deniers. factures à l’appuie.

  2. Il a peut-être compris qu’un « Gambetta » du 21ème Siècle viendrait renverser le « MACMACRON » et que les Homards ne seront plus livrés par les Citoyens Français à ces Oligarques prétentieux. Qui sera le nouveau Gambetta ? Zemmour peut-être, à moins que ce ne soit une Jeanne d’Arc façon M LE PEN. Chiche.

  3. Personnellement, j’aurais honte de me goinfrer de mets délicats sur le dos de quelqu’un d’autre.
    Et lorsque le quelqu’un d’autre est le contribuable, ça devient inqualifiable.
    Cela dit, je crois bien qu' »ils » en sont à peu près tous là.

  4. Signe des temps ? Ou d’une nouvelle génération qui n’a ni constance, ni convictions, ni sens de l’engagement.
    La génération de l’immédiateté, qui sait tout, et veut tout  » en même temps » sans attendre.
    La génération du  » jetable « … où faire carrière, gagner de l’expérience, ne veut plus rien dire….

  5. Certes, l’échec de De Gaulle au referendum de 1969 ne doit rien à aucune « allergie » autre qu’à celle que lui-même inspira alors….à Mitterrand notamment!!
    On eût préféré qu’il échouât à celui d’octobre 1962, qu’il gagna à seulement 62%, qui nous fera voter dans qq jours comme l’installa LN Bonaparte en 1848….ce que 90% des citoyens ignorent superbement.. Ténors et Divas des Médias itou !

  6. Ne nous acharnons pas : ce n’était pas le pire. Et rêvons que Royal, Hollande, Moscovici, Lang, Valls, Taubira, Hidalgo, Mélenchon, Pécresse , Philippe, Darmanin, Dupont-Maseratti, Le Drian, Castex, Véran et les maires verts fassent de même. Mais ça n’arrivera pas : vous voyez bien que ce n’était pas le pire !

  7. Au fait qu’a-t-il fait de bien et de concret pour son pays et ses habitants ? Rien, vraiment rien et définitivement rien. Il s’est tout simplement engraissé sur le dos de ses compatriotes.

  8. Les adeptes du Dieu Eole quittent leur grand prêtre Macron parce que trop de vent insupporte et fini par agacer. Néanmoins d’autres n’ont rien compris et foncent vers la gamelle. L’intérêt général devrait primer sur le particulier, or là c’est tout le contraire on déifie un amateur de théâtre de collège qui paye bien. Tout n’a qu’un temps. Apres il faudra rendre des comptes.

    • malheureusement ils truquent les comptes comme les cabinets conseils qu’ils emploient et accusent ensuite après avoir touché les commissions occultes

  9. Vu sa filiation politique directe avec un ancien maire de Nantes qui fut aussi un éphémère 1er ministre , insipide, les cabinets de réflexion nantais sauront l’accueillir avant qu’il remplace l’actuelle maire de la dite ville et plus un certain nombre de sinécures locales ou nationales lui permettront de survivre.

  10. C’est très bien. Ainsi il aura le temps pour faire de bons repas ..mais dommage pour lui il devra payer la note ……

  11. On va faire des économies, tous les virer et qu ils redeviennent nos employés et non l’inverse , et qu’ils soient responsables comme des chefs d entreprises caution solidaires des résultats de leur politique,au fiscal comme au pénal

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