Faut-il envoyer les migrants chez les riches (méthode américaine) ou chez les pauvres (méthode française) ?

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Aux USA, la bourgeoisie de gauche est tellement altruiste que, tenant l’immigration pour un trésor, elle entend avant tout en faire profiter les autres. C’est beau. Encore plus belle, l’initiative de Ron DeSantis, gouverneur républicain de Floride, qui a envoyé une cinquantaine de migrants vénézuéliens par avion dans la très select villégiature de l’île de Martha’s Vineyard, là où des familles aussi modestes que les Kennedy, les Clinton et les Obama prennent traditionnellement leurs quartiers d’été. Et Christina Pushaw, l’une des proches du trublion, de tweeter : « Les migrants illégaux rendront la ville plus diversifiée, ce qui est une force, non ? »

À propos de ces gens, les « radicaux chics », l’écrivain américain Tom Wolfe écrivait déjà, en 1970, dans un article du New York Magazine demeuré célèbre : « Le chic gauchiste favorise dans la gauche ce qui paraît primitif, exotique et pittoresque. […] Les Latino-Américains ; les Panthers avec leurs blousons de cuir, leurs coiffures afro, leurs lunettes de soleil et leurs fusillades. Au début, du moins, ces groupes avaient un trait commun qui les rendait particulièrement acceptables : leurs quartiers généraux se tenaient à près de cinq mille kilomètres de l’East Side de Manhattan. On ne risquait pas trop… de marcher dessus, en somme. »

Tout était dit. D’où, la réponse, plus d'un demi-siècle plus tard, des nouveaux « radicaux chics » de Martha’s Vineyard, cités par Challenges, ce 16 septembre : « L’île n’est pas équipée pour fournir un hébergement durable et les responsables de l’État ont mis au point un plan pour une réponse humanitaire complète. » Tiens donc. Dans des villas dont la plus modeste doit au moins compter trente pièces, il n’y aurait donc pas moyen de se tasser un tout petit peu, pour une toute petite cinquantaine d’immigrés vénézuéliens ? La preuve que non, le gouverneur du Massachusetts ayant annoncé que les intrus seraient renvoyés en bus dans une proche base militaire ; pas celle de Guantánamo, espérons.

Il est vrai qu’il y a urgence humanitaire : un autre gouverneur républicain, Greg Abbott, celui du Texas, a envoyé deux autres bus emplis d’immigrés devant la résidence de la vice-présidente Kamala Harris – autre amoureuse de la diversité heureuse –, sise dans les quartiers les plus chics de Washington. D’où le grand émoi de la Maison-Blanche qui dénonce une « mise en scène cruelle », s’agissant « d’enfants » et de « mamans », utilisés comme des « pions politiques » et traités « comme du bétail ». Un « bétail » qui n’a pourtant pas fait long feu à Martha’s Vineyard, ironise Ron DeSantis. « Ils ont dit : "nous voulons tout le monde, personne n’est illégal" et les migrants sont partis en 48 heures. »

En cette France toujours à la traîne des modes américaines, Emmanuel Macron (TF1, 17 septembre) a lui aussi traité le problème, de la même façon, mais en sens contraire. Ce jeudi 15 septembre, le Président expliquait : « Notre politique consiste à mettre des femmes et des hommes qui arrivent, qui sont dans la plus grande misère, dans les quartiers les plus pauvres ? […] Les conditions de leur accueil seront bien meilleures dans les espaces ruraux, qui sont en train de perdre de la population. » Rappelons que ces derniers sont encore plus déshérités que ces fameux « quartiers populaires » sur lesquels l’argent public est déversé par millions d’euros depuis des décennies. Et qu’y feront les nouveaux arrivants ? Acheter des champs avec de l’argent qu’ils n’ont pas pour devenir paysans, profession dans laquelle le suicide est quasi quotidien ?

Bref, la proposition est encore loin de faire l’unanimité. Pour Éric Ciotti, candidat à la présidence des LR, « vouloir déplacer les problèmes liés à l’immigration vers les zones rurales est une hérésie et une lâcheté ». Bruno Retailleau, son challenger chez LR, attaque : « Dans le monde merveilleux d’Emmanuel Macron, l’immigration n’est jamais un problème, il faut que tous les territoires puissent en profiter. » Plus radicale, Marine Le Pen résume : « Incapable d’appliquer la loi, Emmanuel Macron veut la changer. » Et la même de souhaiter que les « étrangers en France repartent chez eux ». Encore plus taquin, Damien Rieu, de Reconquête, lance une idée : « Les grands propriétaires et millionnaires qui soutiendront une politique de répartition du 93 dans nos campagnes devront montrer l’exemple en ouvrant leur porte aux clandestins. Dans le cas contraire, la jurisprudence Martha’s Vineyard-DeSantis sera appliquée. » Ça se discute…

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Les renvoyer par où ils sont venus. Étant plus radical qu’ Éric Zemmour, si je dis le fond de ma pensée, généralement mes commentaires ne passent pas la modération. Nous vivons le grand remplacement, il faut mettre en place un remigrement complet de tous ceux qui sont entrés. Pour ceux qui insistent et reviennent, faire en sorte qu’ils ne puissent plus revenir, lisez entre les lignes.

  2. Il y a encore de la place au Touquet, surtout en cette saison, ou les villas (HLM) sont desertées (et puis ce n’est pas loin de l’angleterre, )

  3. Il faut les renvoyer ni chez les riches ni chez les pauvres mais chez eux c’est à dire chez les pauvres qui peuvent devenir riches puisque ces migrants sont une richesse

  4. J’espère que le projet à Callac ne va pas se réaliser, sinon, il va être passionnant de suivre la progression du désastre !

  5. Après un petit boulot et une demande Assedic, ils pourront demander les aides du fonds social de cet organisme. Je ne doute pas qu’ils recevront d’excellents conseils sur ces sujets.

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