Le 14 mai dernier, Payton S. Gendron, 18 ans, tuait dix personnes dans un supermarché de Buffalo, dans l’État de New York. Dix jours plus tard, le 24 mai, Salvador Ramos, 18 ans également, déclenchait une fusillade dans une école élémentaire d’Ulvade, au Texas, tuant 19 enfants et deux enseignantes. Après le choc, l’heure est venue d’envisager des solutions et donc des réformes. Comme à chaque tuerie de ce type, le sujet d’une plus stricte régulation du port ­– légal - d’armes à feu est revenu au cœur de l’actualité.

On sait qu’outre-Atlantique, le port d’arme est un sujet clivant entre progressistes et conservateurs. Ces derniers ne faisant que revendiquer leur droit à se défendre, comme spécifié par le deuxième amendement de la Constitution américaine. Les pro-réforme souhaitent, quant à eux, un encadrement plus strict, en renforçant notamment les contrôles d’antécédents des acheteurs.

Au niveau fédéral, et après avoir entendu des parents de victimes du Texas, la Chambre des représentants signait, ce mercredi 8 juin, à 223 voix contre 204, un texte de projet de loi restreignant l’accès aux armes, via l’âge ou encore les conditions de stockage résidentiel. À en croire le New York Times, le texte n’a toutefois aucune chance d’aboutir, devant encore passer devant le Sénat, où la majorité requise de 60 voix pour valider le vote affrontera un mur républicain. Le sénateur du Texas, John Cornyn, a averti qu'il y avait « des points de blocage partout ».

En revanche, du côté des États, la donne pourrait être différente. Le très démocrate État de New York, à l’avant-garde sur ce sujet, s’apprête à passer un package de lois restrictives. Dans la proposition, on retrouve, entre autres, l’élargissement de la loi Red Flag (ou loi sur les « signaux d’alerte »), « autorisant la saisie d’armes à feu à des personnes présentant un risque pour elles-mêmes ou pour autrui ». Celle-ci devrait être élargie aux signalements donnés par les professionnels de santé.

A contrario, il est intéressant de regarder les mesures prises par les États républicains, traditionnellement attachés à la liberté du port d’armes. En Floride, suite à la fusillade d’Ulvade, le gouverneur Ron DeSantis a, lui, tout de suite privilégié le renforcement de la sécurité des enfants au sein des écoles, dans la continuité de son mandat.

Mardi 7 juin, il signait en effet le projet de loi HB 1421, proposant un panel de nouvelles mesures visant à renforcer la loi de 2018, promulguée en réponse à la fusillade du lycée de Parkland, en Floride, par un ancien élève de l’établissement et faisant 17 morts. Parmi ces mesures, on trouve une formation renforcée des agents de sécurité en milieu scolaire à l’égard des situations de crise. Ces derniers pourront désormais procéder eux-mêmes à des arrestations dans les écoles. De même, le personnel scolaire devra à 80 % être formé sur les sujets de troubles de santé mentale pour une meilleure détection des sujets à risque.

Dans ce sens, le communiqué de presse précisait que seront alloués des budgets record pour la santé mentale (140 millions de dollars) et la sécurité scolaire (210 millions de dollars). « Tous les enfants ont besoin d'un environnement d'apprentissage sûr et sécurisé », expliquait le gouverneur républicain.

Les mesures semblent populaires parmi son électorat. Le journal local Florida Politics relaie les témoignages encourageants de parents de victimes du massacre de Parkland. Ryan Petty, qui y a perdu sa fille, « qualifie l’action de DeSantis de “grand bond en avant” ». Tony Montalto, ayant également perdu sa fille en 2018, et président de l’association Stand with Parkland, a qualifié la législation de « prochaine étape importante pour fournir aux étudiants et aux parents les garanties dont ils ont besoin ». Pour lui, « l’État de Floride continuera à faire tout son possible pour s'assurer que nos écoles répondent aux normes de sécurité les plus élevées et que sont traités les problèmes de santé mentale des élèves associés à la violence ».

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12 juin 2022 à 10:45

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11 commentaires

  1. Ces tentatives de restrictions sur les armes concerne aussi les fabricants et livreurs d’armes aux pays en paix comme en guerre ? Car c’est gentil de verser une petite larme comme le fameux Biden, mais en même temps, comme dirait son copain, livrer des armes plus que lourdes en Ukraine, Arabie, Union europénne, et un peu partout dans le monde, ce n’est pas très logique.

  2. Enfin nous,pour lutter contre le terrorisme on a pas d’autorisation d’armes de 4ème catégorie mais nous avons quand même des bougies des nounours des fleurs et nous ne manquons pas de nous en servir. C’est qu’on rigole pas chez nous.

  3. La régulation voire l’interdiction de détention d’armes de 4ème catégorie et d’armes de guerre en France n’a pas empêché le massacre terroriste au Bataclan.

  4. Tout ça est ridicule. Les armes sont-elles autorisées en France ? Non ! Et pourtant dans les quartiers Nord de Marseille il est courant d’entendre des tirs de Kalach’… Avec quoi les attentats du Bataclan ont ils été perpétrés ? Une interdiction ne servira à rien, s’il n’y a pas, en amont, une volonté politique. Mais faire des descentes surprises dans les caves de certaines cités est considéré comme une « provocation »… Alors on laisse faire et on organise des « marches blanches ».

    1. Notez qu’il circule au Mexique et au Brésil autant d’armes qu’aux USA, et que personne n’y mitraille des lycéens. Le problème est purement culturel.

  5. Si on régule comme en France ce seront essentiellement les racailles et les voyous qui se procureront et posséderont des armes en toute impunité …. La Suisse et la Finlande comptent proportionnellement plus d’armes que les Etats Unis avec une criminalité moindre. Et Biden devenu muet ? En France le port d’arme est réglementé et pourtant la criminalité explose. Il est vrai avec beaucoup de meurtres à coup de couteau et d’égorgements : il faudra donc aussi interdire la vente libre de couteaux ?

  6. N’oublions pas que la Californie a les lois les plus anti armes et pourtant c’est celui qui a le plus de tueries de masse. ??

  7. Et en France face aux égorgements au couteau, on interdit la vente de couteaux ? Et comment faire pour faire un suivi de la santé mentale de ceux qui « jouent » avec ces couteaux qui risqueraient fort d’être qualifié de discriminatoire !

  8. Ils vont donc interdire les semi-automatiques roses ou bleus (ou arc-en-ciel pour les non-genrés) accessibles aux bambins dès la maternelle ? mais c’est monstrueux !
    Je serai curieux de connaître les réactions des intégristes du port d’armes quand c’est l’un des leurs qui fait les frais d’une fusillade.

  9. Le wokisme , par essence, favorise la possession d’armes à feu. Des maires, des procureurs, par leurs politiques de gauche wokiste ont instaurés le zéro condamnation pour les vols et cambriolages arguant qu’il s’agissait d’ un révélateur des inégalités sociales et raciales. Des coupes sévères ont également eu lieu dans les budgets policiers. Bilan, des pillages en règle de magasins, des cambriolages de particuliers et agressions en hausse explosive. Conséquences : les américains s’arment.

  10. Et la régulation du protestantisme anglo-saxon, c’est pour quand?

    (elle passera pas. Bisous les modos!)

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