Derrière tout ce qui se passe aujourd’hui, c’est la silhouette du général de Gaulle qui se profile sur fond de foupamalisme américain…

Les années d’après la Seconde Guerre mondiale ont été, comme on le sait, monopolisées par la menace soviétique bien réelle. Dans la foulée du dernier conflit naissait l’OTAN en 1949, immédiatement suivie par la création du pacte de Varsovie en 1955. Dès lors, le grand méchant loup soviétique, redouté par tous les pays libres, allait être heureusement et efficacement contré par Washington et ses alliés. Une première fois lors de la crise de Berlin, en 1948, et une deuxième fois lors de l’affaire des missiles à Cuba, en 1962.

On connaît la suite. En février 1966, la France du général de Gaulle quitte le commandement intégré de l’OTAN, tout en réitérant la solidité de sa fidélité avec les États-Unis jusqu’alors considérés comme les grands prêtres garants de la liberté à l’occidentale.

La guerre froide fige les alliances jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989 et la dissolution du pacte de Varsovie en 1991 car la Russie communiste n’existe plus. Victoire totale du Coca-Cola sur la vodka… L’OTAN, elle, ne désarme pas. Malgré quelques critiques, çà et là, la France reste dans l’organisation. Nicolas Sarkozy, en 2007, décide même de rejoindre à nouveau le commandement intégré de l’organisation. Et pour justifier sa nouvelle mission, on érige vite la nouvelle Russie comme ennemie potentielle des États-Unis, toujours alliés « indéfectibles » de la France. On passera ici sur les désastres consommés des interventions en Irak, en Syrie et en Afghanistan.

La récente affaire des sous-marins français torpillés par les Américains (Joe Biden a reconnu les torts des États-Unis dans son entretien avec Emmanuel Macron) a mis au jour la duplicité de Washington et le peu d’estime que les dirigeants américains ont pour leurs « alliés français ». Même si on sait qu’en matière diplomatique et de stratégie internationale, les grands pays n’ont pas d’alliés mais juste des intérêts, ce qui vient de se passer est bien fort de café. Cette affaire pourrait être salutaire pour la France si elle lui ouvrait les yeux sur la réalité des choses à l’international. Et, surtout, si nous nous remettions à l’esprit le fameux discours du général de Gaulle à Strasbourg, en 1959. Désireux de créer une porte de sortie à la crise Est-Ouest et de réunifier les pays européens en évoquant une Europe qui irait de l’Atlantique à l’Oural, intégrant de facto la Russie, le général envisageait déjà, au-delà des idéologies, une alliance géographique naturelle.

Ce moment n’est il pas venu ? Les deux blocs Est-Ouest n’existent plus et on voit mal la France suivre aveuglément les États-Unis dans leur affrontement avec les Chinois pour la domination du monde. Même s'il est aujourd’hui utopique de penser qu’une nouvelle Europe pourrait se bâtir demain en incluant la Russie, la France pourrait déjà emprunter de nouvelles voies diplomatiques plus fluides et entretenir avec Moscou un dialogue d’où seraient absents ces désirs de donneurs de leçons démocratiques dont on a vu les limites en Afghanistan. La Russie est un grand pays qui doit être géré à la russe en tenant compte de son histoire et de son âme.

La France vient d’être humiliée par les Anglo-Saxons qui n’ont jamais été et qui ne seront jamais nos amis de cœur. Au lieu « d’aller à Canossa » et de se coucher devant Biden, Macron devrait peut être lever les yeux vers l’Oural…

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27 septembre 2021 à 21:27

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