Et revoici la grande scène de l’exemplarité !

théâtre

La reine d'Angleterre, sans doute une des toutes premières fortunes du monde, se résigna un jour à céder son yacht pour montrer à son peuple combien elle partageait sa douloureuse situation économique. Son train de vie en fut-il affecté pour autant ? Difficile de le jurer !

Quand des choix personnels paraissent contraires à ceux qu'auraient faits tout un chacun, il convient de s'interroger sur les réelles motivations qui les inspirent. Quand, en pleine crise sociale qui agite la France, Macron décide de renoncer à sa retraite de Président et qu'il le fait savoir, on est autorisé à se poser au moins quatre questions essentielles.

Premièrement, est-il vraiment raisonnable de vouloir délibérément se priver de ce qui, pour une large partie de nos concitoyens, représenterait la garantie d'une fin de vie confortable, voire somptueuse ?

Deuxièmement, la communication établie à partir de cette décision ne serait-elle pas dictée par une arrière-pensée politique malsaine, voire déloyale ?

Troisièmement, ce choix personnel n'est-il pas facilité par une situation financière individuelle hors de tout sens commun face à la plus grande part des Français ?

Quatrièmement, est-il décent de faire publiquement état de ce choix quand tant de citoyens sont inquiets sur l'évolution du niveau futur de leur propre retraite ?

En réalité, si Emmanuel Macron renonce à percevoir ce modique « cachet » de 75.000 euros par an, c'est de toute évidence parce qu'il n'en aura pas besoin. D'ailleurs, ne doutons pas une seconde qu'une fois délesté de sa fonction actuelle, dans deux ans, voire dans sept ans, il se destinera à des activités qui lui rapporteront bien davantage que ces émoluments d'élu. En revanche, n'oublions jamais que la période où il aura exercé ses mandats électifs lui aura servi, par ailleurs, à sa lucrative reconversion.

Nous voilà, si nécessaire, rassurés sur le bien-être des vieux jours de ce jeune Président.

Il paraît, en revanche, infiniment inconvenant de faire de cette affaire une démarche glorieuse, même si celle-ci soulage un peu le budget de l'État dont on sait, par ailleurs, que la situation calamiteuse dans laquelle il se trouve doit autant à ce chef président qu'à chacun de ses prédécesseurs.

La communication agressive de M. Macron semble, encore une fois, lestée du poids de son amateurisme et de ses maladresses répétitives. Cette fois encore, parions qu'elle ne soit contre-productive et que sa prétendue exemplarité ne convaincra que les affidés habituels.

Nous voyons bien paraître sous cette posture qui se voudrait empreinte de solidarité et d'exemplarité juste un geste de condescendance humiliant. Il semble dire aux gens, je fais un pas, à vous d'en faire un autre. En la circonstance, il semble oublier que son sort n'a rien de ressemblant à celui de « ceux qui ne sont rien », les « fainéants », les « cyniques », les « illettrés » pour lesquels la moindre amputation financière peut être fatale.

Au fond, ce nouvel épisode se profile comme la confirmation que cet homme n'a pas changé d'un iota. Sa morgue est la même, son arrogance n'a pas diminué, et surtout, si sous l'effet de ses difficultés récentes ses harangues se sont infléchies, ses objectifs demeurent les mêmes, toujours portés aux faveurs de classes, celles qui l'ont porté au pouvoir et dont l'intérêt est opposés de celui du peuple de France.

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Jean-Jacques Fifre
Retraité - Ancien directeur administratif et financier dans le privé

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