Erik Tegnér est sous le coup d'une procédure d'exclusion de son parti, les LR, à l’initiative du secrétaire général Aurélien Pradié.

Au micro de Boulevard Voltaire, il exprime sa loyauté et sa volonté de garder sa « liberté de parole », dans ce parti où il compte « de nombreux soutiens ».


Une commission va se mettre en place pour décider ou non de votre exclusion du parti Les Républicains. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?

J’ai été abasourdi, étonné et surpris. J’ai beau prôner un dialogue avec le Rassemblement national et surtout l’émergence de quelque chose de nouveau et de différent, cela fait sept ans que je suis dans ce parti. Je n’ai jamais eu de poste, je suis un simple militant, je tracte, colle des affiches et j’ai toujours soutenu les candidats LR. En revanche, je n’ai jamais soutenu des candidats d’en face ou d’autres partis politiques. Je trouve que c’est un faux procès et une vaste blague. J’avais l’impression d’être sous le Mac Carthisme des années 50 aux États-Unis.
On commence néanmoins à voir que c’est une procédure assez isolée qui vient du secrétaire général, Aurélien Pradié et absolument pas de Christian Jacob que je ne me permettrais pas de critiquer. Je suis extrêmement touché par le nombre de soutiens, notamment de Julien Aubert et de Guillaume Larrivé. Tout cela me rassure.
J’ai eu également des appels de gens de la direction au bureau politique. Ces derniers trouvent que c’est aberrant. Si on commence à renvoyer les simples militants qui ont des positions certes différentes de la direction, mais qui en même temps restent fidèles et loyaux à leur parti politique, alors on finira dans une cabine téléphonique. Dans ce cas-là, il faudrait commencer par exclure ceux qui prônent une alliance avec la République En Marche et avec Emmanuel Macron.


Vous avez cité le nom d’Aurélien Pradié, est-ce ce que c’est ce que vous représentez ou est-ce purement personnel ?

J’aimerais bien lui demander. Je trouve cela assez surprenant. Quand je parle aux gens, je leur dis toujours que je suis très confiant. J’ai souvent vanté le fait que chez les LR, nous avons une vraie liberté de parole qui me plaît beaucoup et qu’il n’y a pas dans d’autres partis politiques. C’est pour cette raison que je suis attaché à ce parti. Le fait que le nouveau secrétaire général décide de faire cela en début d’élection municipale est semble-t-il révélateur de quelque chose, mais je ne sais pas de quoi. Il faudrait lui demander.


Cette décision intervient alors que vous aviez critiqué le Rassemblement national. À la radio, vous aviez critiqué sa volonté de se rallier aux grévistes du 5 décembre. Cet agenda tombe très bien pour vous.

Je ne vois pas les choses par rapport à un agenda. J’étais scandalisé de voir que Marine Le Pen appelait des cadres RN à se joindre aux islamo gauchistes, aux CGTistes du 5 décembre. La réalité c’est que cette manifestation est initiée non par un mouvement populaire, mais par la CGT et par FO. Il y a deux semaines, ces derniers défilaient avec les islamistes de la marche pour la honte. Je l’ai évidemment condamnée. J’ai beau prôner une alliance avec d’autres partis politiques, cela ne m’empêche pas du tout de critiquer Marine Le Pen. Je le fais assez régulièrement, notamment sur les questions économiques. Si je reste chez LR, c’est justement parce que je n’ai pas la même sensibilité. Cela ne m’empêche pas de dialoguer avec des gens comme Robert Ménard ou comme Nicolas Bay qui ont du courage, de bonnes convictions et de bonnes idées. Je suis indépendant, je ne dépends de personne. Je n’ai pas à dicter ce que je vais dire par rapport à un quelconque agenda. Quand il faut critiquer Marine Le Pen au Rassemblement national, je le fais. Quand il faut critiquer les positions de certains chez Les Républicains, je n’y manque pas. On ne pourra jamais me le reprocher.

 

Si vous êtes exclus des Républicains, ne craigniez-vous pas de devenir très isolé ?

Je ne comprends pas vraiment la question. On n’est pas en mode « on fait monter sa côte et on se vend ailleurs ». On m’avait déjà proposé des choses au Rassemblement national, j’avais fermé la porte. Je défends mes convictions. Quand je prône la fin des clivages partisans à droite, c’est parce que je considère qu’il faut arrêter de s’emprisonner dans les partis. Je ne vais quand même pas dicter ce que je vais faire par rapport aux partis politiques. Je reste très confiant.
Honnêtement, je pense qu’il n’y a aucune possibilité de m’exclure. En dernier ressort, c’est la fédération de Paris qui décide de cette exclusion. Aujourd’hui, je soutiens Rachida Dati. Je ne soutiens pas la liste d’union de Serge Federbusch pour lequel j’ai beaucoup d’admiration, mais je pense qu’il faut faire un rempart de droite à Anne Hidalgo. Rachida Dati est la mieux placée et c’est la candidate de mon parti, Les Républicains. Je pense que cette fédération-là ne choisira pas de m’exclure. Je vais venir et défendre mon cas. Si cela ne marche pas, je saisirai la commission.
J’ai commencé la journée assez déprimé et je la termine avec un grand sourire puisque je comprends pourquoi je suis encore dans ce parti. La droite, c’est la liberté d’expression. On ne va donc pas commencer à se transformer en parti stalinien. Cela me motive.
Si le fait que je défende mon parti LR dérange les gens du Rassemblement national, cela ne me fait ni chaud ni froid.

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22 novembre 2019 à 23:02

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