Entre ayatollah Khameini et Nancy Pelosi : Donald Trump plus coincé que jamais…

Nancy Pelosi
Nancy Pelosi

À Washington, le théâtre d’ombres n’en finit plus de jouer à guichets fermés. Le feuilleton d’une possible destitution de Donald Trump continue d’agiter les esprits ; même si, compte tenu des rapports de force, de Chambre des représentants, acquise aux démocrates, en Sénat, majoritairement républicain, cette destitution paraît pour le moment relever du registre de vœux plus ou moins pieux.

Pour nos confrères du Parisien, Nancy Pelosi, présidente démocrate de l’instance plus haut citée, ferait figure de « cauchemar » pour le président en exercice. Ce n’est pas tout à fait faux, quoique la proposition inverse puisse aussi présenter sa part de vrai.

En effet, quel meilleur repoussoir, pour Donald Trump, que l’élue de cette élite, principalement cantonnée dans les mégapoles des côtes de l’Est et de l’Ouest. Soit tout ce dont l’Amérique du milieu, ce si bien nommé Middle West, ne veut plus ? Issue d’une longue lignée de parlementaires appartenant à la bourgeoisie italo-américaine – de confession catholique -, Nancy Pelosi, connue pour être la troisième fortune du Congrès, en 2006, est encore distinguée, un an plus tard et par le magazine Forbes, comme étant la vingt-troisième femme la plus puissante du monde, grimpant ainsi de vingt-deux places en moins de douze mois. Un « cauchemar » rêvé, en quelque sorte.

Mais l’argent n’est pas tout et plus intéressante est la manière dont on l’emploie. Ainsi, Nancy Pelosi, élue d’une circonscription englobant la ville de San Francisco, est à l’avant-garde des luttes sociétales : pour les minorités sexuelles, l’avortement et autres croisades menées par ces milices de la vertu faisant régner, là-bas, une certaine forme d’ordre moral. Pour le reste, elle est de ces rares élus ayant voté contre l’équipée américaine en Irak en 2003, tout en soutenant ensuite le tristement célèbre Patriot Act visant à restreindre encore plus les libertés citoyennes au pays de la liberté. Un viatique qui devrait permettre à Donald Trump de la stigmatiser en tant que « mauvaise Américaine »…

Et c’est là que la situation devient des plus intéressantes. Nancy Pelosi, démocrate se faisant passer pour « pacifiste », ferait témoigner John Bolton, va-t-en-guerre avéré, contre un président en titre auquel serait à la fois reproché aventurisme et attentisme. Tout en voulant obliger ce dernier à plus de retenue vis-à-vis de l’Iran. À courte vue, cette politique de gribouille ne tient guère la route.

En revanche, à plus longue échéance, il devient de plus en plus manifeste que l’ancien magnat du BTP n’en finit plus de se débattre contre une coalition de forces peu ou prou antagonistes, mais dont le seul point commun pourrait bien être son éviction prochaine. Car si les présidents se succèdent, l’État profond demeure, au-delà de la valse des républicains et des démocrates.

Pourtant, Donald Trump n’en finit plus de donner des gages. Reconnaissance de Jérusalem comme capitale historique de l’État hébreu et « dépénalisation » de la politique de colonies de peuplement menée par Tel Aviv. Mais aussi rapprochement diplomatique avec l’Iran tout en déchirant l’accord sur le nucléaire conclu avec Téhéran. Un jour, il déclare la guerre aux Perses pour, ensuite, leur proposer la paix le lendemain.

Bref, comment faire quand, de tous côtés et au sommet de sa propre administration, ce même État profond le somme, quelle que soit la politique qu’il mène, d’en faire l’exact contraire ? Comme quoi l’homme donné pour être « le plus puissant de la planète » ne l’est peut-être finalement pas tant que ça. L’Orient est peut-être compliqué, mais l’Occident, ou tout au moins ceux qui prétendent l’incarner, tout autant.

Pendant ce temps, l’ayatollah Khameini, malgré la tourmente, attend son heure. L’Iran a tout son temps. Les USA, un peu moins.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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