[Émeutes] La police inquiète : combien de poursuites réelles ?

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Près de 500 bâtiments publics incendiés. Plus de 700 interpellations, encore, ce samedi soir. Malgré le déploiement de 45.000 policiers, du RAID, du GIGN et de la BRI, les milliers de racailles ayant déferlé dans les centres-villes et dans les banlieues n’ont pas eu grand-peine à se servir.

L’honneur de la police

« Une nuit de folie comme j’en ai jamais connu, même en 2005 dans le 93. » Franck fait partie des ces policiers expérimentés censés avoir tout vu. Jusqu’à ces émeutes qui ont fait suite à la mort de Nahel. Le policier parle « d’une réelle détermination face à des bandes aux méthodes paramilitaires ». Un véritable changement depuis 2005 ? « La grande différence, c’est que cela ne pète pas à un ou deux endroits précis mais dans toutes les cités en même temps », assure-t-il. Dans le Var, un policier pointe une des différences flagrantes avec une émeute classique : « Quand cela se passe dans une cité précise, il suffit en soi de verrouiller. Là, les bandes se déploient dans les centres-villes », ce qui complexifie les opérations.

Une situation « jamais vue » à laquelle les deux principaux syndicats de police (Alliance et UNSA) ont réagi par un communiqué : « Aujourd’hui, les policiers sont au combat car nous sommes en guerre. Demain, nous serons en résistance et le gouvernement devra en prendre conscience. » En d’autres termes, les forces de police vont serrer les dents jusqu’à la sortie de crise mais demanderont demain des comptes. Le mot est lâché : « guerre ».

D’autant que, sur les nombreuses gardes à vue, les forces de l’ordre craignent une absence quasi systématique de poursuites. « Dans le cadre d’interpellations nocturnes, les faits seront difficilement caractérisés », précise un policier, qui pointe « des gamins de 13-14 ans surreprésentés parmi les interpellés ». Un cas de figure nouveau qui complique encore un peu plus le travail. Face à des enfants au potentiel délinquant équivalent à celui d'un adulte, il n’existe « aucune réponse pénale appropriée », poursuit ce policier.

La police fait front et tient bon, mais pour combien de temps ? Hors de question, en tout cas, de demander des comptes et de faire valoir des revendications maintenant. « On fera notre métier jusqu’au bout », assure Franck, en sortie de nuit blanche. « Tout ce qu’on demande, c’est un peu moins de frilosité en haut et surtout les moyens de mener à bien nos missions. » De fait, la réponse du président de la République imputant la responsabilité des événements aux réseaux sociaux et aux jeux vidéo n’a pas aidé à rassurer les forces de l’ordre.

« Excusez-moi, je ris nerveusement mais je suis fatigué, réagit, interloqué, un officier de police au téléphone. Sans rigoler, il a vraiment dit ça ? » Pour tout le monde, le réveil sera brutal.

La réponse judiciaire au cœur du problème

Le communiqué de presse du Syndicat de la magistrature a largement de quoi interroger. « Ce n’est pas à la Justice de calmer une révolte », a affirmé le syndicat, classé très à gauche. A minima, cette affirmation vient contredire l’affirmation principale des émeutiers : « Pas de justice, pas de paix. » A maxima, c’est un message envoyé à l’Intérieur : la Justice fera défaut. « Certains magistrats mériteraient de finir sur un mur des complices », soupirait Bardella, en conférence de presse, vendredi 30 juin, en référence au mur des cons lancé par ce même syndicat, dix ans auparavant.

Néanmoins, la question est prégnante. Que faire de ces gardés à vue ?

« La garde à vue a une première utilité, rappelle l’avocat Frédéric Pichon, cela permet de mettre hors d’état de nuire des délinquants pendant 24, 48 heures », juge-t-il. Mais est-ce suffisant ? « Les chiffres de GAV sont très faibles par rapport à la gravité des événements », regrette Pichon, qui rappelle « l’utilisation massive des interpellations suite au délit vague d’attroupement en vue de commettre une infraction pendant l’épisode des gilets jaunes. Une méthode pas utilisée depuis le début des émeutes. » Un aveu d’impuissance ?

Concernant la suite des événements, certaines voix appellent de leurs vœux l’état d’urgence, d’autres envoient l’armée. Du côté de la police, on l’affirme : il ne manque que les ordres adéquats pour faire régner l’ordre. Du côté de la Justice, Maître Pichon est formel : « L’application stricto sensu de la loi suffirait. » Comme souvent, la lâcheté prévaut et les barbares dansent. Du côté du gouvernement, soucieux de se concilier le soutien d'une police qui en doute parfois, on essaie de rattraper le ratage initial par la voix de Gérald Darmanin qui a déclaré, samedi soir : « Prochaine personne qui touche à un policier ou un gendarme, qu'il sache qu'il sera retrouvé et, j'espère, sera condamné avec une très grande force. » Suffisant pour apaiser les doutes et la colère des policiers ? Les prochains jours le diront.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Plaignons en 1er tous ces citoyen(ne)s honnêtes en plus qui ont perdus leur véhicule, leur commerce…Certains ne pouvant pas s’en passer, n’étant pas riches, ayant des échéances en cours, avec un besoin indispensable de leur véhicule pour travailler, s’alimenter, se soigner….Et j’ai entendu toutes les démarches qu’ils doivent faire pour être en parti indemnisés, qui vont beaucoup perdre. Parfois d’un véhicule qui n’a une valeur argus du minimum, sans pouvoir en racheter une en si bon état….Ceci alors que lors du Covid Confinement la Macronie avait sorti le chéquier avec le « quoi qu’il en coûte ». Il faut qu’il remette ça Macron, mais le F M I a puni la France, elle a trop dépensée ! Pourtant nous sommes vraiment en Guerre maintenant ! C’est toute l’imposture que j’appréhendais depuis même fin 2016 à entendre Macron…Ces victimes collatérales doivent rejoindre Reconquête et militer quelle que soit leur couleur et religion.

  2. le fait d’avoir imposé l présence d’un avocat dès la 1ère heure de garde à vue ralenti le processus judiciaire, il n’y a pas assez d’avocat, où trouver dans les 24 heures 3400 avocats disponibles ?

  3. Nous en sommes au point où je n’imagine AUCUNE situation susceptible de déclencher une réaction de survie de la part des vieux Français. Un groupe de racailles jetterait trois grenades dans la cour de récréation d’une école maternelle au cri d’Allahu Akbar, que RIEN ne se passerait, sauf une marche blanche avec bougies et nounours. Le point de basculement est dépassé: les musulmans, leurs complices et les apathiques sont majoritaires dans le pays.

  4. Darmanin un doux rêveur incompétent. La solution envoyer ces jeunes sur des sites comme le fort d’Eton voir des sites à rénover et les faire bosser 10h00 par jours au pain sec et à l’eau.

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