Donald Trump : écraser Cuba pour mieux racketter l’Europe…
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Donald Trump poursuit son offensive diplomatique à échelle mondiale. Pour le meilleur et pour le pire. Et c’est souvent dans le pire qu’il se révèle être le meilleur. Ainsi l’administration américaine a-t-elle décidé, ce mercredi 17 avril, de permettre à des milliers d’exilés cubains de porter plainte contre les entreprises étrangères travaillant avec les entreprises cubaines nationalisées après 1959, quand le futur dictateur Fidel Castro renversa l’ancien dictateur pro-américain Fulgencio Batista. Soit 200.000 plaintes potentielles susceptibles d’aboutir à des dizaines de milliards de dollars d’amende.
La réaction de Bruno Rodríguez, le ministre des Affaires étrangères cubain, est immédiate : Cette mesure de rétorsion, effectivement contraire au « droit international », ne sort pas de nulle part, s’agissant du « chapitre III de la loi Helms-Burton », votée en 1996, à l’instigation du sénateur Jesse Helms, héraut de la droite évangélique américaine. Pour la petite histoire, notons que cet ultraconservateur à tendance mystique est mort en 2003, atteint de démence. Des décennies durant, le « Helms-Burton Act » n’a pas été appliqué ; mais pas abrogé non plus. Une sorte d’atout que l’Oncle Sam conservait dans sa manche. Pourquoi le ressortir aujourd’hui ? À cela, deux raisons.
La première consiste en la reprise en main de l’Amérique latine par la Maison-Blanche. Et ce n’est pas un hasard si Mike Pompeo, nommé par Donald Trump à la tête de la CIA, avant de prendre la direction du Quai d’Orsay local, est à la manœuvre. Non content d’avoir sabordé l’accord sur le nucléaire iranien, c’est le même qui entendait, récemment, déclarer la guerre au Venezuela. Il s’agit donc d’étouffer toute velléité d’indépendance au sud de la frontière mexicaine ; Pompeo et ses puissants réseaux n’ont d’ailleurs pas été pour rien dans l’élection du président brésilien Jair Bolsonaro. En Équateur, le fait que Lenín Moreno, successeur du très nationaliste président Rafael Correa, ait livré Julien Assange à la justice anglaise participe, évidemment, de ce même processus.
L’administration américaine a donc décidé d’en finir avec « la troïka de la tyrannie », Cuba, Venezuela et Nicaragua. En effet, c’est Washington qui décrète si tel ou tel État est « voyou » ou pas ; un peu comme si Al Capone avait, jadis, dirigé une commission anti-mafia pour le compte du Sénat.
La seconde raison ? Tout simplement la guerre économique, parfois larvée mais toujours permanente, que les USA livrent au Vieux Continent. Il va sans dire que l’Union européenne a condamné cette décision. Tout comme elle avait fait de même des manipulations américaines visant à nous écarter du marché iranien. Il va aussi sans dire que tout cela se soldera plus par des effets de manche que des effets tangibles.
Car si la Commission de Bruxelles se berce de paroles, la Maison-Blanche, elle, préfère les actes. Frédéric Pierucci, ancien cadre dirigeant d’Alstom, en sait quelque chose, qui a passé deux ans dans les prisons états-uniennes et vient de sortir un livre passionnant, Le Piège américain.
Évoquant un « racket inédit par son ampleur », Pierucci dénonce : « L’Europe s’est laissée rançonner depuis près de vingt ans par l’Amérique. » Et ça continue, l’actuel président poursuivant en la matière l’activisme judiciaire de son prédécesseur, Barack Obama. En effet, tandis que des zozos de gauche pourfendent Donald Trump pour son « homophobie » et son « racisme » présumés, d’autres éberlués de droite le portent aux nues pour sa lutte contre l’immigration de masse, son protectionnisme économique – lequel s’exerce, évidemment, à nos dépens –, les USA continuent de tenir la planète pour leur terrain de jeu.
Il n’est donc pas besoin d’avoir trop lu Carl Schmitt ou Jacques Bainville pour comprendre qu’au-delà des régimes et des idéologies, éphémères par nature, perdurent les intérêts fondamentaux des nations, et qu’il ne faut jamais confondre adversaire conjoncturel et ennemi structurel. Tout comme il est à craindre que les livres de ces deux auteurs, pères en géopolitique, ne soient pas ceux de chevet de nos chers dirigeants, paraît-il experts en bonne gouvernance.
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