Emmanuel Macron évoque, régulièrement, la notion de souveraineté européenne, qui n'est qu'un oxymore, et voudrait encore plus d'Europe pour paraître progressiste. Une fuite en avant à rebours de l'Histoire au moment où les peuples européens veulent, au contraire, recouvrer leur souveraineté confisquée et ne partager en commun que des domaines consentis. La modernité serait, au contraire, de valoriser à la fois le principe de « subsidiarité descendante », qui vise à privilégier le niveau inférieur d'un pouvoir de décision aussi longtemps que le niveau supérieur ne peut pas agir de manière plus efficace (article 5 du traité sur l'Union européenne), et celui de la « coopération renforcée » instaurée par le traité d'Amsterdam de 1997, notamment en matière de défense.

Prenons l'exemple de l'organisation d'une immigration illégale massive créée par la directive européenne de 2011 qui accorde un « droit d’asile subsidiaire » à tous les réfugiés, ce qui a aggravé l’effet Schengen de liberté de circulation au sein de l'Union. C’est donc la politique migratoire de l’Union européenne qui est à revoir. À défaut, chaque pays doit pouvoir faire valoir le principe de subsidiarité descendante afin de recouvrer sa souveraineté territoriale de contrôle aux frontières. Au regard de ces principes, il apparaît parfaitement envisageable de proposer une révision de la répartition entre les compétences exclusives de l'Union européenne et celles partagées, au regard du niveau de souveraineté à retrouver, et aussi de vérifier si le niveau d'implication de l'Union dans les compétences partagées est bien conforme au principe de « proportionnalité » également énoncé dans l'article 5 du traité.

Autre exemple : vouloir favoriser la coopération renforcée en matière de défense européenne suppose, inévitablement, de sortir des structures militaires intégrées de l'OTAN tout en conservant des accords d’interopérabilité. Cela suppose, également, de s'émanciper de la primauté du couple franco-allemand tout en renforçant la coopération franco-britannique du post-Brexit, notamment la force expéditionnaire commune. D'abord sortir de l'OTAN. En effet, évoquer l'objectif d'une armée européenne, comme l'a fait Emmanuel Macron, pourrait mettre à mal la coopération structurée permanente(CSP) en matière de défense lancée en décembre 2017, car la moitié du continent est exclusivement tournée vers l’OTAN et ne souhaite pas cette armée européenne chimérique. L'Europe de la défense n'est pas la défense du territoire par une armée commune mais un projet politique qui n'a pas beaucoup de sens sans une doctrine et des objectifs stratégiques communs.

Mais s'extirper de l'OTAN ne suffit pas, il faut aussi s'émanciper de la primauté du couple-franco allemand afin de favoriser une CSP qui n'a pas connu l'engouement politique attendu ni l'ampleur historique souhaitée. L'objectif doit être de valoriser des groupes de nations volontaires et capables d'agir dans des domaines précis, qu'ils soient institutionnels, opérationnels ou industriels. Les Allemands n'ont aucune intention de quitter l'OTAN, qui est leur première priorité, ne sont enclins ni à mettre à niveau leur budget de la défense, ni à participer à des interventions extérieures, ni à vendre des armes à l'extérieur de l'Union européenne, ce qui est indispensable au maintien de l'industrie de défense française et, donc, à notre indépendance nationale.

Sur un autre plan, Emmanuel Macron se heurte, depuis dix-huit mois, à un raidissement de l’opinion allemande sur sa position dominante au sein de la zone euro. Si aucune réforme de la zone euro n’est possible, souvenons-nous que notre Président, alors ministre de l'Économie, avait prédit en 2015 que, sans réforme, les jours de l’euro étaient comptés ! Et, donc, l'existence même de l'Union européenne en danger. Pour une fois, aurait-il raison ?

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13 novembre 2018 à 10:02

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