N’en déplaise aux libres penseurs, l’exposition porte le doux nom d’Espérance. Cette vertu chrétienne, selon laquelle les croyants attendent de Dieu la vie éternelle, est ici l’invitation à découvrir la magnifique création de Goudji à Fontevraud.

« Qu’est-ce que l’art pour moi ? Une prière, mais une prière par les moyens de la beauté », révèle Goudji, cet orfèvre du sacré, bien connu pour ses objets parés de pierres précieuses et de métaux rares. Alors d’or ou d’argent, d’onyx ou d’ivoire, ses œuvres aussi exceptionnelles qu’intemporelles se parent d’un éclat élevant forcément l’âme qui les contemple. Celui dont la vocation est « d’incarner dans les plus nobles matériaux, la plus belle des espérances, celle d’une foi dans la vie éternelle », martèle, forge, soude, chauffe, trempe le métal, scie, assemble, polit, sculpte, sertit, repolit jusqu’à la perfection, recréant ainsi les techniques anciennes. « J’eus très jeune la conviction, qu’il me fallait créer, des objets uniques, dans un matériau noble pouvant défier le temps, des objets de beauté, à la gloire de Dieu. » Cet artiste qui révéla d’abord son talent sous le régime soviétique devint vite un suspect. Son art devint alors l’expression de sa liberté dissidente et de sa résistance par la culture.

Pour l’abbaye royale de Fontevraud, l’artiste géorgien célèbre l’Espérance par une crèche rutilante. Jacques Santrot, conservateur en chef du patrimoine et commissaire de cette étincelante exposition, la décrit : « Le lapis-lazuli fait chanter la couverture - bleu scintillant d’or - de la Vierge Mère, assise et recueillie, penchée sur l’Enfant emmailloté d’onyx qu’elle porte sur un coussin de serpentine verte, dans une attitude inédite. Debout appuyé sur un bâton - barbe d’onyx et bonnet d’aventurine - Joseph porte une veste et un camail d’argent sur une tunique en marbre de Sarrancolin. » Bergers, bœuf, âne et rois mages dignement représentés entourent cette Sainte Famille que l’on se plaît à adorer dans le chœur de l’abbatiale.

S’il reste quelques jours pour profiter de ces merveilles exposées parmi d’autres trésors, entre mobiliers liturgiques et œuvres profanes aussi raffinées, il sera toujours possible d’admirer les Goudji de Notre-Dame de Chartres à Notre-Dame de Paris, en passant par Angers, Cambrai, Carcassonne, Beauvais, Cahors, Luçon et bien d’autres encore. De ses mains inspirées, l’orfèvre illumine ainsi nos cathédrales, basiliques et abbatiales de France. En un temps où les églises se vident ou sont profanées, l’on serait tenté de perdre confiance en l’avenir. Cette exposition mariant avec élégance l’art et la foi, le spirituel et la beauté, est une véritable invitation à la transcendance, mais aussi à l’espérance. « Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout », écrit Péguy, et pourtant « c'est elle, cette petite, qui entraîne tout »

Exposition L’ESPÉRANCE, Goudji à Fontevraud, jusqu’au 5 janvier 2020.

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31 décembre 2019 à 13:28

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