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Monsieur et Madame Tulliver habitent un moulin sur une jolie rivière anglaise, la Floss. Ils ont deux enfants d’une dizaine d’années, Tom et Maggie. C’est leur histoire que George Eliot nous raconte. Tom est concret, puissant et sans pitié avec sa sœur qu’il méprise, non sans affection tout de même. Maggie est son exact contraire : rêveuse, sentimentale, aimant les livres et surtout son frère, d’un amour éperdu.

Elle tente désespérément de se faire aimer et ses déceptions lui causent d’immenses chagrins d’enfant que personne ne remarque : « Si nous pouvions nous rappeler ces premières souffrances, ces conjectures confuses et cette conception de la vie étrangement dépourvue de perspective, qui donnaient à ces souffrances leur intensité, nous ne traiterions pas à la légère les chagrins de nos enfants. »

Monsieur Tulliver gagne bien sa vie mais n’a pas d’instruction et veut que son fils en ait. Il envoie Tom en pension chez un pasteur afin qu’il apprenne le latin et la géométrie, ce dont le jeune garçon est bien incapable. Maggie, qui ne supporte pas son absence, vient souvent le voir et fait la connaissance du second élève de cette pension, Philip Wakem. Il est bossu, intelligent et malheureux. Tout en bonté, Maggie l’enveloppe de sa gentillesse.

Philip ne l’oubliera pas et, plus tard, Maggie sera confrontée au croisement de la gentillesse et de l’amour. Ce sera d’autant plus délicat que, dans l’intervalle, le père de Philip gagnera un procès contre M. Tulliver, ruinant la famille et engendrant une atmosphère étouffante si étrangère à la nature de Maggie.

George Eliot est une romancière majeure de ce si fécond XIXe siècle anglais. Son talent est éclatant tout au long des 700 pages de ce roman. Ses analyses psychologiques sont remarquables, notamment sur l’enfance, et il y a parfois des accents proustiens dans ses réflexions. D’ailleurs, Proust avait une passion pour Le Moulin sur la Floss et « ses mystères sublimes ».

L’auteur s’attarde aussi longuement sur la nature. Son style semble fait pour en souligner les beautés et, pour en convaincre le lecteur, finissons par son incipit : « Une vaste plaine où la Floss, plus large, se hâte entre ses vertes rives d’aller vers la mer, tandis que la marée amoureuse se précipite à sa rencontre et l’arrête en une étreinte fougueuse. »

Le blog d'Antoine de Lacoste.

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14 août 2021 à 14:05

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