D’Éric Naulleau à Patrick Sébastien, ce show-biz qui résiste à l’excommunication médiatique…

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Étrange époque que la nôtre, déchristianisée jusqu’au trognon mais dans laquelle il est de bon ton d’excommunier toute forme de pensée donnée pour hérétique. À ce jeu, quelques clercs distribuent l’onction cardinalice à qui mérite le salut républicain : les plus méritants iront au paradis humaniste, tandis que les autres seront tenus de faire repentance, histoire d’échapper au nouvel enfer, le jeûne médiatique, soit la mort sociale pour qui fait profession de célébrité.

Pourtant, nous ne sommes pas Français pour rien, et demeurent encore quelques libres penseurs. Philippe Chevallier, par exemple, affirme vouloir voter pour Marine Le Pen. Il y a encore Éric Naulleau, vieux comparse d’Éric Zemmour, qui persiste et signe dans Le Point de ce 14 décembre : « Je suis cas contact d’Éric Zemmour ! »

En guise de confession, voilà qu’il en rajoute une couche dans le péché, n’hésitant pas à stigmatiser ceux qui voudrait le ramener dans le droit chemin de la vertu, cette « gauche bien-pensante », ces « wokistes de salon » et la « joyeuse bande des islamo-gauchistes médiatiques », estimant « n’avoir aucune leçon à recevoir des fous furieux de La France insoumise qui passent leur temps à dire absolument n’importe quoi en éludant les vrais sujets ». Et de clore son sermon sur une sainte colère : « J’exècre cette gauche qui dit que le fascisme ne passera pas tout en trouvant toutes les excuses du monde aux islamistes, ces soi-disant pauvres victimes d’une France raciste. » Parole d’Évangile, même si issue d’une bouche de mécréant…

Mais, dans le registre consistant à sortir un lapin de Pâques de son chapeau claque, il y a encore Patrick Sébastien, l’amuseur qu’on sait, mais dont « Le plus grand cabaret du monde » fut naguère l’un de ces moments télévisuels propres à rassembler tous les Français, toutes origines et opinions politiques confondues. Et Patrick Sébastien de se lâcher dans Le Figaro du 15 décembre : « Je n’ai rien contre Zemour, je le trouve brillant et intelligent. Je n’adhère pas à son truc, mais il dit des vérités formidables. »

Même s’il ne sait pas encore pour qui il votera à la présidentielle, il glisse néanmoins, à propos des « connards de bobos », mis en scène dans sa « Chanson des grenouilles » : « Ce sont des gens qui vendent de la tolérance, mais qui n’en ont pas un échantillon sur eux. Ils vont manifester contre l’exclusion, mais ce sont les premiers à exclure tous ceux qui ne pensent pas comme eux. […] Le premier pilier de la bêtise, c’est de juger avec dédain l’intelligence des autres. »

Hormis ces quelques exceptions notoires, faut-il après prétendre que la majorité du show-biz serait de gauche ? Ce serait aller vite en besogne. D’ailleurs, savait-on pour qui votaient Jean Gabin, Lino Ventura, Johnny Hallyday ou Jean-Paul Belmondo ? Malgré le strass et les paillettes, ces gens savaient demeurer discrets. Mais, pour qui connaît un peu les coulisses de ce demi-monde, on n’ignore pas qu’ils n’en pensaient pas moins, surtout après ce huitième digestif qui, forcément, ne s’imposait pas toujours…

 

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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