Les députés les plus mal élus de toute l’histoire parlementaire française

Les premiers signes étaient clairs : l'abstention, pour ce premier tour des élections législatives, serait forte et battrait tous les records. Les premiers chiffres venant de l'outre-mer, qui votait en avance, étaient vertigineux : 74 % d'abstention en Martinique, en hausse de 7 points par rapport à 2012 ! Et, à midi, la participation au niveau national n'était que de 19,2 %, en baisse aussi par rapport à 2012, où elle atteignait 21 %. Plus forte chute encore à 17 h, où elle n'atteignait que 40 %, au lieu de 48 % en 2012 ! C'est un effondrement historique qui a abouti à une participation inférieure à 50 %. Du jamais vu pour des élections législatives générales, non seulement depuis 1958, mais même depuis l'instauration du suffrage universel en 1848 ! Il y a là quelque chose de vertigineux. La République en marche, c'est aussi cela.

Les conséquences de cette abstention massive sont nombreuses. D'abord, à très court terme, cela signifie qu'il y aura très peu d'élus au premier tour puisqu'il faut rassembler plus de 50 % des exprimés, mais aussi 25 % des inscrits. Quasiment impossible avec une abstention forte. Mais cela réduit aussi considérablement l'hypothèse de triangulaires pour le second tour, puisqu'il faut que le 3e candidat, pour se qualifier, atteigne 12,5 % des inscrits.

Les raisons de cette abstention massive sont connues : monopolisation de l'intérêt par la présidentielle, sentiment que tout est joué avec des sondages annonçant une majorité écrasante pour le parti du Président, perte des repères des électeurs troublés par la déconfiture des partis traditionnels.

Certes, la baisse de la participation aux élections législatives, qui n'a jamais plus atteint la barre des 80 % depuis 1978, est un phénomène ancien et continu, depuis 25 ans : 69 % en 1993, 68 % en 1997, 64 % en 2002, 60 % en 2007 et 57 % en 2012. Mais cette nouvelle descente est une alerte démocratique d'une tout autre nature.

Cette abstention record est un nouveau signe de la recomposition politique en cours, qui n'est certainement pas achevée. Après l'élection de M. Macron et la transformation politique qu'il a engagée, elle traduirait un attentisme, voire une méfiance, pour ce nouveau pouvoir, que les Français laisseraient s'installer, mais sans le soutenir. Que pèserait une majorité pléthorique de 400 députés, comme les sondages l'annoncent, si ces 400 députés sont élus avec une abstention de plus de 50 % ?

Cette situation peut être transitoire, le temps que la recomposition aille à son terme, qu'une ou des oppositions structurées émergent. Mais l'incapacité de la droite parlementaire à incarner cette opposition sous le quinquennat calamiteux de Hollande a montré que cela n'était pas automatique. Le nouveau pouvoir pourrait se réjouir de ce règne sans partage qui lui semble promis.

Mais, en cas d'échec, d'événement grave, de crise de confiance, un parlement élu dans les conditions de cette recomposition, sans adhésion populaire massive, et sans opposition clairement identifiée et susceptible d'offrir une alternance, serait certainement très fragilisé.

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