Débat piégé : à ma gauche, la « gauche radicale », intègre. À ma droite, « l’extrême droite », horrible

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Ça n’a pas traîné. Au soir même de son élection, le 24 avril, le Président reprenait lui-même l’expression devenue le talisman de la gauche : l’extrême droite, voilà l’ennemie.

Faire face à l’extrême droite, dénoncer l’extrême droite, manifester contre l’extrême droite, c’est un métier. L’opposition à l’extrême droite, en France, rapporte beaucoup d’argent à beaucoup de monde. Cela peut même vous valoir l’Élysée. Il suffit de brandir l’expression pour vous donner des allures de cul béni de la bien-pensance. Pour vous attribuer des vertus magiques.

La lutte contre l’extrême droite a agité la bataille anti-Zemmour, puis la courte bataille anti-Le Pen. Gageons qu’elle reprendra du service pour les législatives. Ainsi, le champ politique évolue, le Front national devenu le Rassemblement national a modifié largement son programme. Il ne souhaite plus sortir de l’Europe ni de l’euro. Il a arrondi les angles sur de nombreux sujets. Il a pioché à gauche de l’échiquier politique non pas seulement des électeurs mais aussi des idées, ce qui a été souligné maintes et maintes fois durant la campagne présidentielle. Mais voilà, d’extrême droite était ce parti, d’extrême droite il demeure. Et malheur à qui fera alliance avec l’extrême droite.

La manipulation frappe lorsqu’on regarde en symétrie le traitement médiatique de l’extrême gauche.

Cette extrême gauche qui défile tranquillement dans les rues de Paris et des villes de province pour contester les résultats de la présidentielle ne choque personne. Personne pour hurler au fascisme. Surtout, on assiste au quasi-ralliement des socialistes et, demain, sans doute, des Verts à La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Une alliance aiguillonnée par la perspective de quelques élus au Parlement, à peine perturbée par quelques consciences un peu plus aiguisées que les autres. La question s’impose donc : Mélenchon a-t-il rejoint le centre gauche ? A-t-il, comme Marine Le Pen, mis de l’eau dans son vin ? Pas vraiment. Au contraire, l’homme qui appelle de ses vœux la VIe République n’a cessé de dériver toujours plus à gauche dans le champ des idées, au point qu’en dehors des candidats trotskistes, il n’a plus personne à sa propre gauche. Le candidat du Parti communiste Fabien Roussel fait figure de modéré réaliste à ses côtés. Mais, pour qualifier Mélenchon, curieusement, le vocable « d’extrême gauche » n’a plus cours. On lui préfère la gauche radicale. Bien plus sympa. La gauche radicale n’est pas extrême, elle. Le Parti radical était-il « extrémiste » ? Non, bien sûr. Il y a, derrière ce mot de radical, quelque chose d’intègre, de sûr, de dévoué à une cause et même d’enraciné. Le mot n'est-il pas un dérivé du latin radix, la « racine » ?

Le radical est d’autant fiable qu’il ne fait pas de compromis. Rien à voir avec son cousin « d'extrême droite » qui se situe, lui, selon le dictionnaire, « tout à fait au bout ». Il vient du latin extremus, « le plus à l’extérieur ». Il est sorti du jeu, le cousin. Il a perdu le lien avec les racines, avec la réalité. Il est une menace, CQFD. La bataille politique est une guerre des mots. Si nos amis politiques étaient objectifs, ils confronteraient la droite radicale à la droite nationale sans en faire un épouvantail à moineaux. L’extrême droite reste une construction malhonnête sans autre objectif que de disqualifier l’adversaire. Et cela marche... de moins en moins !

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Cela fait plus de 40 ans que Mitterrand à scellé l’existence des partis de droite. et, nos moutons n’ont toujours pas secoué le joug en se gavant de merveilleux slogans. Elections après élections ils nous mènent au plus profond du gouffre

  2. Laissons donc ce progressisme pourrir la France ! Lorsque l’état de putréfaction de cette république qui pourri par sa tête, sera réalisé totalement, la France renaîtra plus radieuse que jamais. Que l’héritier se tienne prêt.

    • A condition que l’héritier ne soit pas celui qui vient de là ou vous savez. Alors vous comprendrez qu’il est trop tard

  3. Personnellement, je ne considère pas de ce machiavel comme mon président ! Le Pen d’extrême droite ? Zemmour d’extrême droite ? Stigmatisés, sous-citoyens (comme les non vaccinés ?), je propose que ces sous-citoyens, ces débiles qui ne comprennent rien à rien, ne soient pas soumis à l’impôt ! Ben voyons, ils sont tellement débiles et irresponsables ….

  4. Ce sont des concepts occidentaux, français même à l’origine. Dans n’importe quel pays du monde sauf Europe de l’ouest et US, le RN serait un parti de centre gauche et Reconquête représenterait la droite modérée.

    • pas tout à fait d’accord sur le qualificatif de centre gauche pour le RN ; le fait de veiller aux conditions sociales des catégories populaires ne range pas ipso facto le RN au centre ou alors cela signifierait que la droite ne s’intéresse qu’aux élites

  5. « À celles et ceux qui ont voté pour moi, non pour soutenir mes idées mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite, votre vote m’oblige. Ce soir, je ne suis plus le candidat d’un camp, mais le Président de toutes et tous. »

    J’ajouterai (j’invente, bien sur)
    « Bon, ceci, grâce aux américains et leurs décomptes…
    Mais rassurez vous, mon greffe du Conseil Constitutionnel vient de mettre à la poubelle le recours de 6500 citoyens conte ces fraudes.
    Je reste , soyez donc rassurés! »

  6. « Et cela marche… de moins en moins ! »

    Mais force est de constater que cela marche toujours et plutôt pas si mal que ça puisqu’un président, haï personnellement comme aucun autre avant lui, vient d’être confortablement reconduit.

    Et n’allons pas chercher dans les mots une responsabilité qui n’est pas là leur.
    Les Français qui votent tout comme ceux qui s’abstiennent sont les seuls responsables du résultat enregistré.

  7. Le président de  » toutes et tous », sauf des vrais exclus rendus invisibles, des souverainistes, des soignants suspendus… Les Français devraient considérer attentivement le sort qui leur a été réservé (plus de droit au travail, de ressources, l’oubli…): c’est ce qui arrivera tôt ou tard à tous les opposants à ce régime fasciste qui ne dit pas son nom.

  8. De moins en moins, mais ça marche toujours. L’élu c’est Emmanuel (l’envoyé de Dieu). Faut pas se gêner.

  9. Le déchainement de violence que l’on constate depuis Dimanche 24/4 est le fait essentiellement de la gauche dans sont ensemble en fait de ceux qui ont voté Macron.
    Voila une majorité l’a voulu alors qu’elle assume mais étrangement les vestes commencent à se retourner : Aurait il été élu avec une infime minorité ? Nous aurait on trompé sur l’exactitude des résultats ? C’est cela que l’on nomme un coup d’état ?

  10. Une fois de plus mon regret est grand ne pas avoir ouvert une officine avec boule de cristal, une bonne occupation pour la retraite. Pays fondamentalement de gauche bien au de là des partis politiques, parlons seulement des mentalités. Attendons de voir le grand bazar de la rentrée car macron 2 ne pourra pas trahir l’hyper classe, le peuple oui, sans aucune difficultés, mais la classe dominante sans doute pas. Et comme prévu avec son score, la droite n’aura que 5 ou 6 députés.

  11. La bataille pour la députation n’est qu’un affaire de gros sous. Comme les immigrés sont attirés par les aides en tous genres, les candidats députés sont attirés non par l’amour et la défense de la France mais par des indemnités et autres joyeusetés alléchantes. Un point, c’est tout.

    • Je ne vois pas ce qui peut vous permettre d’affirmer cela. L’Assemblée Nationale est la clé de notre démocratie. Les députés représentent le peuple qui les a élus. Ils acceptent ou refusent les lois proposées avant de les faire entérinées par le Sénat. Le seul gros problème anti démocratique est que le mode de scrutin n’est pas proportionnel. Ainsi les électeurs RN ne sont « pas » représentés donc pas défendus : aucun groupe, 6 députés. (1er parti d’opposition?)

      • « Les députés représentent le peuple qui les a élus. Ils acceptent ou refusent les lois proposées » par le gouvernement. Vous en connaissez beaucoup, de lois « refusées » lors de la précédente législature?

  12. La guerre des mots est essentielle. Les communistes l’avaient bien compris au temps de leur splendeur en se qualifiant de « forces de progrès  » et leurs opposants de « réactionnaires « . Et la droite à été, comme d’habitude, incapable de réagir.

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