[Entretien] Olivier Damien : « Laisser les forces de l’ordre juridiquement désarmées serait la pire des choses »

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Le policier de 24 ans qui a tué deux hommes, dimanche soir, sur le Pont-Neuf, à Paris, lors d'un contrôle de police a été mis en examen pour homicide volontaire. Une décision qui révolte les syndicats de police : ils manifesteront ce lundi à Paris. Docteur en droit, Olivier Damien est commissaire divisionnaire honoraire de la police nationale. Il a été secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale. Il est actuellement conseiller régional RN de Bourgogne-Franche-Comté et a accepté de répondre à nos questions.

Marc Baudriller. Les policiers manifesteront, lundi, à Paris, contre la mise en examen d'un de leurs collègues pour homicide volontaire. Les comprenez-vous ?

Olivier Damien. Il ne faut pas être naïf. La sécurité, qui devait occuper une place prédominante à l’occasion de la campagne électorale pour l’élection présidentielle, n’a quasiment pas été abordée. Il en est résulté un très fort sentiment de frustration parmi nos concitoyens, et surtout au sein des forces de l’ordre. Les raisons de cet « oubli » sont évidemment nombreuses. Mais l’arrivée tardive d’Emmanuel Macron dans le débat et son bilan calamiteux en la matière ont certainement pesé lourdement dans le fait que ce sujet majeur n’ait pas été traité comme il aurait dû l’être.
Il n’échappe cependant à personne, en particulier aux organisations syndicales policières, qu’un « troisième tour » électoral va se jouer en juin prochain. L’élection des députés à l’Assemblée nationale et la campagne électorale qui va s’ouvrir dans les tout prochains jours offrent une nouvelle occasion de s’emparer de ce débat sur la sécurité et, on l’espère, d’apporter les solutions attendues depuis si longtemps. Et puis il y a une autre explication, interne à l’institution policière celle-là, c’est la tenue, dans quelques mois, des élections professionnelles. À la veille de cette échéance, il est donc important, pour les syndicats, de marquer leur détermination face à un État qui se doit d’être à leur côté. Les policiers, nous le voyons donc, ont toutes les bonnes raisons d’organiser cette manifestation de soutien à leur collègue qui vient d’être mis en examen pour homicide volontaire dans le cadre de ses fonctions.

M. B. Quelles pourraient être les conséquences sur l'exercice de leur profession par les policiers et pour la sécurité des Français si ce policier devait être condamné ?

O. D. Fort heureusement, nous sommes encore loin d’une condamnation à l’encontre du policier qui a ouvert le feu sur le Pont-Neuf. Il n’en demeure pas moins que les charges qui semblent peser sur lui sont extrêmement graves et sérieuses. Ces charges sont d’ailleurs celles qui pourraient peser sur n’importe quel citoyen, y compris sur ceux qui sont les moins fréquentables. Et c’est sans doute cela qui choque le plus les forces de l’ordre. Comment peut-on, alors que l’on exerce une mission au service de l’État et des Français, être finalement considéré et traité comme le premier criminel venu ? C’est pour cela que certains candidats à la présidentielle ont tenté d’introduire dans le débat de nouvelles dispositions, telle la présomption de légitime défense ou la défense excusable. Pour l’heure, ces idées n’ont manifestement pas été reprises et ne le seront certainement pas par le Président réélu. En tout état de cause, si une condamnation intervenait à l’encontre de ce policier, on peut légitimement imaginer que c’est l’ensemble des policiers qui pourraient revoir leur façon d’intervenir ou de ne plus intervenir. Face à une société de plus en plus violente, laisser les forces de l’ordre juridiquement désarmées serait la pire des choses.

M. B. Quelles mesures faut-il mettre en place, à votre avis, pour assurer l'ordre et protéger les policiers et gendarmes ?

O. D. Pour tenter d’apporter une réponse efficace à ce genre de situation, il y a trois leviers. Le premier, celui sans lequel rien ne fonctionnera, est celui de la réponse pénale. Il est absolument indispensable que la Justice soit impitoyable avec les auteurs d’infractions violentes, a fortiori lorsque les victimes sont des policiers ou des gendarmes. L’impunité de fait qui existe aujourd’hui face aux dérives sécuritaires est un encouragement pour les criminels de tous poils qui, ne risquant presque rien, n’ont plus de limites. Le second levier est celui du renforcement de la formation. Confrontés à des situations de plus en plus complexes et difficiles, les policiers sont souvent insuffisamment préparés et formés. Troisième levier, la consolidation de la chaîne hiérarchique. Il est important de créer un vrai corps de gradés au sein de la police nationale à l’instar de celui de la gendarmerie. Par ailleurs, c’est l’organisation hiérarchique dans son ensemble qui doit être réformée, afin que les gradés, les officiers et les commissaires soient au plus près de leurs hommes et du terrain. C’est à la fois une question d’efficacité mais également de confiance retrouvée au sein de l’institution policière.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Les lois ont bien changées depuis que je ne suis plus gardien de la paix, j’avais un 7,65 et deux chargeurs. Les français respectaient les forces de l’ordre, on ne voyait pas tous ces immigrés, à part dans le secteur du métro, La Chapelle, à Paris. Maintenant, comme le dit si bien Éric Zemmour, le grand remplacement est en marche. Avez-vous vu ce qui se passe en Suède, c’est un excellent exemple. J’attend 2027 pour la remigration.

  2. Désarmer la police ce sera l’anarchie, la loi du plus fort, celle de la pègre des délinquants de tout poil. Nul ne sera à l’abri et en sécurité.
    Le risque : l’auto-défense, le recours aux officines de sécurité privés, les émeutes et son cortège de violences et d’injustice.
    LE CHAOS nous guette nous sommes dirigés par des irrespnsables.
    Soutenons nos policiers qu’ils sachent que nous leur faisons confiance, nous avons besoin d’eux.

    • Je soutiens toutes les actions des forces de l’ordre pour la défense des biens et des personnes. Il faut qu’ils soit soutenus du ministre en redescendant. Remettre les lois en place de soutien.

    • « le risque l’auto défense » pas de problème pour moi, je me prépare depuis quelques années. même si je succombe il y aura du monde devant mon cadavre

  3. Un délinquant qui fonce sur vous avec une voiture est un cas de légitime défense c’est aussi simple que ça!

  4. le mieux pour les policiers, c’est de leur supprimer les armes, cela leur évitera l’idée de vouloir se defendre et surtout, surtout, pour eviter tout malentendu, ne pas insister quand un contrevenant refusera de se soumettre à un controle et surtout le policier devra s’excuser pour avoir ennuyer le contrevenant. Bon avec ce systeme je ne suis pas sure qu’il y aura beaucoup de personnes qui s’engageront dans la police sans défense.

  5. A loi inique, justice inique.
    Il faut la présomption de justification de défense pour les forces de l’ordre.
    Mais le souci prioritaire de Macron est la récupération des voix d’extrême gauche, ceux qui absolvent systématiquement la racaille et condamnent systématiquement les personnes qui veulent se faire respecter. Qu’elles soient police, gendarmerie ou simple particulier courageux.

    • « Mais le souci prioritaire de Macron est la récupération des voix d’extrême gauche, » et surtout des voix musulmanes. Il leur doit tout.

    • En ce qui me concerne, je me ferais justice moi-même vu comment sont les lois en faveur de la racaille. C’est très instructif de voir New York Police Scientifique ou criminelle, faite entrer l’accusé, NCIS ou FBI portés disparus. Les années de pratique des arts martiaux pourront servir en dehors des dojos.

  6. Nous ressassons toujours la même chose. La police est malade, la gendarmerie moins sans doute mais ce n’est pas non plus le paradis.Le système est malade, trop de syndicalisme, hiérarchie absente, commissaires qui chassent les postes et les primes et se fichent de la sécurité des citoyens. Faisons une révolution à la belge et repensons nos forces de l’ordre.

  7. M. DAMIEN, une fois de plus je rappelle cette agent de police de Roubaix qui au retour d’un « pot de départ » d’un collègue, en tant que passagère, s’est amusée à tirer au taser sur le policier qui conduisait ! Avant de renforcer les droits des policiers, il faut d’abord assainir les forces de l’ordre. Il ne suffit pas d’avoir le bac pour être un bon flic, mais avoir du bon sens et être sain d’esprit. J’en connais un rayon, pour avoir souvent présidé des jurys de recrutement

    • des ministres, un président de l’assemblée sont sous le coup de poursuites judiciaires et ils sont toujours là. Aujourd’hui un policier ou n’importe quel français qui se défend est coupable. Le seul droit que l’on a, est de se défendre quand est mort.

    • Merci de nous avoir donné votre point de vue , qui s’entend aussi ! mais vous voyez que, encore une fois, ce sont les « supérieurs  » où ceux qui sont sensés « bien recruter  » qui sont responsables, d’autant que j’ai lu que le niveau avait baissé par manque de recrues, quid des formations comme le dit Mr Damien !!
      Concrètement, pouvez vous nous dire ce qu’un policier doit faire quand il y a refus d’obtempérer ?

      • j’ai même connu un commissaire de police qui était un vrai danger public en opération de M-O et décrédibilisait son administration ! Ouf, il a été muté et ensuite le professionnalisme est revenu

  8. Nous sommes le seul pays ou ces personnes chargées de la sécurité et de la protection des Français, doivent réfléchir 5 minutes avant de se décider quoi faire face à un véhicule qui leur « fonce dessus » ! J’espère qu’ils retiendront la leçon et que lorsque le cas se présentera pour un gros ponte menacé de se faire tuer (pas seulement menacé affectueusement par quelques jets de tomates cerises !), ils réfléchiront bien, 5 minutes, avant d’intervenir et seront félicités pour leur sang froid !

    • La Suède est un parfait exemple de gouvernement submergé par les immigrés qui se révoltent avec violence. Pour nous ce sera bientôt.

    • nous avons la même solution merci. que les politiques s’en prennent plein la gueule sans réaction de service de sécurité et on verra le retournement de situation, rapidement

  9. « Réformer l’organisation hiérarchique  » d’urgence ! Et si possible bien mieux que cela n’a MALHEUREUSEMENT été fait en 95 . On voit le résultat !

    • pour le moment, macron les arrose de NBI, primes, avantages de toutes sortes, lisez le journal officiel, c’est édifiant !

  10. Le monstrueux  » pas de vagues » conduit à une situation inextricable voulu depuis des années par les gouvernements successifs. La police est un des remparts de la République. Son travail est la force de la loi. Cette fonction est exercée par des hommes et des femmes qui quotidiennement sont en danger de toutes sortes. Ils ne sont pas soutenus par leur hiérarchie qui protège leur carrière. La justice n’aime pas la police. C’est une évidence et un dilemme.

  11. Je ne comprends rien. On arme la police avec des armes terribles, glock 9 para et fusil automatique et derrière interdiction de les utiliser sous peine de fin de vie sociale. Je ne savais pas qu’obtemperer lors d’un contrôle de police ou gendarmerie était optionnel. Il serait plus simple que sur simple appel de phares les forces de l’ordre s’écartent et laisse passer le véhicule dont les occupants ne souhaitent pas être contrôlés

    • et même, pourquoi pas, les escorter, pour éviter qu’un accident ne serve de prétexte à des soirées de violences banlieusardes, et de saccages!

  12. J’ai entendu, sur CNEWS, un responsable syndical parler d’un procès « dans quelques années » ! Quid de la situation du pauvre policier pendant tout ce temps ? Où l’on voit que la puissance nocive de certains petits juges idéologues est encore bien prégnante.

    • Je ne connais pas le fond du dossier, mais le « pauvre policier » s’est vu soumettre par le juge à « une obligation de soins », alors ……… s’agirait-il plutôt d’une « erreur de casting » au recrutement ?

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