Darmanin Premier ministre après les régionales ? La surprise a déjà fait pschitt

Le Figaro dévoile, ce vendredi, la stratégie de communication d'Emmanuel Macron pour le déconfinement et la campagne des régionales : « saturer » l'espace politico-médiatique de sa présence. Jusqu'à la gifle. Et dans la roue de leur chef, les macronistes, candidats aux régionales ou ministres, tentent d'exister. Ainsi Gérald Darmanin, qui vient d'apporter sa touche de finesse au grand sujet du moment : la lutte contre le RN, une « marque satanique » à abattre.

Ce vendredi encore, le même Darmanin était en campagne, toujours en Bourgogne, pour soutenir la tête de liste LREM aux régionales, l'ex-socialiste François Patriat. Lequel a adoubé le ministre de l'Intérieur comme futur Premier ministre. « Darmanin veut être Premier ministre et je pense qu'il le sera », a-t-il déclaré, ajoutant, de façon plus étonnante : « Je pense qu'il a les ambitions légitimes pour être président de la République. » Et pourquoi pas roi de France, tant qu'il y est ? Emmanuel Macron est perçu par son clan comme un fondateur à imiter et ces gens-là, dans leur dérive sectaire, semblent vouer un culte à la numérologie macronienne : Darmanin a l'âge que Macron avait quand il s'est lancé. Donc, on lance Darmanin. Qu'importe son bilan au ministère de l'Intérieur, où l'on ne retiendra que sa participation à une manifestation contre… lui-même !

En fait, ce qui devait créer un effet de surprise en cette veille de week-end a fait pschitt. En effet, tout le monde voit bien que ce pauvre Jean Castex, cas contact en quarantaine bien que vacciné, est hors jeu. Et il faut que le macronisme se positionne du côté droit : donc, encore un ex-LR, et un ministre de l'Intérieur. Darmanin est l'évidence. On peut même imaginer son futur gouvernement. Têtes nouvelles (si l'on peut dire…) ? Muselier et Estrosi. Les déjà là : Schiappa et Dupond-Moretti. Darmanin est l'évidence de l'essoufflement du macronisme. Mais aussi de sa descente en gamme : Édouard Philippe avait quelque chose de mystérieux et de classieux. Avec Castex et Darmanin, l'horizontalité est totale.

Il est vrai que, désormais, la curiosité a changé de centre de gravité : Emmanuel Macron ne surprend plus, quand il ne suscite pas des sentiments hostiles. Mais tous les yeux sont tournés vers la recomposition à droite, vers la candidature Zemmour et ce qu'elle pourrait hâter dans l'effondrement de LR. Alors Darmanin, vous pensez… Il est parfait dans l'horizontalité macronienne, il est lisse, léger. Sans remonter au grand Charles, dire qu'il est l'avatar d'un parti qui produisit Chirac et Sarkozy... On peut penser ce que l'on veut de leur cohérence et de leur sincérité, ils avaient au moins… comment dire... une énergie.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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