Coronavirus : la grande trouille des municipales ?
Nos sociétés seraient-elles donc à ce point si fragiles ? Qu’au moindre risque d’épidémie coronesque, nos concitoyens soient condamnés à piller les supermarchés en nouilles, huile et sucre ; un peu comme lors de la première guerre du Golfe, en 1990, alors que ce conflit n’embrasait que l’Irak, à quelques milliers de kilomètres de nos frontières ?
Il est vrai qu’une simple coupure de courant et d’Internet peut suffire à paralyser la mondialisation heureuse, régie par le « droit » et le « doux commerce », pour reprendre la phraséologie de leurs prophètes qui, hier, déjà sourds à la colère des peuples, sont de plus en plus muets aujourd’hui. En attendant de persister à demeurer aveugles demain ?
En France comme ailleurs, ce double reproche : en faire trop ou pas assez. Dans les deux cas de figure, les autorités plus ou moins compétentes seront tenues pour coupables ; d’optimisme comme de pessimisme : la preuve par la canicule de 2003. Soyons justes avec ceux qui nous gouvernent. La décision finale ne leur appartient qu’en partie. Derrière, il y a les experts qui, même professant une opinion majoritaire sur la crise qui s’annonce, ne sont pas non plus exempts de se tromper, que ce soit sur le diagnostic ou la manière d’y remédier.
Principe de précaution oblige, Marc Fesneau, secrétaire d’État des Relations avec le Parlement, affirme « qu’il n’est pas question de reporter les élections municipales de ce dimanche prochain ». Il paraît aussi que les manifestations de rue ne seraient pas non plus proscrites. Il est vrai qu’au moment où la réforme des retraites passe en force et au 49.3, cela pourrait passer pour une poussée, non point de fièvre, mais d’autoritarisme malvenu.
Après, il convient aussi de se calmer. À l’instar d’autres virus, cette épidémie n’est pour l’instant rien, comparée à la grippe espagnole, au lendemain de la Première Guerre mondiale – entre cinquante et cent millions de victimes, selon les spécialistes d’alors – et la peste noire du XIVe siècle - qui aurait causé la mort de vingt-cinq millions d’Européens. Chiffres à mettre en rapport avec la population d’alors du Vieux Continent. À cette aune jugée, SIDA, Ebola et corona ne sont que péripéties.
Cette parenthèse historique close, revenons-en aux tourments de l’infortuné Marc Fesneau. Car le report de ces mêmes élections ne serait pas sans conséquences pour le gouvernement qu’il représente ici. Les vieux – les « seniors », pardon –, traditionnellement assidus aux urnes, se déplaceront-ils en masse ? Si oui, ce serait une bonne nouvelle pour les candidats de LREM ; si non, une possible catastrophe.
Pour Jérôme Bascher, sénateur LR de l’Oise, « nous allons être confrontés à une forte abstention. Les personnes âgées nous disent qu’elles ne se déplaceront pas. Vous pouvez mettre du gel hydroalcoolique, des gants, ça n’empêche pas les peurs. » De son côté, Bruno Jeanbart, l’un des pontes de l’institut sondagier OpinionWay, affirme : « Si la participation baisse sur des populations inquiètes du virus, notamment les personnes âgées qui se sentent plus fragiles, ça redistribuerait plus les cartes. »
Bref, nous voilà bien avancés…
Au-delà des effets d’annonce, alarmants ou rassurants, on constatera au moins ceci : les gouvernants n’aiment rien tant que de surfer sur la trouille de leurs contemporains. La crainte soviétique, la frousse islamiste, la frayeur populiste et autres miquettes relatives au péril lepéniste.
Comme disait l’autre, le pape Jean-Paul II en l’occurrence : « N’ayez pas peur. » On pourrait encore de la sorte conclure : on en a vu d’autres, même si le pire demeure probablement à venir !
Ne sommes-nous pas Français, après tout ?
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