Depuis plusieurs semaines déjà, la plupart des populations européennes vivent suspendues aux lèvres de leurs autorités sanitaires et décideurs politiques. En Belgique, chaque matin, le service public fédéral Santé égrène macabrement ses piteuses statistiques.

Toutefois, la question qui obsède presque tout citoyen est la suivante: confinement or not confinement ? Ou, plus exactement, celui-ci sera-t-il enfin levé ou, au contraire, maintenu et prolongé et, dans l’affirmative, à quelles conditions ?

S’il s’avère aux yeux de la plupart des experts et observateurs « bien informés » nécessaire, voire indispensable, le recours à cette solution presque moyenâgeuse témoigne avant tout d’un terrible aveu d’impuissance dans le chef de nos décideurs politiques. Faute de disposer - par défaut coupable de prévoyance et d’idéologie niaise (la Belgique disposait de plusieurs dizaines de millions de masques, qui ont été détruits pour « faire de la place » à des réfugiés, comme l'ont rapporté La Meuse et La Capitale, relayées par Atlantico ) - de matériel médical de première nécessité en suffisance et de capacités à effectuer des tests à grande échelle, les décideurs politiques européens en sont réduits, pour la plupart d’entre eux, à assigner à résidence des pans entiers de leur population, ainsi privée de leurs moyens de subsistance.

Pourtant, d’autres voies étaient de toute évidence possibles, comme l’ont démontré certains pays d’Asie. Si le recours au tracking, en particulier, peut susciter légitimement des interrogations d’ordre éthique (liées à la protection de la vie privée), le recours à cette technologie peut aussi se concevoir en rendant anonymes les données ainsi récoltées et en les détruisant ensuite.

Ce défaut de prévoyance et de précaution explique donc, dans une très large mesure, cet échec retentissant de nos États à assurer la protection sanitaire de nos populations, et cela, malgré des perceptions d’impôts à des hauteurs stratosphériques. À l’inverse, on peut constater que les États européens qui ont le plus remarquablement géré la pandémie du coronavirus (l’Autriche et l’Allemagne, par exemple) présentent une situation budgétaire saine et sous contrôle. Il est ainsi permis d’établir un lien direct raisonnable entre la situation budgétaire d’un État (et, donc, son système fiscal) et son aptitude à faire face avec succès à un événement exceptionnel et imprévu, telle une pandémie.

L’État belge obèse ayant honteusement et très largement failli dans l’une de ses missions régaliennes les plus importantes (la préservation de la santé publique) et lâchement abandonné à leur sort les personnes des troisième et quatrième âges, il est permis de remettre en question sa « capacité » et légitimité à « gérer » d’autres pans moins essentiels de la vie en société. En Belgique à tout le moins, un « dégraissage » massif dans les structures publiques devrait être sérieusement discuté et envisagé. À défaut d’une telle réforme structurelle et institutionnelle, accompagnée d’une réduction significative des impôts (particulièrement à l’impôt des personnes physiques), aucune reprise économique digne de ce nom (en termes, par exemple, de réindustrialisation) ne pourra très vraisemblablement être envisagée.

Si la décision du confinement peut être vue comme un terrible aveu de faiblesse, elle constitue également, en même temps, un acte d’autoritarisme très violent à l’égard des populations concernées, qui se voient non seulement privées de leurs libertés individuelles les plus élémentaires et parfois, partiellement ou totalement, de leurs moyens de subsistance, mais aussi soumises à des contrôles dans leur sphère strictement privée particulièrement intrusifs, voire humiliants. Il est stupéfiant de constater avec quelle facilité ce « nouveau régime », que l’on dit purement temporaire, a pu être mis en place et accepté docilement par les populations concernées.

Ainsi les classes laborieuses, qu’elles soient en col bleu ou en col blanc, et qui contribuent d’ailleurs le plus à la survie et au maintien de l’État, sont privées par la contrainte par ce même État, en raison de son imprévoyance et impéritie, de leurs droits les plus élémentaires. Bien plus : leur survie professionnelle, donc financière, mais aussi sociale, voire privée est entièrement entre les mains de ce même État.

Curieux paradoxe pour des sociétés qui vantent tellement leur modèle de liberté.

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17 avril 2020 à 16:36

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