Colonel Jacques Hogard : « Rendre hommage à Hô Chi Minh, une faute grave, morale et politique »

Édouard Philippe, en visite au Vietnam, a rendu un hommage appuyé à Hô Chi Minh. Réaction au micro de Boulevard Voltaire du colonel Jacques Hogard.


Le Premier ministre français était en déplacement au Vietnam.
Que pensez-vous de l’hommage qu’il y a rendu à Hô Chi Minh, le leader de l’indépendance de l’Indochine ?

Je pense que c’est un hommage tout à fait déplacé. Selon moi, c’est une faute grave. Une faute morale bien sûr, mais aussi politique.
C’est une faute morale tout d’abord, parce que c’est faire fi de ce qu’est ce régime et de ce qu’il a fait. Ce régime perdure aujourd’hui au Vietnam. On sait le mal qu’il a fait aux populations, notamment aux minorités et en particulier aux minorités chrétiennes, victimes de persécutions.
C’est aussi faire fi de l’Histoire de la France au Vietnam. C’est oublier le sacrifice consenti par les soldats du corps expéditionnaire français en Indochine. C’est oublier aussi le sacrifice de leurs frères d’arme des unités de l’Empire de l’époque, et en particulier de nombreux Africains tombés aux champs d’honneur en Indochine. C’est enfin oublier le sacrifice de leurs frères d’arme vietnamiens, cambodgiens et laotiens. Ils se sont avant tout battus pour la liberté face au communisme, ce que le Maréchal de Lattre appelait ‘’cette forme moderne des grandes invasions barbares’’.
Rendre hommage à Hô Chi Minh me paraît également être une faute politique, parce que nous n’avons rien à attendre comme complaisance particulière de ce genre de comportements vis-à-vis de ce régime.


Derrière cet hommage, le passé de la guerre d’Indochine remonte. On pense à Diên Biên Phu et au massacre des prisonniers de guerre français à la fin de la guerre, morts en masse dans les camps de travail. On a dû mal à comprendre la position de l’État français sur ce sujet…

Je pense qu’il faudrait que monsieur Philippe lise cet excellent ouvrage intitulé Le manifeste du camp n° 1. Il doit sans doute le méconnaître. Il découvrirait dans ce livre magnifique la réalité des camps de la mort Viet Minh, des camps de rééducation. On y parle de lavage de cerveau. Ces camps ont vu passer tant d’officiers, de sous-officiers et de soldats français.
Si le nom de Boudarel ne lui dit rien, il ferait bien de se renseigner, car il me fait justement penser à Boudarel dans cette affaire.
On ne peut pas nier l’Histoire. On ne peut pas la nier ou la refaire comme on voudrait qu’elle soit. L’Histoire existe. Il faut la prendre en compte avec une double exigence, la fidélité à la mémoire et le respect des véritables intérêts du pays.


De grands enjeux commerciaux semblent néanmoins en jeu entre la France et le Vietnam. Selon vous, les accords commerciaux peuvent-ils excuser cette attitude ?

L’argent a tendance à se substituer à tout aujourd’hui. C’est par exemple la raison de cet aberrant rapprochement de la France avec le Rwanda. Ce petit pays nous attaque depuis 25 ans. Il tente de nous rendre responsables d’un génocide qui a été commis par des Rwandais contre des Rwandais. C’est quand même assez fort de café. Les raisons de ce rapprochement sont purement économiques. Elles sont d’ailleurs liées à l’exploitation éhontée que fait le Rwanda des richesses de son voisin, la RDC, qui est en perdition.
C’est la même chose au Vietnam. On s’en doute bien. Et cela peut être la même chose ailleurs.
Mais quoi qu’il en soit, cela reste selon moi une faute politique, indépendamment de la faute morale. C’est une faute politique de croire qu’on peut ainsi faire fi de l’Histoire pour des raisons purement commerciales et économiques. Je pense que c’est un faux calcul. On ne s’attire ainsi que mépris. On dégrade l’image de la France, son rayonnement et sa capacité de noble influence dans le monde.

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