Dire que Netflix produit 95 % de navets, souvent très marqués idéologiquement, est désormais une banalité. On s’amuserait presque à anticiper chaque fois les discours woke délivrés par telle nouvelle fiction du catalogue avec ses quotas en tous genres. Si bien que certains suggèrent purement et simplement de boycotter la plateforme – on ne peut que leur donner raison.

Ceux-là pourront toujours trouver des « raccourcis » pour se procurer les rares films potables de Netflix et taper ainsi ces malfaiteurs au portefeuille… Parmi ces 5 % de films acceptables, nous recensions, en 2019, un thriller original de John Lee Hancock, The Highwaymen, sur la traque implacable de Bonnie Parker et Clyde Barrow dans l’Amérique de la Grande Dépression. Disponible depuis le 6 janvier dernier, le nouveau long-métrage de Scott Cooper, The Pale Blue Eye, mérite tout autant le coup d’œil. Le réalisateur de Hostiles, western particulièrement remarqué lors de sa sortie en salles en 2017, porte à l’écran le roman homonyme de Louis Bayard (rien à voir avec le NUPES Louis Boyard...) publié en 2006.

Sorte de polar crépusculaire et enneigé à dimension ésotérique, The Pale Blue Eye nous transporte en 1830 dans la prestigieuse académie militaire de West Point, dans l’État de New York, où un jeune officier est retrouvé pendu à une branche d’arbre. Un événement tragique qui s’apparenterait à un simple suicide si le corps de la victime n’avait été délesté, quelques heures plus tard, de son cœur... Dépêché sur les lieux par les autorités de West Point, le commissaire Augustus Landor, tourmenté jusqu’à l’alcoolisme par une tragédie passée, sort alors de sa retraite, mène l’enquête et s’adjoint, pour ce faire, les services inestimables d’un jeune élève de l’académie, un certain Edgar Allan Poe…

Si les décors et les costumes contribuent grandement à la réussite esthétique du film, c’est bel et bien la présence du poète et romancier américain – véritablement passé par West Point dans les années 1830 – qui confère à l’ensemble son aura de mystère. Ténébreux et excentrique à la fois, le jeune Edgar Allan Poe (Harry Melling), par ses traits d’esprit et sa sagacité, parvient peu à peu à voler la vedette au personnage principal, campé par un Christian Bale plutôt moins investi qu’à l’accoutumée mais toujours juste.

Le récit souffre bien de quelques longueurs, l’enquête piétine et le rythme s’en ressent, mais la relation qu’entretiennent les deux hommes, teintée à la fois de déférence, de manipulation et d’une certaine tendresse dans la dernière partie, relève l’intérêt du film qui jamais ne lasse. Avec son twist final accrocheur et inattendu, The Pale Blue Eye se révèle un polar agréable, avec son identité propre. Moins tendu que Hostiles, moins grave et désespéré, il possède un charme singulier et nécessite, à coup sûr, un second visionnage afin de bien reconstituer l’ensemble du puzzle.

4 étoiles sur 5

3434 vues

27 janvier 2023

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Un commentaire

  1. Vu sur Netflix, excellent film noir sur fond d’une célèbre école militaire américaine interprété par d’excellents acteurs.

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