[Chronique] Le triangle des Bermudes de la souveraineté française

VON DER LEYEN MACRON

À entendre M. Attal, que ce soit lors de sa déclaration de politique générale ou de sa conférence de presse sur la question agricole, il semblerait qu’il se soit subitement converti au souverainisme ! Souveraineté et identité reviennent en boucle dans son discours. « La souveraineté alimentaire sera inscrite dans la loi », a-t-il affirmé, en se posant en défenseur de « l’exception agricole française ». Tout cela est fort opportun, à quelques semaines du Salon de l’agriculture et quelques mois des élections européennes.

Mais de quelle souveraineté parle-t-il lorsqu’il énonce, devant l’Assemblée nationale, que « sous l’égide du président de la République, l’identité même de cette majorité, de ce gouvernement, c’est de reconquérir notre souveraineté française et européenne » et, devant le Sénat, « notre souveraineté nationale, c’est encore notre souveraineté européenne » (Service de presse du gouvernement) ? Il devrait savoir que « nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre » (Matthieu 6:24). La souveraineté est la liberté des nations, elle ne peut se partager sans se diluer et se perdre.

Le président de la République, à l’issue du Conseil européen du 2 février, principalement consacré à l’Ukraine, s’exprima en « novlangue » eurocratique. Nulle trace de souveraineté nationale, mais il s’interrogea : « Comment appeler à la souveraineté alimentaire européenne ? » Et d’ajouter qu’il avait demandé à la présidente de la Commission « plusieurs choses » et qu’il la remerciait « d’avoir entendu cette demande ». Voilà une attitude bien peu « souveraine » et qui s’apparente plus à une requête d’un vassal à son suzerain.

Emmanuel Macron, pour tranquilliser le monde agricole, a assuré que la France ne signerait pas l’accord de libre-échange avec le Mercosur « en l’état ». Voilà qui ne rassure guère. Cet accord serait désastreux pour l’agriculture française, et notamment pour l’élevage. Ursula von der Leyen déclarait, quant à elle, le 18 juillet dernier : « Je suis tout à fait convaincue […] que d’ici quelques mois, nous pourrons conclure les négociations avec le Mercosur. » Et Éric Mamer, porte-parole de la Commission, le 30 janvier : « Les discussions se poursuivent et l’Union européenne continue de remplir ses objectifs de conclure un accord… » Quant au vice-président de la Commission chargé du commerce, Valdis Dombrovskis, il a indiqué qu’il se tenait « toujours prêt à voyager dans les pays du Mercosur »… Un jeu de dupes, ou plutôt un jeu de rôles.

Le mot « souveraineté » ne revient dans le discours du Président comme du Premier ministre que par opportunisme électoral. Au demeurant, l’ode à la gloire de l’Union européenne, à la fin du discours de politique générale, en disait long sur la sincérité et la cohérence des propos sur notre souveraineté.

En réalité la souveraineté française n’est plus que résiduelle. Dès 1964, la Cour de justice de l’UE avait affirmé que les États membres avaient « limité, bien que dans des domaines restreints, leurs droits souverains » et que cette limitation était « définitive » (arrêt Costa c. ENEL). Mais traité après traité, les domaines d’origine - concurrence, transport, libre circulation, agriculture, tarifs douaniers, négociations commerciales (Rome) - sont devenus de moins en moins restreints. Ont été ainsi « communautarisés » la recherche et le développement, l’environnement, la politique étrangère commune (Acte unique), l’éducation, la formation professionnelle, la culture, la santé publique, la protection des consommateurs, les réseaux transeuropéens, la politique industrielle, la monnaie unique, la citoyenneté européenne (Maastricht), l’espace de liberté, de sécurité et de justice, l’immigration, les visas, le droit d’asile, la coopération judiciaire civile (Amsterdam). Le traité de Nice étendit le vote à la majorité qualifiée pour devenir la procédure ordinaire avec le traité de Lisbonne, qui a créé de surcroît un haut représentant aux Affaires étrangères et un service diplomatique. Ce qui signifie que, dans ces domaines, les États ne sont plus totalement souverains, voire plus du tout, comme pour la monnaie.

Dès lors, que faire ? Le traité de Lisbonne prévoit que le président de la Commission sera choisi « en tenant compte du résultat des élections au Parlement européen » (art. 17). Partout dans l’Union européenne, les formations qui souhaitent une Union au service des nations et non pas pour s’y substituer progressent. Il serait possible de changer la donne européenne si nous étions capables de nous mobiliser et de concentrer nos votes sur ceux qui portent, depuis toujours, l’ambition d’une Europe des nations. Ce combat de l’enracinement contre le déracinement est vital. Nous devons le gagner.

Attal, Macron, von der Leyen : le triangle des Bermudes de la souveraineté française !

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Sur l’image qui nous est présenté, je perçois Macron en flagorneur plutôt qu’en négociateur affairé. Imaginez-vous un instant en 39/40. La France de l’époque était souveraine en matière alimentaire. L’Allemand intervient. Du jour au lendemain, les citadins mendiaient pour obtenir un croûton de pain, la faim a régné. Les campagnes étaient plus heureuses.Retour en 2024, nos approvisionnements dépendent de l’étranger, blocus maritime. Les français « exsangues » plus que jamais.

  2. Macron a toujours revêtu les vêtements de la duplicité (n’oublions pas non plus le pacte de Marrakech qu’il a signé !) suite à sa npmination en tant que « young leader » au FEM avant sa première pseudo-élection (C’est d’ailleurs le tour de G. Attal pour ceux qui ont suivi). Tout cela pour créer les Etats-Unis d’Europe avec la disparition des Nations non avouée (quoique…) et de la souveraineté des Nations et des peuples. Pour un meilleur asservissement. Avortement dans la Constitution, loi sur l’euthanasie, destruction aboutie de l’industrie et de l’agriculture en sont les symptômes délétères.

  3. Le 26ème président de la république (V) Française est une présidente. Non élue des Français dont elle n’a cure, elle s’appelle Ursula von der Layen et détient tous les pouvoirs de nuisance sur nos tristes existences.

  4. Le mandarin francais face à l’impératrice de l’Europe qui n’a aucun sang royal donc pas de légitimité électorale. Nous devons sortir de cette Europe mafieuse et reconstruire une vraie Europe tout en gardant notre souveraineté nationale. Un gouvernement soumis à une organisation supérieure ne gouverne pas. Stop à cette pantomime.

  5.  » haut représentant aux Affaires étrangères et un service diplomatique » !! Voilà pourquoi Macron a juré la mort de la diplomatie française qui pendant des siècles a été respectée dans le monde.

  6. Ne vaudrait-il pas mieux inscrire dans la constitution la souveraineté alimentaire plutôt que l’IVG ? Simple question !!

  7. Un seul mot d’ordre: voter!! C’est la seule réponse utile qu’il nous reste pour exprimer notre désaccord. Les français qui ne votent pas et qui se plaignent se rendent- ils compte du paradoxe qu’ils incarnent? Même si personne ne trouve grâce leurs yeux il y a bien toujours un candidat qui se rapproche des opinions qui les animent…Quand je vois le taux d’abstention aux élections et que j’observe et entends ce peuple gronder je ne comprends pas…Il faut aller voter!! Ces élections européennes qui arrivent peuvent faire basculer le destin de notre continent. Si les Français ne veulent plus de cette Europe là, alors qu ils se déplacent et qu’ils le disent ! Après ce sera trop tard…

  8. Vous croyez vraiment ce que vous dites ? si les élections servaient encore à quelque chose cela se saurait. On l’a déjà constaté à plusieurs reprises. Quelles qu’en soient les élections il n’y aura qu’une candidate aux élections internes de l’UE, Leyen comme dans les pays totalitaires. Et même s’ils obtiennent 15 % des inscrits ou électeurs ils seront élus. C’est la nouvelle règle et obtenir 15 % de collabos reste toujours facile à réaliser.
    Pour bon exemple les copropriétés avec les pouvoirs, abstentions et autres magouilles tout est facile avec le monde des escrocs d’aujourd’hui.

  9. La souveraineté de la France ils l’ont vendu à l’UE par ambition , lâcheté , profit personnel , promesses …..

  10. Tout est dit dans la conclusion : une volonté de mobilisation de ceux qui souhaitent une Europe des nations et non la dissolution de nos nations dans des Etats-Unis d’Europe (dont on connaît celui qui s’en rêve le Président…). Il est urgent de nous regrouper et de proclamer notre volonté haut et fort, faute de quoi la France perdra toute influence et disparaîtra.

  11. « En l’état ». Tout le mensonge de Macron est résumé en deux mots. Pour lui, il faut tenir, arroser de mots aussi creux qu’ambigus, jusqu’aux Européennes. Quant au Salon de l’Agriculture, s’il n’y a pas une pluie de tomates, c’est qu’il y aura plus de CRS que d’agriculteurs.

  12. Je ne comprends pas pourquoi les agriculteurs ne boycottent pas le salon de l’agriculture. Ils offrent l’occasion à Macron de les enfumer encore une fois. Rien ne changera pour les agriculteurs ; ils continueront d’être mépriser notamment par la gauche bobo écolo et son idéologie qui est dominante dans les villes. Le système est en train de tout cadenasser avec le consentement du peuple « conformiste » soumis au bon vouloir de l’Etat. Rien ne changera. Au contraire, la caste dominante va accélérer le processus de dissolution des peuples. Et s’il le faut, il nous enverrons nous faire éliminer, juste ce qu’il faut, dans une guerre contre la Russie pour assoir leur pouvoir pour des décennies. . l’UE c’est la prospérité et la paix…C’est c’la oui.

  13. L’Europe est sans aucun doute une construction utile et nécessaire pour les pays de l’UE. Mais depuis 20 ans qu’en a-t-on fait? Sur le plan de la cohérence fiscale : Rien sur le plan de la convergence sociale : Rien. Mais on a réglementé le volume des réservoirs de chasse d’eau, le % des terres à laisser en jachère, passé des tas d’accords internationaux sans jamais s’intéresser aux conséquences pour les États membres. Elle a fait de nos frontières des passoires, a accordé aux étrangers des droits que leurs pays d’origine n’accordent pas aux citoyens européens. Elle a décidé que ce qui était bon par exemple pour les allemands l’était aussi pour les autres. Elle a empêché la construction de géants technologiques européens. Bref elle a fait beaucoup de choses mais a oublié l’essentiel : faire en sorte que l’ensemble des habitants de l’UE constitue un seul peuple qui se sente fraternel car disposant des mêmes devoirs et des mêmes droits et surtout qui se sente fier d’être européen. Sur ce plan tout reste à faire.

    • L’Europe est pourrie depuis longtemps. L’Europe en elle même non mais ceux qui y sont et ce depuis l’origine.
      Il n’y a plus de solutions en finir avec cette structure hommes et infrastructures et reconstruire une nouvelle Europe. La seule question comme celle de la politique Républicaine « avec quels hommes » En France il n’y a que Zemmour et son parti qui n’est financé que par les adhérents qui reste crédible et dans la majorité des autres pays de l’UE c’est la même chose. Alors avec quels Hommes avec la génération des politiques professionnels pourris ? ou devenus pourris avec souvenez-vous en « La Démocratie à un coût » l’ouverture à tous les excès.

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