Christophe Barbier propose le démarchage des non-vaccinés par des « brigades » : elle est jolie, leur liberté !

CHRISTOPHE BARBIER

On ne présente plus Christophe Barbier. Directeur de la rédaction de L'Express, maître à penser qui considère (entretien de 2017 au JDD) que « se confronter au terrain pollue l'esprit de l'éditorialiste », il s'est fixé pour but d'être comme un tuteur « sur lequel le peuple, comme du lierre rampant, peut s'élever » (ibid.). On n'est pas plus aimable.

Le peuple des plantes grimpantes se régalera probablement de son intervention de ce vendredi 5 novembre, sur BFM TV. Christophe Barbier, le tuteur à l'écharpe rouge, donc, a son rond de serviette dans ce genre de médias. Il anime des émissions et participe à des débats, ou l'inverse, peu importe. Il a un avis sur tout, puisque le contact avec le terrain ne lui a pas pollué l'esprit (voir plus haut). Il est apolitique mais a demandé à tout le monde de voter Macron en 2017. Il est contre le confinement mais pour les gestes barrières. Rien ne le dérange. Or, justement, voici qu'on lui demande son avis sur la troisième dose. Le présentateur va dans le sens d'une inscription de la troisième dose dans le passe sanitaire. Barbier se doit d'aller plus loin pour qu'on se souvienne de lui dans les 24 prochaines heures. L'histrionisme a ses contraintes, que voulez-vous. Alors il en fait des tonnes.

Après avoir suggéré la privation d'activités sociales pour les non-vaccinés, il demande que tous les noms des réfractaires soient communiqués à des « brigades » par les organismes qui les détiennent. On n'est déjà pas mal. Mais ce n'est pas tout. Il insiste aussi pour que ces « brigades » viennent sonner chez les mauvais citoyens qui ne se seraient pas mis en règle avec le système, et leur tiennent à peu près ce langage : « Mais vous n'êtes toujours pas vacciné ? C'est un problème pour vous et pour les autres. » Le prince des éditorialistes conclut, prudent et lucide, que cette mesure sera toutefois « difficile à mettre en place ».

Alors voilà, il ne suffit pas d'imposer un vaccin sans le rendre obligatoire. Il faut encore que ceux qui n'ont pas accepté d'avoir deux, trois, cinq ou dix doses (ça dépendra du moment que l'on traverse dans la cruelle pandémie) voient leur nom livré en pâture à des brigades de bons citoyens qui viendront leur casser les pieds, moitié témoins de Jéhovah, moitié membres de La Main.

Certes, cette mesure ne sera pas facile à mettre en place. Et pour cause. On n'est pas en Corée du Nord, et dans nos contrées, on peine (pour combien de temps encore ?) à recruter ce genre de personnes. Et ces miliciens, M. Barbier, iront-ils partout ou y aura-t-il des quartiers dans lesquels ils ne peuvent pas entrer ? Est-ce bien raisonnable d'être aussi coercitif, ou est-ce encore pour emmerder les Français, c'est-à-dire ceux qui respectent les lois ? Christophe Barbier porte en toute saison une écharpe rouge. Son histoire a varié au fil du temps (hommage, cadeau de Mitterrand, etc.), mais l'écharpe est restée là, à l'image des convictions du bonhomme : prétentions spectaculaires, prises de position variables, couleurs cardinalices, tissage en polyester. Du toc, mais qui parle fort.

La Macronie perd ses moyens. Espérons que cette démence soit de celles qui précèdent les agonies.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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