Chez Christian Estrosi, les couvents deviennent des hôtels de luxe

sabine Faivre

Christian Estrosi l’assure : le bâtiment sera « respectueux de l’Histoire et de l’environnement » : un chantier avoisinant les 40 millions d’euros destiné à transformer le couvent de la Visitation Sainte-Claire de Nice, datant du XVIIe siècle, et inscrit aux Monuments historiques, en hôtel 5 étoiles. C'est ainsi que le maire de Nice a ainsi annoncé avoir « posé la première pierre du couvent de la Visitation » !

 

Il ne s’agit pas de poser la première pierre d’une cathédrale ni de se transformer en moine bâtisseur mais d'édifier, en lieu et place d’un ancien couvent, un hôtel de luxe de « 7.500 m2 comprenant 88 chambres, cafés, restaurants, bar, centre culturel, et même une piscine », détaille le maire de Nice sur son compte Twitter. À cet effet, le couvent portera désormais le nom d’Hôtel du Couvent. Tout cela sera réalisé « dans un style néo-monacal au confort 5 étoiles », selon les termes du maire dans un tweet.

On ne sait pas ce qu’est un « style néo-monacal au confort 5 étoiles » : probablement pas une cellule d’ermite en quête de dépouillement. On pourra sans doute mesurer l’adéquation du lieu avec l’esprit originel en le comparant au prix des nuitées ou des menus du restaurant…

D’ailleurs, les chambres ne seront pas cependant des cellules monacales, elles auront des superficies allant de 25 à 120 m2… On est assez loin des conditions de vie d’un François d’Assise, du nom de la rue situé au croisement de la rue Sainte-Claire, où se situe le couvent. Mais le maire est convaincu qu’installer un hôtel de luxe dans un lieu dédié à la prière et au salut des âmes correspond bien à l’histoire du bâtiment. Il explique lui-même que cet hôtel s’inscrira dans la continuité historique des clarisses et des visitandines, le projet étant « soucieux de l’héritage conventuel ». Même la boulangerie tenue par les moniales au XVIIe siècle sera réhabilitée, dit-on ! Nous voilà rassurés, il y aura même le pain réservé aux riches.

Autre preuve de cet attachement viscéral à « l’héritage » du lieu, il a lancé le chantier la veille de la fête de la Visitation (ce mardi 31 mai), auquel le couvent est dédié…

Mais nous ne sommes pas à un détail près : il y aura la piscine pour remplacer le baptistère et la boulangerie pour remplacer l’eucharistie. Les symboles seront préservés, c’est tout ce qui compte pour la communication, et peu importe que ces symboles soient dénaturés au profit du culte de l’argent.

Tout cela a au moins un mérite : celui de nous permettre de méditer longuement sur le lien entre christianisme, dépouillement et édification spirituelle. Parce que la soif profonde de l’homme, ce n’est pas le luxe, fût-il démesuré, qui permet de la combler. C’est l’amour.

Sabine Faivre
Sabine Faivre
Auteur, essayiste

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Je ne connais pas l’histoire de ce couvent,les religieuses ont-elles été chassées à la révolution ou bien au début du XX° siècle avec les lois antireligieuses,ou bien tout simplement ces religieuses ont-elles vendu les bâtiments à la ville par manque de vocations!
    Je suis catholique et cela me fait toujours mal de voir disparaître des édifices religieux,mais dans ce cas il ne s’agit pas d’un lieu de culte.
    Chacun sait ce que vaut Estrosi,il vendrait sa mère à crédit!

  2. Effectivement, comme l’observe J.P. Drouin, le vulgum pecus qui veut mettre sur sa maison un velux pour aménager un grenier se fera retoquer de son insupportable prétention par les architectes des bâtiments de France qui lui interdiront une telle audace dans le périmètre d’une usine à gaz classée au patrimoine.

  3. Décidemment, les Visitandines inspirent l’hôtellerie de luxe. Lyon a précédé Estrosi et le couvent de Fourvière devenu hôtel étoilé accueille les visiteurs dans l’ancienne chapelle. Comme avant lui et depuis 20 ans, la « Villa florentine », ancien couvent de religieuses trinitaires dont l’accès se fait par le choeur même de l’ancienne église dont le sol rappelle encore la fonction sans que personne ne s’en soit choqué.
    On ne peut qu’encourager chacun à aller à Moulins visiter l’extraordinaire mus

  4. Authenticité respectée avec bars, restaurants, piscine, et je suppose salle de musclu, salle de boums, etc…Ahaha des gens comme Estrosi ou Aubry sont devenus insoignables !
    Pour autant, je rappelle qu’en Espagne, les Paradores sont des hotels dans des chateaux, couvents etc qui sont une idée de l’époque franquiste mais le contexte n’était pas le même, pas de tourisme de masse dans ces lieux élégants, élitistes.

    • Rien à voir avec les Paradores d’Espagne fréquentés par une catégorie de clients, dont j’ai fait partie, éduqués et respectueux des lieux. Ce ne sont pas des lieux pour nouveaux riches.

  5. Je ne supporte pas Estrosi, et la transformation d’un couvent en hôtel de luxe est discutable, mais vaut-il mieux qu’il tombe en ruines ?

  6. Avec Estrosi, il faut se méfier. Ce couvent contenait , avec certitude, une chapelle.
    Il n’en est pas question dans l’article. Qu’en est-il ?
    Macronisé comme il l’est, va-t-il en faire un salle de prière multi-confessionnelle, où carrément, une mosquée ?
    Qu’en est-il ?

  7. Le Malin sait bien de servir de tout à son avantage. Il y aura sans doute un problème d’enclavement de la colline du Château, mais avec de l’argent, on peut tout résoudre. Du calme, cela va bien se passer !

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