[Notre carte interactive] En 2026, le RN peut gagner 100 à 260 villes majeures
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Tous les deuxièmes lundis du mois, vous retrouverez sur Boulevard Voltaire un article de datajournalisme enrichi d'une carte interactive. Au menu, des analyses percutantes illustrées sur des sujets d'actualité. Un format pensé pour aller à l'essentiel et rendre accessibles des sujets parfois complexes. Aujourd'hui, l'enjeu majeur des municipales à venir.
C'est le prochain rendez-vous officiel du calendrier électoral. Les élections municipales de 2026 constitueront une échéance d’autant plus importante que leur issue pourrait profondément conditionner le résultat de la présidentielle 2027. En particulier pour le bloc patriote et sa championne, Marine Le Pen.
Lors des législatives anticipées de juin 2024, 260 communes de plus de 9.000 habitants ont vu le candidat RN arriver en tête au premier tour en dépassant les 40 % des suffrages exprimés. Dans 98 de ces communes, le bloc patriote (RN et candidats soutenus par Marion Maréchal et Éric Ciotti) a même obtenu plus de 50 % des voix dès le premier tour.
Mais pourquoi retenir les communes de plus de 9.000 habitants ? Parce que, sur les 35.000 communes françaises de métropole et d’outre-mer, seules ces 1.200 communes sont ouvertes au remboursement des comptes de campagne des candidats et constituent un terrain d'affrontement privilégié pour les partis politiques, même si une grande partie d’entre elles ont des maires sans étiquette partisane déclarée. Actuellement, à peine une dizaine d’entre elles sont administrées par un maire du bloc patriote, la plus importante étant Perpignan (120.000 habitants).
2026, tremplin pour 2027
Le constat est fait depuis longtemps. La conquête de l’Élysée par Marine Le Pen bute sur un manque de représentation locale, notamment de relais municipaux capables de servir de caisse de résonance à sa candidature. Depuis l’instauration du seuil des 500 parrainages en 1976, la quête des signatures des maires a toujours constitué un obstacle laborieux pour les Le Pen : une pré-campagne obligée et dispendieuse en temps et en énergie pour le camp patriote qui n'est qu'une formalité pour les autres familles politiques.
En 2027, grâce au confortable matelas de parlementaires et de conseillers régionaux dont le RN dispose désormais, la récolte des 500 signatures requises pour concourir à l’Élysée ne devrait plus poser de problème. Cette difficulté levée, le soutien des maires n’en demeure pas moins essentiel pour crédibiliser et dynamiser la prochaine campagne présidentielle de Marine Le Pen en lui apportant cet ancrage institutionnel local qui, jusqu’ici, lui a toujours fait défaut.
N’oublions pas, en outre, que les municipales permettent de conquérir de nouveaux grands électeurs destinés à voter aux sénatoriales. Gagner des municipalités et en investir de nouvelles au printemps 2026, même dans l’opposition, mettront le RN en excellente position pour décrocher de nouveaux sénateurs à l’automne, notamment dans des départements comme le Nord, le Pas-de-Calais ou les Pyrénées-Orientales.
Dans cette perspective, comme l’illustre notre carte interactive, les résultats des législatives anticipées sont prometteurs pour la championne du bloc patriote.
Comment lire notre carte ?
Chaque cocarde représente une commune de plus de 9.000 habitants. Les communes où le bloc patriote a dépassé les 40 % au premier tour des législatives sont représentées par une cocarde légèrement transparente, les couleurs de celles où il a franchi la barre des 50 % sont nettes. Les trois villes de plus de 100.000 habitants sont représentées par une cocarde plus grande.
Nice et Toulon sont les deux villes de plus de 100.000 habitants où le bloc patriote a de réelles chances de l'emporter en 2026, en plus de Perpignan où Louis Aliot a une grande chance d’être confirmé.
Le défi niçois
Nice est, depuis 2008, administrée par Christian Estrosi. Sarkozyste ardent, Estrosi a su profiter, en 2008, de ses amitiés parisiennes pour prendre la ville à Jacques Peyrat, pourtant UMP comme lui. Il l'a conservée en 2014 sans opposition réelle face à lui et a triplé la mise en 2020 en écrasant les velléités d’Éric Ciotti.
La grande force d’Estrosi, c’est d’avoir sans cesse fortifié ses réseaux en présidant, tour à tour, le département des Alpes-Maritimes et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Sa faiblesse, c’est essentiellement celle d'une ligne politique fluctuante, de Sarkozy à Macron, et celle de sa soumission à la gauche en matière sociale et environnementale. À Bordeaux comme à Lyon, cette attitude a préparé la victoire municipale des écologistes.
Si Christian Estrosi a toujours su, depuis les régionales 2015 (emportées face à Marion Maréchal alors qu’il avait 14 points de retard au premier tour !), s’en sortir lors des élections locales, ses candidats aux législatives ont été balayés en 2024 dans les trois circonscriptions de la Métropole Nice Côte d’Azur par ceux du bloc patriote. Face au même bloc patriote uni, il sait qu’il n’a aucune chance, en 2026. Il fera donc tout ce qu’il peut pour éviter qu’Éric Ciotti, son ancien dauphin, le RN et Philippe Vardon, proche de Marion Maréchal, qui préside le premier groupe d’opposition municipal niçois depuis 2020, ne s’allient pour redonner à la cinquième ville de France une vraie mairie de droite.
L’enjeu toulonnais
En 1995, Toulon devenait la première grande ville de France remportée par un maire Front national. Une victoire survenue trop tôt, puisque la municipalité dirigée par Jean-Marie Le Chevallier, cible permanente des médias parisiens, ne parviendra pas à s’installer et se perdra dans une série de crises internes qui finiront par favoriser l’élection d’Hubert Falco (UMP-LR) en 2001. Les résultats électoraux du FN puis du RN à Toulon souffriront longtemps de cette mauvaise expérience. Ce n’est qu’à partir de la présidentielle 2012 que Toulon redeviendra peu à peu une place forte du vote patriote.
À la différence de Nice, où le RN n’a jamais su ou voulu assurer la continuité de sa représentation, Toulon bénéficie aujourd’hui d’une équipe aguerrie et portée par la dynamique des victoires législatives. Le tandem constitué par Amaury Navaranne, conseiller municipal, et Laure Lavalette, députée de la circonscription du pourtour toulonnais, est d’autant plus favori pour 2026 qu’Hubert Falco est sorti du jeu en 2023, à la suite de sa condamnation pour recel et détournement de fonds publics. L’enjeu est majeur, dans un département où le RN tient toutes les circonscriptions, sauf celle... du centre-ville de Toulon.
À chaque commune son scénario
La carte des 260 communes où le bloc patriote est en situation majoritaire n’est toutefois pas celle des futures mairies RN. Chaque commune a, en effet, une histoire municipale propre : certaines ont déjà des maires sans étiquette qui gouvernent en accord avec leur population. D’autres sont aux mains de maires bien installés, qu’il sera difficile de faire tomber. Sans parler de la prime au sortant.
Gageons, toutefois, que dans un climat politique électrisé par la succession d’Emmanuel Macron en 2027, le bloc patriote aura toutes les cartes en main pour conquérir de manière spectaculaire cet enracinement municipal qui lui fait encore défaut.
33 commentaires
Il appartient aux groupes politiques de bien se faire connaître du public local, surtout très en amont des élections. C’est ce qui a manqué à ZEMMOUR. La leçon devrait porter ses fruits. idem pour les autres partis de droite. La gauche sait très bien le faire. Alors ?
Les mairies ne sont pas des circonscriptions. Les liens avec le maire sont beaucoup plus forts. Le premier magistrat est connu de ses consitoyens et les elections municipales nes sont pas des élections politiques. On ne vote pas pour un parti, mais pour un homme. La qualité du maire ne se juge pas à sont etiquette mais au travail qu’il fait pour sa commune. A Salon de Provence, par exemple, je doute que le maire actuel (LR) perde son poste tant son travail est apprecié par les Salonnais. Perdant contre un socialiste en 2008, il a ete élu avec 56% au second tour en 2014 et réelu avec presque 70% des voix au premier tour en 2020. Il repassera haut la main, même si la majorité des Salonnais a voté pour le député RN, élu contre le deputé sortant macroniste dans sa circonscription, aux legislatives.
Je pense qu’ils peuvent le faire ! Et je souhaite qu’ils le fassent ! Je rappelle que je vote pour ce parti, depuis l’acte unique Européen adopté à Versailles en Juin 1983, qui fut après ratifié par notre Parlement et à laquelle je m’oppose depuis le début ! C’est pour cette raison que j’ai voté non aux accord de Maastricht en Septembre 1992 et c’est pour la même raison pour laquelle j’ai voté contre le Traité Constitutionnelle, en Mai 2005 ! Hervé de Néoules !
De la poudre aux yeux. Le RN s’est rallié aux partis mondialistes, à cette Europe qui nous veut du bien… alors élus ou pas, ça ne changera rien. La véritable opposition aujourd’hui, ce sont les partis souverainistes mais ils n’ont pas droit à la parole … Pire, ils ne parviennent même pas à s’entendre entre eux ce qui les isole encore plus. Alors qu’est-ce qu’il faut faire ?
Nantes, Rennes et surtout Grenoble ne sont pas dans la liste des villes pouvant revenir au R.N. car elles sont des modèles de sécurité et de tranquillité. Il ne s’y est jamais rien passé de fâcheux…..leurs Maires vous le diront encore mieux que moi.
Vous vous trompez Grenoble est devenu dangereux avec son maire écolo laxiste.
Cela vous apprendra, Eddy, à faire du second degré…