Charte des imams : utopie et naïveté 

croissant islam
La lecture de la « Charte des principes pour l'islam de France », signée le 18 janvier par cinq fédérations de musulmans sur huit et présentée comme un succès du gouvernement dans sa volonté de doter l'islam de règles et principes compatibles avec ceux de la République, suscite de multiples interrogations. Ce texte de dix articles que ces cinq fédérations de musulmans ont signé, dont les présidents Chems-Eddine Hafiz de la grande mosquée de Paris et Mohammed Moussaoui de l'Union des mosquées de France (UMF ), répond-il à une volonté librement exprimée et consentie ?
Celui qui connaît les fondements et principes de l'islam peut en douter. Ce texte est visiblement largement inspiré par le ministère de l'Intérieur, qui se donne pour objectif affiché de soumettre la pratique religieuse de l'islam aux lois de la République.
Le préambule de la Charte l'affirme d'emblée : « Aucune conviction religieuse ne peut être invoquée pour se soustraire aux obligations des citoyens. » Objectif louable, mais est-il crédible lorsque l'on sait que l'islam est une religion holistique qui exige de tout régir, de l'ordre de l'intime à l'ordre public ?
Le musulman qui respecte la règle coranique en lisant le livre du prophète de manière littérale est directement en porte-à-faux avec nombre de principes républicains comme l'égalité homme-femme ou la possibilité de changer de religion ; l'apostasie, selon un hadith, est punie de mort, ce hadith étant rapporté par le Sahih Al-Bukhari.
Cette Charte apparaît comme une sorte de « diktat » du gouvernement qui s'inspire directement de notre conception de la laïcité ; une conception aux antipodes de la Weltanschauung de l'islam « totalitaire » au sens global du terme et fondée sur une vision eschatologique du destin humain dictée par Dieu.
De plus, et la Charte le souligne à l'article 7, chaque musulman est libre de se faire une opinion. « Nous affirmons que toutes les écoles doctrinales de l'islam revêtent la même légitimité et qu'il appartient à chacun parmi les fidèles de se forger sa propre opinion. » On est là au cœur du problème de l'islam : il y a autant d'interprétations de l'islam que de musulmans ou presque, et quelles que soient les règles prescrites par la Charte, elle n'interdira pas les imams autoproclamés, n'ayons aucune illusion et gardons-nous de toute naïveté.
Le refus de trois des huit fédérations musulmanes - la Coordination des musulmans turcs en France, l'Union islamique, Foi et Pratique - de signer cette Charte au motif qu'elle stipule des obligations contraires au Coran rappelle la réalité et, surtout, les limites des obligations affichées de ce texte.
À ce titre, croire que l'éthique de l'islam peut se dissoudre dans la laïcité est une illusion coupable et dangereuse : « En islam, la politique est intrinsèquement liée au comportement social qui, lui, est basé sur l'éthique islamique. C'est une partie intégrante de la foi. L'éthique fait partie de la politique et vice versa » (Abdelhad Boutaleb).
La réponse à cette incompatibilité doit être recherchée dans les sanctions à mettre en œuvre à l'encontre des pratiquants islamistes qui violent l'ordre public de l'État de droit français.
Ce n'est pas pour rien que tous les pays où la religion de l'islam est religion d'État ont des ministres religieux - ministres des Awqāf - qui surveillent en permanence le discours des imams et sanctionnent régulièrement les dérives par rapport à la version officielle du pouvoir.
Or, la Charte est très en retrait quant aux mesures à l'encontre des discours mortifères des imams autoproclamés salafistes, elle se borne à édicter, à l'article 10, une « exclusion du contrevenant de toutes les instances représentatives de l'islam de France ». Voilà une menace qui doit faire trembler les intégristes qui prônent la charia !
Certains vont faire valoir, certes, que ce ne sont pas les instances de l'islam de France qui ont le pouvoir de sanctionner les violations des lois françaises par les islamistes, c'est en effet à l'État, dans toutes ses composantes (gouvernement et justice), de faire respecter nos lois ! C'est bien là que le bât blesse.
La réalité est simple : cette charte édicte et rappelle les principes, les règles de la laïcité fondée par la loi de 1905, qui constitue, avec d'autre lois, notre ordre public.
La Charte se veut pédagogique, mais son efficacité sur des croyants intégristes est plus qu'incertaine, elle est illusoire. C'est un acte de pure communication, rien de plus !
La solution réside dans la détermination du gouvernement à faire respecter les lois, en expulsant les intégristes qui les violent en permanence !

Vaste programme, bien loin, très loin du « en même temps » de Jupiter !

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Jacques Myard
Homme politique - Maire de Maisons-Laffitte

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