CGT et socialistes : surenchère dans les propositions irresponsables

Les chiffres sont implacables : en 2021, notre déficit sera de 8,4 % du PIB, nous emprunterons 234 milliards (10 % du PIB). Nous sommes au bord de la faillite. Tout fonctionne encor, car nous empruntons à des taux négatifs, mais si ceux-ci remontent en terrain positif, ne serait-ce qu’à 1 %, tout s’écroulera. Or, nous dépensons 134 milliards d’euros de plus que nos recettes, qui stagnent à 300 milliards. Si nous sombrons (ce qui est probable), nous serons obligés de retrouver l’équilibre budgétaire en sabrant 25 % de nos dépenses, c’est-à-dire en diminuant les pensions de retraite de 30 % pour les deux tiers d’entre elles, en supprimant le RSA et la majorité des aides sociales, en licenciant 30 % des fonctionnaires…

Pourtant, en dépit de la menace de faillite, CGT et socialistes font assaut de propositions démagogiques. La CGT propose la règle des 10 % : recruter 10 % de fonctionnaires en plus, donc payer 500.000 personnes à 20.000 euros par an (ils seraient débutants) pour un montant de 10 milliards d’euros. Elle exige aussi d’augmenter de 10 % tous les fonctionnaires (15 milliards d’euros), de diminuer de 10 % le temps de travail en passant de 35 à 32 heures et en recrutant des fonctionnaires pour compenser. Toutes ces mesures coûteraient, au total, 35 milliards : une folie.

Jean-Luc Gleyze, président socialiste du conseil départemental de Gironde, lui, vient de donner une interview lunaire à 20 Minutes. Il exige de mettre en place un revenu universel qui instaurerait un minimum de 1.000 euros mensuels ! Alors que le RSA est, actuellement, à 565 euros pour deux millions de personnes, que les jeunes de 18 à 25 ans ne le touchent pas (ils sont un peu moins de cinq millions), que huit millions de personnes sont en dessous du seuil de pauvreté, il faudrait 10 milliards pour augmenter le RSA, 60 milliards pour financer le revenu minimum des jeunes (30 milliards si on limite leur allocation mensuelle à 500 euros). Si, en outre, on donne en moyenne 300 euros par mois aux six millions de Français en dessous du seuil de pauvreté, on devrait encore rajouter 30 milliards, soit un total extravagant compris entre 70 et 100 milliards d’euros.

Pour financer cette folie, M. Gleyze propose une réforme fiscale et de prendre aux « riches » pour donner aux pauvres. Personne ne sait réprimer la fraude fiscale et on ignore son montant total (80 milliards, 20 milliards ?). L’évitement fiscal consistant à vivre ou à placer sa fortune dans des paradis fiscaux est légal et l’État est impuissant contre lui. En taxant les ultra-riches, on se heurtera à la limite imposée par le Conseil constitutionnel (70 %). En outre, cela ne rapportera rien : la proposition de 2012 (non appliquée) de M. Hollande d’une tranche de l’impôt sur le revenu à 75 % n’aurait rapporté que 250 millions d’euros ! Une paille. Et, surtout, les ultra-riches voteraient avec leurs pieds et quitteraient le pays, diminuant d’autant nos recettes.

Qui restera à taxer, alors ? Les classes moyennes ! Si on suit le socialiste Gleyze, il faudrait doubler l’impôt sur le revenu ou confisquer la part des retraites au-dessus de 1.500 euros par mois. Est-ce cela, la justice sociale ? Nous aurions affaire, plutôt, à un vol qualifié.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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