Ce maire refuse de marier un Tunisien clandestin et risque 5 ans de prison

Ubuesque. Ce 17 mai, une Française et un Tunisien en situation irrégulière doivent se marier à la mairie de Bourg-lès-Valence (Drôme). Mais Marlène Mourier, maire Les Républicains de cette commune de 20.000 habitants, refuse de célébrer leur union. Selon elle, il s’agit « manifestement d’un mariage de complaisance », autrement dit un mariage blanc. Elle en veut pour preuve les aveux du futur marié lui-même qui aurait, lors d’une audition préalable, confessé vouloir « se marier pour les papiers ». Aujourd’hui, elle a l’intime conviction que ce « mariage est insincère ». L’édile refuse donc de se « rendre complice d’une violation d’une règle de droit et de manipulation de l’institution du mariage ». Les mariés, de leur côté, assurent « avoir pleins de projets » et « s’aimer ».
Marlène Mourier, maire (LR) de Bourg-lès-Valence dans la Drôme, dénonce ce mercredi 14 mai l’obligation que lui impose la justice de célébrer un mariage dans sa commune.
La conseillère régionale dénonce « un mariage de complaisance » entre une femme française et un… pic.twitter.com/Q6mB8YegjW
— Le Dauphiné Libéré (@ledauphine) May 14, 2025
Risque une peine d’inéligibilité
Faute d’éléments probants, le parquet considère que la liberté de se marier, liberté consacrée par la Constitution et la Convention européenne des droits de l’homme, doit primer. La Justice demande donc au maire de Bourg-lès-Valence de célébrer ce mariage, faute de quoi son refus pourrait constituer une entorse à la Constitution. Mais Marlène Mourier, qui dénonce l’absence d’enquête sérieuse menée dans ce dossier, ne cédera pas. « Le procureur m’a dit que si je ne les mariais pas, je serais poursuivie. Qu’ils me poursuivent ! On ira s’expliquer devant les tribunaux », lance l’élue. Marlène Mourier encourt cinq ans d’emprisonnement, 75.000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité. Des sanctions que l’édile ne semble pas craindre. Elle espère surtout que son alerte et sa résistance permettront de « libérer la parole d’autres maires ». Avant elle, par peur des sanctions, de nombreux maires ont cédé et accepté de célébrer des mariages qu’ils jugeaient pourtant simulés.
Marlène Mourier peut d’ores et déjà compter sur le soutien de plusieurs élus locaux. Pour Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, « elle incarne le courage de ces maires qui défendent chaque jour nos valeurs ». « Merci à ceux qui, en première ligne, ne lâchent rien. […] Comme maire, j’aurais fait exactement pareil », ajoute le candidat à la présidence des Républicains. La désormais médiatique Marie-Hélène Thoraval abonde : « Un maire ne devrait pas être contraint de célébrer un mariage s’il a l’intime conviction qu’en le faisant, il se rend complice d’un mariage de complaisance. » Et David Lisnard, maire de Cannes et président de l’Association des maires de France, apporte également son « soutien à Marlène Mourier. Le maire a l’obligation de marier une personne interdite de territoire : énième injonction absurde et contradictoire que subissent les maires. Il est plus que temps de changer la loi ! »
Vers une nouvelle loi ?
Emmanuel Macron, lui-même, interrogé à ce sujet sur TF1, ce 13 mai, appelait à faire évoluer la loi. Face au chef de l’État, Robert Ménard, maire de Béziers, se désolait de devoir comparaître devant un tribunal correctionnel pour avoir refusé de marier, en juillet 2023, une Française et un ressortissant algérien visé par une OQTF. Suite à son refus de plaider coupable dans cette affaire, il sera donc jugé en bonne et due forme. En effet, en l’état actuel du droit, les juges considèrent que « le respect de la liberté du mariage s'oppose à ce que le caractère irrégulier du séjour d'un étranger fasse obstacle » à l’union. « Le droit est mal fait », considère le président de la République, qui « souhaite que la proposition de loi [visant à renforcer les prérogatives des officiers de l’état civil pour lutter contre les mariages simulés ou arrangés] soit rapidement discutée à l’Assemblée nationale ». Ce texte, déposé par le sénateur Stéphane Demilly (Union centriste), a été adopté en première lecture au Sénat. « C’est du bon sens », plaide Emmanuel Macron. Mais alors, pourquoi avoir attendu si longtemps ?
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85 commentaires
Ubuesque situation qui perdure et bien mise en évidence par. R. Ménard. Mais depuis qu’elle est à juste titre dénoncée, qu’ont fait Macron et les gouvernements successifs ? Comme dans la plupart des domaines, absolument rien. Il est en revanche urgent d’instituer un permis de tuer que M. Touraine, qui en fut toujours un chaud partisan, se chargera de faire progressivement évoluer en incitation si ce n’est en obligation : écoutez sa déclaration, « le pied mis dans la porte », dénoncée hier par G. Cluzel sur CNews et qu’on trouve sur internet.
encore une autre preuve que la justice n’existe plus du tout dans notre pays ; sinon un maire devrait avoir l’obligation de refuser de célébrer un mariage de complaisance , et inversement a la situation actuelle être condamné si il accédait à ce genre de demande d’un étranger illégal , c’est un non sens ..
elle a raison et mérite le soutien de tout le monde ….
Je me suis connectée sur « X », ce qui n’est pas mon habitude, juste pour apporter mon soutien à ce maire.
Je ne comprends pas comment un maire a le droit de marier un immigré clandestin, en situation irrégulière. Ca n’a aucun sens, puisqu’il ne devrait pas être là s’il respectait la loi !
Des vices de procédure font annuler des décisions de justice. Ne peut-on pas faire de meme pour ces mariages de complaisance ?Il manque la date ,une signature… annulé , voilà la solution pour les élus timorés qui redoutent les ennuis.
Si Madame aime tant son promis, pourquoi ne pas se marier en Tunisie ? Question peut être bête mais bon