Des centres fermés pour accueillir les migrants : autant ouvrir grand les portes de l’Europe
Rien ne va plus entre les pays de l'Union européenne concernés par les vagues migratoires qui submergent désormais le Vieux Continent. Et ce n'est pas le mini-sommet organisé ce dimanche à Bruxelles, d'ores et déjà boycotté par les pays du groupe de Visegrád (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie), qui viendra apporter les solutions indispensables.
L'errance en Méditerranée de l'Aquarius, ce navire humanitaire qui transportait 630 migrants, et qui a terminé son périple en Espagne après avoir été refusé par les gouvernements italien et maltais, a mis une nouvelle fois en exergue l'incohérence qui règne en matière de politique migratoire au sein de l'Union européenne. Cette incohérence pourrait, d'ailleurs, être à nouveau soulignée à l'occasion de l'accueil, sur le sol européen, d'un nouveau navire, le Lifeline, actuellement au large de l'Italie avec 239 nouveaux migrants à son bord.
Il faut reconnaître que le récent changement de gouvernement en Italie, avec l'arrivée aux affaires de la coalition constituée par le parti 5 étoiles de Luigi Di Maio et la Ligue de Matteo Salvini, bien décidée à lutter contre l'immigration illégale massive dont leur pays fait l'objet, a sérieusement rebattu les cartes. C'est donc avec l'Espagne et l'appui de l'Allemagne que Macron a décidé de faire passer un nouveau message. Et de proposer la mise en place de "centres fermés" sur le sol européen. Ces centres, dotés de "moyens européens", dans lesquels les migrants attendraient, dès leur débarquement, l'examen de leur situation, seraient situés essentiellement en Italie et en Espagne. Selon l’Élysée, la France, dont les côtes sont trop éloignées, ne serait pas concernée par ce nouveau dispositif. Ce qui n'a pas empêché Macron d'avertir, que "des sanctions financières" seraient prises à l'encontre des pays qui refuseraient d'accueillir ces nouvelles structures.
Face à la position française, Matteo Salvini, n'a pas tardé à réagir en dénonçant "l'arrogance du Président français", prêt à transformer l'Italie en un vaste camp de réfugiés pour toute l'Europe. Force est de constater que, face au déferlement migratoire, l'Union européenne aux frontières devenues inexistantes n'est plus en mesure de régler efficacement cette question. Elles se trouve dans l'incapacité d'imposer ses règles aux associations humanitaires pourvoyeuses, au nom de grands principes, d'une immigration incontrôlée. Mais aussi aux États et aux organisations mafieuses, qui profitent d'un drame humain d'ampleur planétaire.
Par ailleurs, la proposition de Macron n'est que la reprise, sous une autre forme, mais plus dangereuse, des "hot spots". Déjà sujet à débat entre les différents pays où ils devaient se situer et les autres États de l'Union européenne, ils ont fait la preuve de leur inefficacité opérationnelle, laquelle a permis à des centaines de milliers de migrants - dont des terroristes de l'État islamique - de passer à travers les mailles du filet. L'idée hispano-française est aussi dangereuse. D'abord en ce qu'elle ne retient aucune des leçons données par l'échec des hot spots. Ensuite parce qu'elle continuera de diviser gravement les pays de l'Union européenne sur un sujet majeur pour l'avenir du continent. Enfin parce que, sous prétexte d'ouverture de camps soi-disant fermés, elle ouvrira un peu plus largement encore les portes d'une Europe déjà complètement dépassée par le phénomène migratoire.
La solution à cette problématique est donc entre les mains des peuples qui, à défaut d'avoir été préalablement consultés, ont déjà exprimé par les urnes leur refus d'un envahissement incontrôlé. De nombreux autres suivront, n'en doutons pas.
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