Budget 2020 : le parc automobile de l’Élysée coûte cher !

Cour_de_l'Elysée_3

Le Parisien de ce mardi nous apprend que le budget de la présidence de la République doit passer de 103 millions, en 2019, à 105,316 millions d'euros, en 2020. La présidence assure que cette augmentation s'explique principalement par un mouvement de ligne budgétaire : « Jusqu'ici, une ligne de 1,7 million d'euros attribuée à la sécurité présidentielle était prise en charge par le ministère de l'Intérieur. Nous l'avons juste déplacée pour plus de cohérence. » Même si l'on admet cette explication, il reste un surplus de 600.000 euros.

Selon la présidence, cet argent permettra de « renforcer les investissements, notamment pour renouveler une partie du parc automobile et remplacer du matériel informatique ». On peut comprendre que le Président, les conseillers et les personnels de l'Élysée aient besoin de se déplacer – souvenons-nous que même Benalla disposait d'une voiture de fonction –, mais cette annonce tombe mal, quand les policiers se plaignent, à juste titre, de l'état de leurs commissariats et de leurs véhicules.

En l'occurrence, on peut se demander si la présidence de la République, qui devrait donner l'exemple d'une gestion rigoureuse, n'est pas une consommatrice gourmande d'automobiles - ce qui, soit dit en passant, n'est pas bon pour la planète. En juillet, la Cour des comptes avait déjà constaté un dépassement du budget de 27 % (près de 7 millions d'euros) en 2018, justifié, selon l'Élysée, par des « dépenses de fonctionnement du service automobile », qui avaient précisément augmenté, cette année-là, de... 27 %.

Le Parisien admet que cette hausse des dépenses ne représente qu'une « goutte d'eau » par rapport à la totalité du budget de l'État. Il n'en reste pas moins que cela fait désordre, quand les ministères sont priés de se serrer la ceinture. D'ici que Sibeth Ndiaye soit obligée de prendre le métro pour se rendre au Conseil des ministres ! Il faut croire que le locataire de l'Élysée et ses proches ont droit à tous les privilèges et ne lésinent pas sur la dépense.

Les privilèges ont été abolis dans la nuit du 4 août 1989 ? Vous vous trompez : les puissants de notre République ont toujours été exemptés de cette règle ! Selon Le Canard enchaîné, même Raymond Barre, l'apôtre de la rigueur, qui affirmait que « la France vit au-dessus de ses moyens », aurait caché de l'argent en Suisse.

Allez expliquer, ensuite, aux Français des classes moyennes et populaires qu'ils doivent faire des efforts, participer au redressement financier de l'État, accepter une réforme des retraites qui diminuera inéluctablement le montant de leurs pensions ! D'aucuns objecteront qu'il ne faut pas envier nos gouvernants, qui se donnent tant de mal pour leur pays : ils ont bien droit à quelques compensations ! Sans doute. À condition de ne pas dépasser la mesure. « Charité bien ordonnée commence par soi-même », dit le proverbe. L'Élysée l'applique à la lettre.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois