Brexit : l’aveuglement des intégristes bruxellois fera-t-il le malheur du continent ?

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Après le congrès du parti conservateur, ce mercredi, et à six mois de l'échéance du départ britannique de l'Union européenne, on ne sait toujours pas ce qui va se passer pour les futurs rapports entre le Royaume-Uni et le reste des pays européens. C'est très grave et la faute doit en être principalement portée au débit des intégristes bruxellois : Tusk, Juncker, Barnier, voire Macron. Ces intégristes se sont désormais raidis sur un dogmatisme dépassé et dangereux. Le même qui les conduit à rechercher l’affrontement idéologique avec une partie de nous-mêmes, les Européens non soumis, comme s'ils détenaient une telle vérité révélée qu'il faille passer outre les voix des peuples.

Or, il faudra proclamer toujours et encore les principes intangibles et sacrés de la démocratie européenne, car si on s'en éloigne, on entre dans un système totalitaire : tout peuple est souverain, il doit voter sur tout ce qui concerne son destin collectif, et ce qu'il vote ne peut être remis en cause. Les violations de tels principes devraient être instituées - comme dans l'Athène antique - en crimes et délits contre la démocratie avec sanctions graves. On a fait revoter des peuples en Europe et, notamment en France, on a foulé aux pieds, en 2008, le vote souverain du peuple de 2005. Il est donc particulièrement liberticide d'évoquer la possibilité de faire revoter les Britanniques sur le Brexit.

La portée pratique du Brexit serait assez facile à gérer. Mais les solutions sont gênées par la morgue des eurocrates (non élus démocratiquement) : Tusk, Juncker, Barnier et, en général, toute la caste et la secte bruxelloises. Tout se passe comme s'il s'agissait de se venger du Royaume-Uni et de faire une sorte d'exemple des difficultés qui sont sciemment provoquées. À Salzbourg, Tusk, qui ne représente plus rien en Pologne, a décidé d'humilier Mme May ; et il a humilié le Royaume-Uni tout entier. Les vizirs de la Commission et du Conseil sont en train de fragiliser le continent en voulant donner des leçons à la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie, l'Autriche, l'Italie ; et, par-delà, aux États-Unis. Mis en minorité sur leurs idéologies rejetées pour leurs échecs, ils compensent en raidissant leur intégrisme. L'erreur des vizirs est de considérer, à la lueur de leur intégrisme, le Brexit comme un schisme. Au lieu de chercher simplement le bien commun du continent et des peuples européens.

Pourtant, alors que les grands prêtres bruxellois veulent imposer une méthode de divorce inspirée de leurs critères dogmatiques d'avant-Brexit, il serait très facile, à l'aide de quelques impératifs simples, de trouver les solutions. En vérité, il faut simplement chercher, sur les grands sujets vitaux pour le continent, les meilleures réponses pour les Européens, et pas - comme le veut Tusk - une solution globale imprégnée de l'idée que le Royaume-Uni doit expier.

Quatre grands sujets sont à régler.

Le plus important est celui de la Défense. À la veille d'un probable affaiblissement de l'OTAN voulu par Trump, les Européens doivent prendre à bras-le-corps la défense du continent : la France doit proposer une alliance stratégique au Royaume-Uni, l'autre pays nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité. Les industries de la Défense, aéronautique et navale, doivent se concerter sur de grands projets ; puis, par ailleurs, la France doit proposer une alliance aux pays européens de la Méditerranée ; et, enfin, proposer aux Russes de régler la crise ukrainienne, de dénucléariser les relations euro-russes en proposant un traité de paix européenne.

Sur le droit et la justice, il faut donner acte au Royaume-Uni de son retrait partiel ou total du système bruxellois ; ce qui posera peu de difficultés pour nous et n'offrira que des avantages pour lui.

Sur la circulation des marchandises, la France, troisième fournisseur du Royaume-Uni, devra, en raison des proximités géographique (tunnel sous la manche), historique, diplomatique, militaire, conclure avec les Britanniques un accord bilatéral douanier, autonome de Bruxelles, en attendant que, peut-être, le Royaume-Uni entre dans le système de l'EEE (espace économique européen), comme la Suisse et la Norvège.

Même solution pour les personnes : accès libre aux touristes pour trois mois, permis de séjour ou de résidence simplifiés au-delà et, s'il y a lieu, permis de travail.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:06.
Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

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