Brégançon, au service des vacances présidentielles

© elysee.fr
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Le voici venu, le temps des vacances présidentielles. Emmanuel Macron, malgré l’absence d’un nouveau gouvernement et les Jeux olympiques, a décidé de s’accorder quelques jours de repos après une longue période de tensions politiques. Vacances « par intermittence », puisqu'il fait des allers-retours sur des sites d’épreuves olympiques pour encourager les athlètes français. Délaissant le Nord-Pas-de-Calais et le Touquet-Paris-Plage, l’actuel locataire du palais de l’Élysée et son épouse ont donc pris la route du Sud en direction du fort de Brégançon, la demeure d’été des présidents de la Ve République.

Un lieu de vacances, de repos…

Situé à Bormes-les-Mimosas dans le Var, Brégançon fut choisi et acheté par le général de Gaulle en 1968 afin que le chef de l'État puisse avoir un lieu de villégiature loin des tumultes de Paris et s’y reposer tranquillement. Cette nouvelle résidence présidentielle est alors à la mesure de l’homme du 18 juin, car quoi de mieux pour un chef militaire qu’un fort ? Seulement, le Général n’y dormira qu’une seule nuit et décida de ne jamais y revenir en raison des nombreux moustiques qui l’incommodèrent lors de son séjour. Georges Pompidou, tolérant mieux ces insectes perturbateurs, profite du fort pour y passer ses vacances d’été comme d'hiver, durant lesquelles il a plaisir à organiser de nombreuses soirées mondaines. Sensible à l’art moderne, il fait aussi décorer et aménager le site à son goût.

Puis, quelques décennies plus tard, Jacques Chirac devint à son tour un locataire estival et assidu du fort. Les habitants de Bormes-les-Mimosas s’habituèrent alors à voir de nombreux rassemblements de foule lors des promenades ou des sorties de messe du président de la République. Ce dernier, même si parfois l’ennui le prenait, se sentait à l’aise en ce lieu, parfois même trop à l’aise, au point que des paparazzis réussissent en 2001 à le photographier dans le plus simple appareil.

…et au service du pouvoir

Cependant, malgré sa vocation d’être un lieu de repos, le fort n’échappe pas à la politique, qui poursuit le Président, où qu’il soit. Ainsi, sous le mandat de Valéry Giscard d’Estaing, Brégançon est le théâtre d’un épisode fâcheux en raison de tensions politiques. En effet, à l’invitation du couple présidentiel, le Premier ministre Jacques Chirac et son épouse se rendent au fort lors de la Pentecôte en 1976. Ces derniers sont alors très mal reçus, attendent des heures cloîtrés dans leur chambre avant d’être appelés pour le dîner. Or, ce dernier se passa en présence du professeur de ski du Président, sous-entendant que la fonction de Premier ministre était égale à celle de cet entraîneur. Pour Chirac, l’humiliation est à son comble et il va alors garder une forte rancune contre Giscard d’Estaing. Peu de temps après, en juillet 1976, il remet sa lettre de démission et décide de ne pas soutenir le Président sortant lors des élections de 1981 face à François Mitterrand. Ce dernier, une fois au pouvoir et disant pourtant que Brégançon était « un bel endroit » et qu’il y reviendrait « certainement », n’y passa en réalité que très rarement, lors de ses deux mandats. En effet, selon son Premier ministre Pierre Mauroy, « la République n'a pas besoin de résidences secondaires ».

Quelques années plus tard, Nicolas Sarkozy, après son mariage avec Carla Bruni, délaissa peu à peu le fort, lui préférant la demeure de son épouse au cap Nègre tout proche. Cependant, il profita de ses courts séjours à Brégançon pour se faire photographier lors de ses joggings quotidiens afin de donner l’image d’un Président en pleine santé, sportif et énergique.

Le fort ouvert au public

À son tour en 2012, François Hollande goûta aussi au plaisir du fort, mais voulant être un Président normal, proche du peuple, il souhaita rendre le bien du peuple à ses légitimes propriétaires. Pour cela, en 2014, il fait ouvrir les portes du fort aux visiteurs ainsi qu’aux curieux et en confia la gestion au Centre des monuments nationaux.

Emmanuel Macron revient sur cela en 2017 et décide de redonner la direction du lieu à l’Élysée sans pour autant arrêter l’ouverture de Brégançon au public. Homme de communication, il fait aussi du fort un outil au service de sa politique étrangère en y accueillant de nombreux chefs d’État, comme Theresa May en 2018, Vladimir Poutine en 2019 et Angela Merkel en 2020.

Ainsi, ce qui devait être un havre de paix, un lieu de repos pour chacun de nos dirigeants qui auront marqué de leur empreinte le fort de Brégançon, devint au fil du temps et de façon inexorable un nouvel instrument au service de la politique présidentielle.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/08/2024 à 13:00.
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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Et interdiction aux plaisanciers de s’approcher du Fort à des distances que les précédents n’exigeaient pas. Bizarre, non ?

  2. Brégançon, c’est comme le chateau d’If, ça doit être transformé en « cul de basse fosse » pour y incarcérer à vie les traitres !

  3. Ca ne me choque pas et ca ne me dérange pas ! Pourquoi ? Parce que le fort Brégançon dans le Var est dévolue à être la villa de Vacances et d’été des Chefs d’états Français ! Le seul chef d’état à ne pas l’avoir utilisé, est François Mitterand ! Parce que il avait déjà sa villa de Vacances et d’été à Latché dans les Landes ! D’ailleurs tous les chef d’état dans le monde ont leurs villa de Vacances et d’été ! La Reine Elisabeth II et le Rois actuelle Charles III possède toujours le Chateau Royal en Ecosse ! Vladimir Poutine possède sa Datcha dans la Taiga en Grande Banlieue de Moscou ! Ca ne devrait pas faire un sujet polèmique ! Amitiés à tous ! Hervé de Néoules !

    • Ah bon ? Elle est où la villa du nabab allemand ? Celle de la présidente de Croatie ? Du Danemark ? Etc. Il ne s’agit pas de tous et reines et surtout pas en France où l’on est tellement fiers de leurs avoir coupé la tête ! Quant à Poutine, on le haut, on le démolit suffisamment pour ne pas prendre exemple sur lui ! Il est quand même évident qu’en France, pays de la révolution, le nabab national vit grassement aux crochets du peuple laborieux et n’a aucune honte de faire profiter toute sa cour de ces privilèges indécents dans une république.

  4. Ce serait vraiment le moment d’exhumer la photo de Poutine, en 2019, arrivant à Brégançon un bouquet de fleurs à la main. La scène avait été préparée avec soin car c’étaient, il me semble, Emmanuel et Brigitte qui l’avaient reçu à la porte. Sans doute le personnel était-il de congé ?

  5. la France est dans le chaos, il n’y a plus de gouvernement, l’assemblée nationale est un vrai capharnaüm sans aucune majorité, et monsieur est en vacances et fait organiser des réceptions comme au Louvre dernièrement avec 500 invités, le bateau coule, mais le capitaine continu de se bafrer, ainsi va la France aujourd’hui.

  6. Effectivement , Macron ne doit pas craindre les moustiques , pas davantage que la smala « Trop-Gneux » s’égayant bruyamment autour de la piscine en contreplaqué , véritable horreur , n’arrivant même pas à égayer l’impression lugubre que dégage ce fort de Brégançon .

  7. Sinon ,c’est libre en septembre ? Il faudrait compter combien pour la première quinzaine ? (Avec un chien)

  8. La route du sud … disons plutôt les aéronefs de l’état payés grace à nos impôts ….au fait combien d’aller-retour des avions gouvernementaux ???

  9. La France est endettée, mais notre chef de l’état se permet des aller retour entre Brégançon et les sites d’épreuves olympiques. Le contribuable paiera, une fois encore, les caprices Présidentiels, alors que dans le même temps au sacro saint principe de l’écologie, tout est fait pour que le peuple ne puisse plus se déplacer.

    • Comme vous avez raison: « 30 Km/h, parcmétres abusifs, routes partagées (vélo-aut), bref toutes les « joyeusetés » de la réglementation « bobo-écolo » de bruxelles !

    • Un avion présidentiel , ça ne pollue pas, c’est bien connu ! Alors que mon petit diesel contamine la planète, à ma grande honte !

  10. Ce lieu comme beaucoup d’autres sont devenus des « écuries d’Augias » ! … Il va falloir une sacrée désinfection démocratique de les « Ors de la FRANCE » ! …

  11. Je ne sais pas ce que l’homme du 18 juin aurait déclaré pour éviter une lutte des races importé des Etats Unis par nos élites et nos banlieues mais il faudrait de nouveau appliquer une politique d’assimilation. « Dans le mouvement incessant du monde, toutes les doctrines, toutes les écoles, toutes les révoltes, n’ont qu’un temps. Le communisme passera. Mais la France ne passera pas. » Un petit peu d’espoir estival ne fait pas de mal avant de revenir à la dure réalité de la vie politique.

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