Bardella : Un boulevard vers la présidence (du RN) !

BARDELLA

« Je mènerai la campagne des législatives aux côtés de Jordan Bardella. » Au soir du second tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen savourait sa défaite au goût de victoire pour ses troupes. Certes, l’écart entre Emmanuel Macron et la candidate du RN n’était pas aussi resserré qu’espéré, certes, le spectre de la dernière campagne de Marine Le Pen avait quelque peu rembruni les troupes qui espéraient finir sur une victoire, mais il était difficile de sentir une atmosphère de défaite dans le pavillon loué pour l’occasion. Surtout, personne n’a omis de remarquer que la seule personnalité du RN citée par Marine Le Pen était Jordan Bardella. Le président par intérim du RN venait, aux yeux de tous les militants et fidèles du parti, d’être adoubé par l’ex-candidate à l’élection présidentielle, et la notion d’intérim accolé à son titre de président était plus que jamais une affaire de forme.

Marine Le Pen, forte de son groupe de 89 députés - un résultat inespéré pour le RN et fortement inattendu pour leurs adversaires politiques -, peut donc laisser à son dauphin désigné les rênes du parti pendant qu’elle mènera la bataille au sein de l’Hémicycle. Mais c’était sans compter sans une éventuelle volonté de Louis Aliot de sortir du bois. N’avait-il pas déclaré sur Sud Radio, le vendredi 10 juin : « S’il le faut, en fonction des lignes politiques qui seront choisies, oui, je pourrais me porter éventuellement candidat, mais pour l’instant je n’ai pris aucune décision », à quelques jours du premier tour ? Pour l’heure, le maire de Perpignan hésite, consulte ses amis et fait chauffer son téléphone. Il sait comme tout le monde que dans le premier cercle mariniste, on voit d’un très mauvais œil la potentielle élection de Jordan Bardella. Du côté du Nord, notamment, on renâcle sec. Sur la forme, on reproche à Bardella une trop grande proximité, « un double jeu » concernant Éric Zemmour et Reconquête.

« Le problème de ceux qui s’opposent à lui, c'est qu’ils n’ont aucune personnalité d’envergure équivalente à opposer à Bardella », estime un député du Rassemblement national. Lundi, l’élue du Var Laure Lavalette a publié une tribune dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles appelant de ses vœux l’élection de Bardella à la présidence. Une manière de déblayer le terrain et de couper l’herbe sous le pied des éventuels détracteurs avant l’été. « Une manière comme une autre de partir sereinement en vacances », s’amuse un connaisseur de l’appareil du RN. La tribune a en tout cas fait mouche et a été reprise par pléthore de députés et militants RN sur les réseaux sociaux.

« Ma ligne politique, c’est celle de Marine Le Pen », a affirmé Jordan Bardella, ce mardi, sur RMC, soulignant également que la seule différence entre Aliot et lui est une différence de « parcours ». Et de conclure par ces termes : « On ne change pas une équipe qui gagne. »

« Jordan Bardella doit rester président du RN ! Depuis qu'il est à la tête du mouvement, il forme avec Marine Le Pen un binôme complémentaire qui mène nos idées à des scores historiques », estime pour sa part Alexandre Loubet, député de Moselle et directeur de la communication du RN. Dans tous les cas et pour de nombreux élus, le choix du président sera celui de Marine Le Pen. « Aliot et Bardella, pour moi, cela fait peu de différence, ils sont tous les deux marinistes », confie la députée Edwige Diaz, patronne du RN en Gironde et, elle aussi, fidèle de Marine Le Pen.

« Parce que ce choix de cœur et de raison s’impose comme une évidence, j’appelle l’ensemble de mes collègues à accorder leur parrainage à Jordan Bardella et à soutenir son projet de candidature », écrivait Lavalette dans Valeurs actuelles. Pour l’instant, seul candidat, Jordan Bardella voit un boulevard s’ouvrir jusqu’au 18e congrès du RN. En tout cas, avec un tel rouleau compresseur à sa disposition, on voit mal qui pourrait barrer la route au jeune et fulgurant Bardella. Seule Marine Le Pen en aurait les capacités. Certains, dans son premier cercle, en rêvent la nuit. Réponse officielle le 5 novembre lors du congrès.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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