Bagarre pour un masque : une allégorie
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Il n'y a pas que des désagréments à lire la presse quotidienne régionale, la trop célèbre PQR. Voyez, par exemple, cette bien belle histoire qui est arrivée, le 15 janvier dernier, sur un ferry qui reliait Bastia à Toulon et que nous raconte Ouest-France.
Ça se passe dans la file du self-service. Ah, ben oui, c'est pas l'escalier du Titanic, hein, on est en 2021. C'est plutôt du Raymond Devos. Vous imaginez le sketch : « Dans cette file du self, en effet, un jeune homme a faim. Avec une malignité presque impossible à envisager, il ôte, pour manger, le masque qui lui mangeait le visage. À côté de lui, un quinquagénaire le dévisage. Je ne l'ai pas dit, mais l'homme est corse, et on sait qu'entre l'air et les Corses, il ne faut pas mettre le masque. La cagoule, tout au plus, mais là, ce n'est plus pareil. Avec une cagoule, on a le nez couvert mais, surtout, on n'a pas le cou vide ». Bon, j'arrête.
Le quinquagénaire, sans doute un bon citoyen qui préfère vivre comme une limace que mourir en toussant, parle au Corse sur un ton que celui-ci juge « un peu trop haut ». Le Corse s'énerve. L'ancien aussi. Le quinquagénaire menace de casser une bouteille sur le crâne du Corse. Des passagers le retiennent. Mais c'est finalement le Corse qui casse une bouteille de bière sur le crâne du quinquagénaire. Points de suture, ITT, comparution immédiate, six mois de prison. Le Corse « regrette ».
Cette jolie petite histoire, bien que tout à fait réelle, est une allégorie. Qui n'a jamais rêvé (alors que, pourtant, c'est mal, très mal), dans le plus profond de son subconscient, de fracasser un objet lourd sur le crâne d'un boomer angoissé qui vous fait une petite remarque acerbe ou même vous engueule parce que vous ne respectez pas les mesures sanitaires ? Mais aussi, peut-être, certains ont-ils rêvé de dire leur fait à toutes ces méchantes gens qui circulent avec le menton nu ? Heureusement, la bonne éducation des uns, une pratique affûtée du vivre ensemble des autres, font que nous n'en sommes jamais réduits à ces extrémités. Jamais, nulle part...
Cette atroce pandémie qui tue des dizaines de milliards de personnes a au moins le mérite de « décrisper les codes sociaux ». C'est ça, aussi, le nouveau monde.
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