Après sa renonciation, Taubira vend ses voix. Qui en veut ?

TAUBIRA

Ils sont décidément impayables, ces politiques. Tenez, prenons la nébuleuse Christiane Taubira : dans le discours de renonciation qu’elle a prononcé mercredi, elle nous a gratifiés d’une de ces phrases sibyllines dont elle a le secret, évoquant une « dynamique de maison commune pour les législatives » de juin prochain. Franchement, de quoi qu’elle nous cause, la Christiane ?

C’est France Info qui traduit (on parle couramment le Taubira, sur France Info) : « Christiane Taubira n’est plus candidate à la présidentielle. Mais elle ne tourne pas le dos à la politique et se prépare déjà pour peser sur la suite. » Avec un carton plein à 1,5 % au dernier sondage, m’est avis que ça ne va pas peser très lourd.

Pourtant, elle devait déchaîner les foules. Jusqu’à Gala – certes pas réputé pour ses fines analyses politiques – qui écrivait, voilà à peine un mois (le 8 février) : « Six années après avoir tiré sa révérence, Christiane Taubira fait un retour fracassant (sic) sur le devant de la scène politique. Après avoir annoncé son entrée dans la course à l’Élysée, l’ancienne (sic) Garde des Sceaux frappait un grand coup en remportant la Primaire Populaire de la gauche dans la soirée du 30 janvier. » Et donc, 23 jours plus tard, le retour est tellement fracassant qu’elle fait… demi tour.

Il paraît – c’est encore Gala qui raconte – que le message de non-félicitations envoyé par son meilleur ennemi Mélenchon l’avait beaucoup fait rire au soir de sa victoire. Le bougre avait déclaré : « Elle a enfilé la chaussure qui avait été préparée pour elle. » Quant à sa copine Hidalgo, la candidate estampillée PS qui la snobe du haut de ses 2 %, elle a refusé d’affronter celle qui n’était, en effet, « qu’une candidate de plus dans cette campagne présidentielle ».

Donc, faute de parrainages (elle en a recueilli 181), Christiane Taubira renonce… et remet ses voix sur le marché. Alors, qui en veut, des voix de la Christiane ?

C’est Yannick Jadot qui se met sur les rangs. Arrivé derrière elle à la fameuse primaire avec une mention « assez bien », il estime légitime de récupérer les miettes. Et puis il est juste à 5 % d’intentions de vote, et comme un accident est toujours possible, ça permettrait à EELV de passer la barre et rentrer dans ses frais de campagne.

Et puis il y a Mélenchon, bien sûr, donné autour de 12 % et dont une certaine gauche rêve de le voir rafler la mise. Les bons en calcul mental ont fait l’addition : 12,5 de Mélenchon + 2 d’Hidalgo + 1,5 de Taubira, c’est déjà largement plus que Zemmour et Pécresse et pas loin de Le Pen. Si l’on pouvait y ajouter le Vert Jadot – bien qu’il ait toujours dit qu’il « n’était pas question pour lui de sacrifier sa candidature » –, Mélenchon serait au second tour face à Macron. Lequel, fine mouche, va nous annoncer sa candidature demain par voie de presse. Le gros malin.

C’est qu’il est très pris, notre Président, il faut le comprendre : il est occupé à nous sauver de la guerre mondiale dans le monde et du feu nucléaire, alors pas le temps de se déclarer. Mais il pense à nous très fort. La preuve : il vient d’envoyer son Premier ministre nous annoncer la fin du passe vaccinal pour le 14 mars. Quoiqu'à cette heure, ça n’est pas encore très clair : suspension et suppression ? Une chose est sûre, cependant : on pourra voter Macron sans masque.

Ben quoi, c’était bien le but, non ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Elle a eu le mérite d’occuper la gauche et les médias pendant un certain temps et de se ridiculiser une nouvelle fois, alors souhaitons lui bon voyage et long retour.

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