Anniversaire d’Harry Potter : J. K. Rowling interdite à la fête

jk rowling

Le 1er janvier 2022, la chaîne américaine HBO diffusera Retour à Poudlard, un événement pour fêter les vingt ans de la franchise cinématographique créée à partir de la saga du jeune sorcier Harry Potter. Bien sûr, les acteurs des trois personnages principaux Harry Potter, Ronald Weasley et Hermione Granger en seront. Participeront aussi ceux qui portèrent les rôles d’Arthur, Fred, George et Ginny Weasley, Luna Lovegood, Neville Londubat, Rubeus Hagrid et Sirius Black. Même les méchants Bellatrix Lestrange, Drago Malefoy et Lord Voldemort ! D’autres membres de l’équipe sont annoncés… Bref, une grande fête de retrouvailles. Il est normal qu’en dix ans et huit films, des liens se soient tissés, tant entre les acteurs qu’avec leur public : faire un film est une aventure artistique collective.

Il manquera cependant une personne à cette aimable réunion de famille : Madame Joanne dite J. K. Rowling n’est pas persona grata. L’auteur des sept romans qui ont servi de support aux films des jeunes sorciers n’apparaîtra que par des images d’archives. Elle est victime d’une cabale pour sa supposée transphobie. Eh oui, refuser de faire un distinguo subtil entre une femme et une personne qui a des règles vous condamne sans appel au tribunal médiatique. Elle a en outre récidivé – douteuse provocation - en confiant à un travesti le soin d’incarner un tueur en série dans un roman paru en 2020 sous le pseudonyme de Robert Galbraith.

J. K. Rowling n’est pas une réactionnaire rétrograde aspirant à un retour au XIXe siècle victorien, mais elle pense que le réel existe bel et bien, qu’il s’impose à nous et elle ose le dire avec intelligence. L’aura que lui procure l’incommensurable succès de ses œuvres donne à ses propos une portée intolérable pour les arbitres de la bien-pensance. Le « wokisme » veut déconstruire tout état de nature qui s’opposerait au désir de l’homme. Pour créer du consensus autour de ses thèses fumeuses, rien de tel qu’un bouc émissaire à mettre à mort, fût-ce symboliquement. J. K. Rowling peut faire l’affaire.

L’éviction de l’auteur de cette fête d’anniversaire ressemble fort à de l’ingratitude : la chance offerte par ces rôles n’était-elle pas, pour une ribambelle de jeunes acteurs, un heureux sortilège ? Un soupçon même d’hypocrisie pourrait bouillir dans le chaudron de cette amère potion, car tout le monde veut bien continuer à faire du business autour des créations passées et futures de J. K. Rowling.

Comme admirateur sincère du monde fictif qu’elle a imaginé, de sa poésie, de sa cohérence, je souhaite que son amour-propre n’en souffre pas. Il est probable que les millions engrangés auront permis à la talentueuse Joanne Rowling d’édifier une tour d’ivoire massif d’où elle pourra, si elle le souhaite, se gausser de ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités. Elle a montré que son imagination était féconde. Après avoir inventé les détraqueurs, peut-être que, dans une prochaine fiction du monde de la sorcellerie, elle inventera des détraqués : des personnes qui, à partir de prémisses fausses et d’une logique digne des Shadoks, créent une idéologie de pacotille et tentent de l’imposer au monde à grands coups de cuistreries en tout genre. Succès garanti !

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