Anne Hidalgo, femme providentielle du PS

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Un vote interne aura lieu au Parti socialiste, le 14 octobre prochain. Il devrait désigner, avec un sens du suspense à l'ancienne qu'on ne retrouve plus désormais qu'en Corée du Nord, Anne Hidalgo comme candidate du Parti socialiste à l'élection présidentielle. La maire de Paris, comme on dit aujourd'hui, ne s'est même pas déplacée, le week-end dernier, pour le congrès du parti. Il ne devait plus y avoir de place dans la cabine téléphonique. Et, de toutes façons, elle est tellement sûre de l'entier soutien de l'appareil partisan, encore solidement implanté en province (pardon : « en régions, dans les territoires »), qu'elle peut désormais se consacrer au combat du moment, celui qui lui permettra de racoler d'autres voix : l'écologie (désormais associée au féminisme, au décolonialisme... et même, grâce à la délicieuse Sandrine Rousseau, à la sorcellerie).
Anne Hidalgo possède un CV qui, aux yeux des militants, coche toutes les cases : c'est une femme, elle est d'origine espagnole, elle a été inspectrice du Travail (poste prestigieux tout en restant dans la fonction publique : on est en famille). Encartée au PS depuis 1994, repérée par Bertrand Delanoë au nom des quotas de l'équipe municipale, elle a transformé Paris en bazar inclusif et diversitaire (ne faisant, après tout, que reproduire, en petit, ce que quarante ans de gauchisme culturel ont donné en France). On comprend qu'elle n'ait pas besoin de se déplacer pour être adoubée. Elle est choisie d'office, « sur étagère », comme on dit dans le monde de l'entreprise. Elle est parfaite pour le rôle qu'elle doit jouer.
Le plus amusant, dans tout ce cirque, dans tout cet emballement, c'est que la candidate socialiste ne dépassera probablement pas les 8 %. Il va en falloir, des vieilles filles du Planning familial, des conseillers régionaux en surpoids, des sénateurs du Grand Orient, des jongleurs en sarouel, des jouisseurs millionnaires, des profs d'allemand et des urbains élevés aux graines de soja pour former un corpus d'électeurs tant soit peu cohérent. Les fanatiques sont allés à La France Insoumise, les sociaux-démocrates sont allés chez Macron. Le PS est devenu un parti de ratés. Ce n'est pas grave, hein, mais c'est comme ça.
On ne peut donc pas en vouloir à Anne Hidalgo de se tenir à l'écart de cette petite troupe enthousiaste mais quelque peu gênante. Elle regarde déjà ailleurs, comme une Delphine de Nucingen ou une Anastasie de Restaud, embarrassée par un Père Goriot affectueux mais décidément insortable. Ce n'est pas très beau, humainement, mais c'est ainsi. Ce snobisme assez méprisable se justifie-t-il pour une poignée de voix ? À ce stade de la compétition, la mégalomanie a définitivement pris le pas sur les bons sentiments. Alors, souhaitons-lui tout simplement bonne chance.
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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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