Pour le pouvoir macronien, il y a, une fois de plus, vertu et vertu. Ainsi, quelques semaines après les pèlerinages de Macron, Darmanin, Borne, Le Maire et autres ministres à Alger, on apprend que le régime tant flatté et caressé dans le sens du poil n’est pas tout à fait un modèle de démocratie. Dans son numéro daté du 28 décembre, Le Monde (qui reprend deux articles de son site Le Monde Afrique) raconte comment le dernier groupe d’information libre algérien a été mis au pas à la veille de Noël.

Ce 23 décembre, donc, le patron de Radio M et du site d’information Maghreb émergent est arrêté à son domicile et embarqué, dès le lendemain, pour une perquisition au siège de ses médias, menottes aux poignets. À l’œuvre, les agents de la Sécurité intérieure qui n’ont donné aucune explication. Les locaux sont mis sous scellés. Un des derniers médias libres, qui refusait de se soumettre à la doxa étatique et consensuelle algérienne, est ainsi remis d’équerre. Toujours dans Le Monde, la chercheuse Dhalia Ghanem explique que le pouvoir algérien actuel « n'a jamais eu l'intention de se démocratiser » : « C’est un mélange entre des éléments de l’autoritarisme pur et dur et des éléments de la démocratie », explique cette analyste à l’European Union Institute for Securitry Studies, spécialiste de l’Algérie. Un mélange façon pâté d’alouette : beaucoup d’autorité et très peu de démocratie. « Il y a une presse mais elle ne sera jamais assez libre, explique-t-elle. Il y a des partis politiques mais ils ne pourront jamais menacer le régime algérien. » Elle décrit une forme de régime paravent dans lequel les militaires tiennent la réalité du pouvoir en masquant assez bien leur rôle. Parti unique, rente pétrolière, tout va bien : le Covid fut une occasion bénie de mener la répression en arrêtant des centaines de personnes et en terrorisant la population.

C’est ce sympathique régime que Macron et sa cour gouvernementale viennent de caresser dans le sens du poil avec une tendresse et une insistance vraiment touchantes. Le 18 décembre, le ministre de l’Intérieur a rouvert toutes grandes les portes de la France aux Algériens demandeurs de visas. Bienvenue en France, les amis ! On verra si l’Algérie accepte de reprendre en masse ses délinquants objets d’OQTF (obligation de quitter le territoire français) après une condamnation par la Justice française… aux frais des Français. Des Français qui supportent donc, en attendant, les méfaits et les coûts de police et de justice qui vont avec. Pourtant, l’Algérie est LE pays le plus concerné par ces OQTF, le pays qui compte le plus de détenus à la prison française de Fresnes, par exemple, au sud de Paris. Ce qui devrait armer un peu de fermeté chez nos représentants. Le même pays ne semble pas paniqué : il a envoyé une porte à la figure du gouvernement français venu tendre le béret de l’autre côté de la Méditerranée dans l’espoir d’une aumône en gaz… Rien. L’Algérie a préféré vendre à l’Espagne et à l’Italie.

Et pourtant, la France macronienne risque la scoliose à force de courbettes faites à l'Algérie. Le président de la République, toujours brillant en politique étrangère, était venu préparer le terrain lui-même, lors d’un voyage officiel à Alger, en août. Il avait été copieusement sifflé à Oran mais il n'avait pas ménagé ses louanges au président algérien : « Aujourd'hui, nous avons écrit des mots et signé des mots et je veux ici vous dire aussi, cher président, combien cela vous doit. Nous avons le même entêtement à réussir ensemble parce que nous avons la même conviction qu'au fond, la relation n'est pas simplement une relation bilatérale comme les autres. C'est une relation d'intimité profonde. » En octobre dernier, son Premier ministre Élisabeth Borne et pas moins de quinze ministres suivent les pas présidentiels ! La visite tourne à la foire aux protocoles : les ministres français en signent pas moins de douze, truffés de belles phrases, de grandes déclarations d’amitié et d’intentions naïves qui n’engagent à rien.

De son côté, le Premier ministre algérien Aïmene Benabderrahmane négocie la levée des restrictions sur les visas et va droit au but : « Bienvenue aux investisseurs français en Algérie ! », lance-t-il. Message reçu cinq sur cinq par Élisabeth Borne« L'Algérie est engagée dans une ambitieuse diversification de son économie. Les entreprises françaises sont prêtes à participer à ce mouvement, à contribuer à l'amplifier », caresse le Premier ministre. Les chômeurs français attendront. Jamais en panne de lucidité, Élisabeth Borne se réjouissait : « J'ai le sentiment que, ensemble, nous avons avancé ! »

Toujours prête à tirer l’oreille de ses opposants en France et des gouvernants conservateurs partout dans le monde, l’élite macronienne a simplement apporté, comme les rois mages, l’or, la myrrhe et l’encens aux pieds d'un pouvoir autoritaire qui écrase ses propres médias, bafoue la démocratie, appauvrit la France, emplit nos prisons et ridiculise notre État. Faible avec l’Algérie à l’origine de bien des maux français, mais impitoyable avec la Hongrie, la Pologne, l’Italie de Meloni ou le Royaume-Uni frondeur en Europe, sans même parler de la Russie de Poutine, la Macronie fait son propre tri entre les pays vertueux et les autres. Dans cette affaire, il y en a un qui s'amuse bien avec la France, comme un chat avec une pelote de laine, c'est Aïmene Benabderrahmane... Il doit passer des soirées désopilantes, le Premier ministre algérien !

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28 décembre 2022 à 17:32

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27 commentaires

  1. C’est ce sympathique régime que Macron et sa cour gouvernementale rêvent de mettre en place en France

  2. Qui a dit que l’Algérie était démocratique, sans doute le clan Macron, ce sont vraiment des destructeurs de notre société. Je soutiens les propos de Michel Ouellebeck et de Éric Zemmour, ils expriment exactement ce que je pense. Il va falloir que les français réagissent avant d »être en minorité en France et mettent en place en 2027 quelqu’un de responsable qui favorisera les français et effectuera le remigrement qui s’impose.

  3. Quel est « l’apport culturel » des peuples qui se sont « croisés » sur les terres du territoire devenu « Algérie » durant des siècles ? Quel est l’apport industriel qui a fait basculé ce territoire dans l’industrialisation ? La réalité culturelle intrinsèque et l’apport extérieur ? QUI va oser leur mettre « tout ça » devant les yeux ? A ceux qui sont « en charge » du pouvoir dans ce territoire mais aussi devant les yeux des « dirigeants » qui sévissent en FRANCE actuellement ? …
    Stop ou encore ? …

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