À l’école, ne faites plus d’addictions !

téléphone portable enfant

L’interdiction des portables à l’école et au collège a été votée, jeudi 7 juin, en première lecture par l’Assemblée nationale. Cette mesure concerne presque toutes les familles, puisque les élèves, aujourd’hui en France, sont équipés de portables à 98 %.

Elle a été prise car c’était une promesses du candidat Macron, mais en s’appuyant sur le rapport remis aux parlementaires par la Fondation pour l’innovation politique intitulé "Les addictions chez les jeunes", notamment l’addiction aux écrans.

La lecture des débats sur le texte à l’Assemblée nous apprend que les députés entendent lutter contre l’addiction aux jeux, mais aussi à des « applications » comme celle qui permet d’enregistrer le cours et de le dispatcher en temps réel sur les réseaux sociaux pour susciter des commentaires, ou celle, gravissime, qui détourne des photos de collégiennes pour en faire des montages pornographiques.

L’article L. 511-5 prescrira donc que "l’utilisation d’un téléphone mobile […] par un élève est, sauf pour des usages pédagogiques, interdite dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges […] à l’exception des lieux où, dans les conditions qu’il précise, le règlement intérieur l’autorise expressément".

Ce qui est étrange, c’est que seuls soient concernés les écoles et les collèges. Emmanuel Macron avait, dans ses promesses de campagne, mentionné aussi le lycée, et une enquête de l’IFOP en 2017 ("Les adolescents et le porno : vers une génération YouPorn ?") s’alarmait de ce que, en 2013, 37 % des 15 à 17 ans avaient déjà consulté des sites pornographiques et 51 % en 2017". Alors, pourquoi exclure de cette interdiction ceux qui ont, précisément, entre 15 et 17 ans, à savoir les lycéens ?

Et puis, interdire les portables à l’école diminuera le temps passé sur ces sites et leurs conséquences désastreuses pour la capacité de concentration nécessaire aux études mais ne résoudra pas le problème. Car la technologie n’est pas seule en cause. Dans notre société, l’incitation est à tous les coins de rue. Mai 68, loin d’être « débranché », brille de tous ses feux. Quand une commune dresse un préservatif géant à l’entrée de la ville, quand on met un « vagin de la reine » dans les allées de la promenade familiale du dimanche à Versailles, un « plug anal » place Vendôme, quand la mairie de Paris subventionne la visite d’un musée par des nudistes, quand on laisse défiler dans nos rues des hommes en string de cuir en promenant d’autres attachés par une chaîne… les enfants, logiques, ne voient pas pourquoi ce qui est encensé, admiré par des adultes en charge de l’éducation des masses en matière culturelle leur serait interdit.

Comme l’a dit excellemment Marie-France Lorho, députée de Vaucluse, durant le débat à l’Assemblée :

Ce ne sont pas les téléphones qui sont la cause de la violence, mais bien le laxisme, l’ensauvagement de la société et la dépréciation de la place des adultes et des détenteurs de l’autorité. Nokia ou Apple ne sont pour rien dans ces phénomènes. On ne parviendra à rien si l’on essaie de transformer une batterie au lithium en bouc émissaire.

Catherine Rouvier
Catherine Rouvier
Docteur d'Etat en droit public, avocat, maitre de conférences des Universités

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