Paris : dans les urnes et les idées, Rachida Dati sauve l’honneur de la droite

Rachida Dati

Dans une droite parisienne en pleine décomposition – au sens politique comme physique du terme –, Rachida Dati (31,70 %) ne démérite pas, même si la réélection d’Anne Hidalgo (49,30 %) n’a rien d’une surprise, à en juger de la poussée écologiste dans les grandes villes.

Cette triangulaire aura au moins laissé un cadavre au bord de la route : Agnès Buzyn et ses 13,70 %. Elle ne siégera même pas au Conseil de Paris ; c’est dire l’ampleur de la Bérézina pour celle qui portait les couleurs du parti présidentiel. Même Waterloo pour Cédric Villani, lui aussi battant pavillon LREM dissident, qui doit se contenter d’un résultat approchant. Résultat ? Ils seront tous deux simples conseillers d’arrondissement…

Inutile de s’appesantir davantage sur cette « écologie punitive » prônée par de jeunes CSP+ de mégapoles, certes amoureux prétendus de la nature, mais pas toujours capables de faire la différence entre un radis et un navet, un ours des Pyrénées et notre cher Petit Ours brun dont nous contons les aventures à nos enfants et petits-enfants au moment de la lecture de l’histoire du soir : Robert Ménard a déjà fort bien résumé tout cela.

En revanche, la large victoire d’Anne Hidalgo en dit beaucoup sur l’évolution de la sociologie électorale en général, et celle de la gauche en particulier. Toute socialiste qu’elle fut, elle gagne parce que précédant les Verts en tous leurs désirs et caprices d’enfants gâtés. Quant à la victoire in extremis de Martine Aubry, elle nous dit à peu près la même chose : faute d’avoir anticipé ces mêmes caprices et désirs, elle a manqué d’être emportée par la vague de cette écologie d’un genre nouveau, plus portée sur le sociétal que le social. Décidément, l’ancienne protégée de Pierre Mauroy, héraut défunt du socialisme populaire à la sauce moules-frites, aura quasiment tout renié de l’héritage d’un Parti socialiste fondé à Épinay en 1971 par François Mitterrand. Une fois de plus, si la droite continue de trahir la France, la gauche, elle, n’en finit plus d’abandonner le peuple.

La preuve en est que Martine Aubry déclare aujourd’hui : « J’éprouve un grand bonheur d’avoir obtenu la confiance des Lillois pour continuer à aller plus loin, beaucoup plus loin sur la justice sociale et la transition écologique. » Autant dire qu’elle anticipe son enterrement politique prochain.

À rebours, la déclaration post-électorale de Rachida Dati est d’une tout autre nature, puisqu’allant à contre-courant de cette ambiance dominante voulant que même, et de plus en plus souvent, à droite, on en vienne à se prosterner mécaniquement devant ce qu’il faut bien nommer une sorte de tyrannie verdâtre : « Ensemble, avec tous mes colistiers, nous avons redressé la droite à Paris. Nous n’avons pas rendu vie à un parti, nous avons rendu vie à nos valeurs. […] Nous sommes allés partout, nous sommes allés voir ceux qui ne votent plus, ceux qui ne croient plus en la politique, ceux qui ont abandonné à force d’être abandonnés. »

Au moment où, entre LR et LREM, les passerelles confinent à la consanguinité, tout en multipliant les appels du pied à des Verts en passe de dynamiter le paysage politique encore plus sûrement que ne l’avait déjà fait le Rassemblement national, voilà qui a le mérite d’être dit, et bien dit, de surcroît, même si l’on est en droit de penser que refonder la droite pourrait bien aussi se faire sans cette même droite.

Marine Le Pen, quoique refusant, non sans arguments de poids, ce fameux clivage, devrait donc encore avoir de beaux jours devant elle.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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