Selon une étude de l’institut américain Pew Research Center, publiée le 30 novembre, la population de tradition musulmane va continuer de s’accroître en Europe. À l’horizon 2050, elle pourrait représenter entre 7,4 % et 14 % de la population européenne, contre 4,9 % en 2016. Il s’agit d’une projection, non d’une prévision, qui envisage trois scénarios : le premier avec une immigration nulle, le second avec une immigration moyenne, le dernier avec une immigration haute.

Pour ce qui concerne la France, la part des musulmans, actuellement estimée à 8,8 % (5,7 millions), pourrait passer à 18 % en 2050 (13,2 millions). En effet, selon cette enquête, les personnes de confession musulmane "sont plus jeunes et […] leur taux de fertilité est plus élevé que celui des autres Européens". Voilà qui va conforter les tenants du Grand Remplacement. Même si l’on ne partage pas cette thèse, force est de constater que cette perspective n’a pas l’air d’inquiéter nos gouvernants. Quelles peuvent en être les raisons ?

On ne peut écarter les raisons démographiques, qui font que les pays européens vieillissent et ont besoin de main-d’œuvre, si possible bon marché. La générosité d’Angela Merkel dans l’accueil des migrants n’était pas désintéressée. Et l’on entend, en France, des chefs d’entreprise se plaindre de manquer d’ouvriers dans certains secteurs.

Les partisans du multiculturalisme – parfois les mêmes – ne s’en plaignent pas non plus. Bien au contraire ! Dans un entretien accordé, le 2 mars 2017, à l’hebdomadaire protestant Réforme, Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle, soutenait que "l’immigration se révèle une chance d’un point économique, culturel, social [...] Les démocraties qui réussissent l’intégration bénéficient d’une croissance supérieure à la nôtre." Du pragmatisme cynique !

S’il est vrai que l’inquiétude à l’égard des migrants se situe plus « dans la question de l’intégration » que « dans le fait migratoire », que fait-il, parvenu au pouvoir, pour favoriser vraiment l’intégration ? Si beaucoup de Français de confession musulmane s’intègrent facilement, d’autres cultivent un repli communautaire. Faut-il continuer de recevoir des migrants économiques ou s’occuper d’une meilleure intégration de ceux qui sont déjà sur place ?

Autre problème : une partie des dirigeants politiques, notamment à l’extrême gauche, se font les complices objectifs de cette situation. On l’a encore vu jeudi soir, lors de « L’Émission politique » de France 2, avec les ambiguïtés de Jean-Luc Mélenchon : il a refusé de condamner le soutien de sa collègue Danièle Obono à Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la République, ou aux ateliers non mixtes proposés par le syndicat SUD Éducation 93. On le voit aussi dans la querelle sur l’islamisme entre Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart, et Manuel Valls.

Comme s’ils voulaient remplacer la notion marxiste de luttes des classes par la lutte des nouveaux exploités – les anciens peuples colonisés et les immigrés, bien sûr ! – contre leurs oppresseurs.

Il est de l’intérêt même des Français de confession musulmane souhaitant s’intégrer de dénoncer l’islamisme qui, qu’on le veuille ou non, dérive de l’islam. Il est du devoir des gouvernants de prendre des mesures pour favoriser l’intégration, voire l’assimilation. Mais que peut-on attendre d’un Président qui attise les ressentiments en déclarant, il y a quelques jours, lors d'un discours à l'université de Ouagadougou, au Burkina Faso, que "les crimes de la colonisation européenne sont incontestables et font partie de notre histoire" ?

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01 décembre 2017 à 17:13

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