2023, l’Éducation nationale en détresse. Et 2024 ?

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Des événements qui ont marqué l'Éducation nationale, en 2023, nous retiendrons l'assassinat, le 13 octobre, d'un professeur agrégé de lettres par un terroriste islamiste, le remplacement de Pap Ndiaye par Gabriel Attal, le 20 juillet, les annonces du nouveau ministre pour relever le niveau des élèves, le 5 décembre. L'année 2024 se présentera-t-elle sous de meilleurs auspices ?

L'assassinat tragique de Dominique Bernard dans un lycée d'Arras, survenu trois ans, presque jour pour jour, après la décapitation de Samuel Paty, illustre, une fois de plus, non pas seulement l'« ensauvagement » de la société, mais la barbarie et l'obscurantisme de fanatiques qui détestent la France, son Histoire et sa culture. Face à ces attaques mortelles, notre pays est désarmé par ses propres lois ou les conventions internationales qu'il a signées. Son gouvernement, malgré ses rodomontades, est incapable de garantir la sécurité des Français, même dans un établissement scolaire.

Le limogeage de Pap Ndiaye, dont l'incompétence était quasi unanimement reconnue, lui qui, pour dissimuler son inaction, répétait mollement ce que lui soufflaient ses conseillers, fut immédiatement compensé par sa nomination comme ambassadeur auprès du Conseil de l'Europe. Il siège désormais au sein du comité des ministres du Conseil, dont le rôle est notamment d’assurer l’exécution par les États membres des arrêts et de certaines décisions de la Cour européenne des droits de l’homme. Une fonction qui lui va comme un gant et transforme sa disgrâce en promotion.

Emmanuel Macron, qui avait nommé Pap Ndiaye rue de Grenelle, a choisi, pour lui succéder, Gabriel Attal, tout son contraire, ce qui en dit long sur sa façon de gouverner. Dès la passation de pouvoir, le nouveau ministre a déclaré vouloir « remettre le respect de l'autorité et des savoirs fondamentaux au cœur de l'école », ce qui paraît une évidence, trop longtemps oubliée. Il semble avoir pris le taureau par les cornes, mettant en place une « mission exigence des savoirs », puis présentant des dispositions susceptibles de redresser le niveau de l'enseignement.

En annonçant la création de classes de niveau, en réhabilitant le redoublement, quand l'élève a trop de lacunes, en liant le passage en classe de seconde à l'obtention du brevet, en préconisant plus d'exigence aux examens, il s'est attiré la sympathie de nombreux professeurs du terrain, mais les foudres de la plupart des syndicats, qui condamnent a priori ces mesures pour des raisons plus idéologiques que pédagogiques, sans attendre de le juger sur ses actes. Toute la bien-pensance, qui imprègne les sciences de l'éducation et les INSPE (substituts des IUFM), s'est déchaînée contre ce ministre de 34 ans, considéré comme rétrograde.

On souhaiterait que Gabriel Attal résistât aux pressions, exercées jusqu'au sein de son ministère, mais on ne rompt pas d'un coup de baguette magique avec des décennies de mauvaises habitudes et de gestion technocratique. De plus, il est difficile de discerner, dans sa politique, la part de conviction et la part de calcul. Ce jeune loup aux dents longues, qui, selon Le Parisien, « fait des jaloux dans les couloirs du pouvoir », a tout intérêt à se montrer volontaire et audacieux. Son talon d'Achille, c'est, paradoxalement, sa fidélité à son maître, qui le conduit à obéir à ses caprices.

Quel crédit accorder à un Président qui passe de Jean-Michel Blanquer à Pap Ndiaye ou de Pap Ndiaye à Gabriel Attal, qui change d'avis comme de chemise et adapte son discours, voire son action, à ses intérêts du moment ? Après tant d'errements, il sera assurément difficile de redresser la barre sans un changement de cap... et un changement de présidence.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Dans une entreprise privée, si vos incompétences sont reconnues, c’est la porte. Sans pour cela être recasé. Or en politique ou dans l’administration, c’est tout le contraire, on vous fait un pont d’or. Comment voulez-vous que gouvernement et administration fonctionnent correctement. Le bonnet d’âne devient un satisfecit. A croire qu’on élit les plus sots, si c’est cela, nous sommes les plus c…

  2. Selon Attal, l’école doit fabriquer de « bons républicains » : On rêve, on dirait une initiation au futurs goulags – la république est un mode de gouvernement, ce n’est pas la France – l’école doit apprendre à lire, écrire, compter, l’histoire de son pays, l’éducation et le respect de l’autre, et ne pas faire de la propagande… On en est loin, et ce n’est pas le petit Attal qui prend le chemin qu’il faudrait !

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