Cinquante ans après Georges Séguy, son prédécesseur de mai 1968, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, se retrouve dans la même position face à un mouvement populaire qu'il n'a pas déclenché, et encore moins vu venir. Comment tirer parti de la situation ? Récupérer le mouvement sans en avoir l'air ? S'impliquer sans se mouiller ?

La situation n'est pas facile… D'autant qu'en mai, l'homme remet son mandat en jeu ; il faudrait quand même se bouger. Alors, va pour une "journée nationale d'action" (c'est-à-dire où on ne fait rien), le 5 février. Ça ne mange pas de pain et, comme disait un Bronzé, "on ne sait jamais… sur un malentendu, ça peut marcher".

Sauf si, le même mois, le "soulèvement sans précédent par tous les moyens utiles et nécessaires" avec grève générale et illimitée que propose Éric Drouet - le plus rouge des gilets jaunes - réduit la journée d'action syndicale à un pet au milieu d'une tornade. Pour la convergence des luttes, il y a encore du boulot !

Au fait, sont-ils bien tous de gauche, ces jaune fluo ? N'a-t-on pas vu, ici, quelques quenelles ? Entendu, là, des propos homophobes ? Quand on est, comme la CGT, "Uni-e-s contre l’extrême droite, ses idées, ses pratiques" et que l'on a créé un "observatoire" des municipalités tenues par l’extrême droite, peut-on vraiment se commettre avec de telles gens ? Il est loin, le bon temps où on savait ce qu'était le prolo, le vrai, celui de Billancourt avec la gâpette et le frichti dans la gamelle. Pire, encore : le peu qu'il en reste est passé chez Marine. Où il a retrouvé l'infirmière libérale de province qui tient un rond-point en jaune tous les samedis. Drôle d'attelage ! On est loin de Sartre juché sur son tonneau en 68, face aux Renault de Billancourt, pour vanter une Chine aujourd'hui plus capitaliste que nous… D'ailleurs, Terra Nova l'a bien vu : le néo-prolo, c'est l'immigré, et ses descendants qui tiennent les murs des quartiers le joint au bec. Mais entre prêches islamistes et vidéos de Clara Morgane, difficile, ici, de recruter du manifestant cégétiste…

Le capitaine Haddock se posait la question insomniante : dormir avec la barbe au-dessus ou en dessous des couvertures ? Philippe Martinez n'a qu'une moustache, mais il doit aussi avoir du mal à trouver le sommeil.

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30 janvier 2019 à 15:11

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