Comment expliquer l'omerta autour du meurtre - pendant la campagne présidentielle - de Sarah Halimi, torturée puis défenestrée par un musulman radical antisémite ? Pour Maître Gilles-William Goldnadel, les débats qui tournent autour de la question de l'islam et de l'immigration sont tous placés par idéologie sous le tapis. Il n'y a aucune raison, selon lui, pour que tous ces drames ne continuent pas.

Le 4 avril dernier, Sarah Halimi était défenestrée après avoir été traitée pendant plusieurs semaines et mois de « sale juive » par son assassin. Comment expliquez-vous l'omerta qu'il y a autour de cette affaire qui devrait pourtant faire réagir ?

C'est la base même de ma chronique du Figaro d'hier.
Il existe une idéologie d'une force, d'une vigueur implacable, parce qu'insidieuse, parce qu'innommée, qui fait que les débats qui gênent le plus et qui tournent tous autour de la question islamiste, autour de l'Islam, autour de l'immigration, sont placés sous le tapis.
Il est invraisemblable que quelques mois après les attentats terroristes qui ont eu lieu en France, les questions terroriste et migratoire n'aient pas été évoquées dans la campagne électorale.
Le surmoi handicapant est tellement grand que même la candidate qui aurait eu le plus grand intérêt électoral et patriotique à évoquer ces sujets régaliens a préféré évoquer des sujets économiques qu'elle maîtrise moins bien et qui passionnent infiniment moins son propre électorat.
Je ne l'incrimine pas. J'incrimine la pensée idéologique qui fait que quand vous êtes dans un débat important devant des journalistes, si vous évoquez ce genre de thèmes, c'est considéré un peu comme saugrenu ou malséant.

Ce drame est en effet arrivé pendant la campagne présidentielle. Comment expliquez-vous qu'aucun des candidats ni même aucun journaliste n'ait porté le sujet sur la table ?

Sans doute que beaucoup ont pensé que c'eût été rendre service à des gens qu'on n'aimait pas que d'évoquer cette question-là, à savoir que, oui, Sarah Halimi a été torturée avant d'avoir été assassinée et défenestrée par un musulman radical antisémite qui l'avait déjà insultée. Sa sœur également avait insulté Sarah Halimi qui craignait beaucoup Traoré.
Croyez-moi que s'il c'était agi d'un blond aux yeux bleus, la France entière serait descendue dans la rue. On aurait également eu droit à des rapprochements historiques totalement incongrus. Mais il s'agissait d'un musulman issu de l'immigration. Donc il n'était pas question d'évoquer cette question.

Outre la médiatisation du cas, qu'en est-il aujourd'hui de l'assassin ?

Là, nous sommes en plus dans une phase habituelle de psychiatrisation de l'assassin qui n'est pas en prison. Celui dont je vous parle reçoit des visites.
C'est forcément un geste insensé de s'en prendre à une vieille dame et de la massacrer pendant une heure. Il n'y a pas de doute que c'est insensé, comme est purement insensé l'assassin islamiste, enfin très probablement islamiste, de Manchester d'aujourd'hui.
À ce moment-là, il faut dire que tout terroriste islamiste prêt à sacrifier sa vie ou sa liberté est déclaré d'office irresponsable pénalement. Ça sera encore plus clair !

Comment analysez-vous l'état du pays qui ne réagit pas, ou même plus, à ce genre de drame ?

Totalement désarmé ! Y compris sur le plan moral, y compris même sur le plan de l'instinct de conservation.
Mais l'opinion publique française n'est pas responsable de cela. L'opinion publique française est très, très réceptive à ce que je viens de vous dire. Mais comme elle est mise dans le vent, comme on lui montre ce qu'on veut bien lui montrer et qu'on lui cache et qu'on lui dissimile ce qu'il n'est pas question et qu'il n'est pas séant de lui montrer, comment voulez-vous qu'elle y soit sensible ? Il n'y a donc pas de raison que ça ne continue pas, aucune raison!

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23 mai 2017 à 11:40

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