L’Italie, pays souvent considéré comme un laboratoire de la politique, a vu, lors des élections législatives du 4 mars 2018, le parti anti-système Mouvement 5 étoiles (M5S) arriver premier, avec 32,7 % des voix. Mais la coalition de centre droit, regroupant les deux partis patriotiques, la Ligue et Frères d’Italie, et le parti de Silvio Berlusconi Forza Italia, a obtenu 37 % des voix.

Après deux mois de négociations infructueuses entre les protagonistes en vue de former un gouvernement, une rencontre entre le dirigeant du M5S Luigi Di Maio et celui de la Ligue Matteo Salvini, ce 9 mai 2018, a permis de débloquer la situation. Le M5S a accepté de revoir sa position de rejet vis-à-vis de Silvio Berlusconi - considéré par le M5S comme incarnant des pratiques douteuses -, ce qui a conduit ce dernier à annoncer, dans la soirée, qu’il donne son feu vert à un gouvernement réunissant le M5S et la Ligue. Forza Italia ne met pas de veto à une telle coalition gouvernementale, mais ne lui votera pas la confiance.

Au sein d’un communiqué, Silvio Berlusconi déclare : "Si une autre force politique de la coalition de centre droit veut assumer la responsabilité de former un gouvernement avec le M5S, nous prendrons acte de ce choix avec respect."

Le parti du Cavaliere estime cependant que le M5S, fondé par Beppe Grillo, "n’a pas la maturité politique pour assumer cette responsabilité".

Cette évolution permet désormais à la Ligue d’avoir les mains libres afin de négocier le futur gouvernement national, sans que les majorités qu’elle forme à divers autres niveaux de pouvoir (régions, municipalités...) avec Forza Italia ne soient menacées de rupture.

Silvio Berlusconi évite ainsi à sa formation politique de servir d’alibi en cas de non-accord entre le M5S et la Ligue, et de porter la responsabilité d’un éventuel retour aux urnes qui, selon les sondages, profiteraient à la Ligue mais verrait Forza Italia chuter.

Matteo Salvini et Luigi Di Maio vont poursuivre, au cours des heures qui viennent, les négociations en vue d’aboutir à un accord. Si tel n’était pas le cas, deux possibilités s’offriraient au président de la République Sergio Mattarella : la formation d’un gouvernement de techniciens, idée qui a pour le moment le soutien du Parti démocrate de centre gauche - grand perdant des législatives - mais qui est rejetée par le M5S et la Ligue, ou un retour aux urnes.

Si les citoyens devaient voter une nouvelle fois, alors que la législation électorale n’a pas été modifiée, les résultats devraient conduire à la même impasse, le centre droit ou le M5S ne pouvant emporter une majorité.

Les prochaines heures seront importantes pour l’avenir du pays et de l’Europe.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:36.

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10 mai 2018 à 8:51

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