Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Le 9-3. L’ancien fief de Dominique Voynet passé au Front de gauche. Montreuil la rouge, Montreuil la bobo, Montreuil la "deuxième ville du Mali" après Bamako… Autrement dit, un concentré de ce qu’on trouve désormais dans cette proche couronne parisienne.

Comme ses voisines Rosny et Fontenay, Montreuil fut autrefois « sous-Bois ». C’était il y a longtemps. Ville ouvrière (la CGT y a son fortin), on y recensait, jusqu’au seuil des années 2000, plus de 90 nationalités, dont une majorité de Maliens - d’où son surnom. Puis le Bas-Montreuil est devenu tendance. Nécessité oblige : professions intellectuelles et jeunes ménages "souchiens" ont fui Paris, chassés par les prix de l’immobilier. Ils se sont installés côté Vincennes, dans les petits pavillons ouvriers qui représentent environ 20 % de l’habitat local.

J’ai beaucoup fréquenté Montreuil, ces dernières années, pour mon plaisir de grand-mère et par nécessité. En période scolaire, une fois par mois au moins et souvent deux, voire plus, le jeudi était jour de grève : de l’accueil du matin, du soir, de la cantine, de la maîtresse… À la maternelle comme au primaire. Pour des motifs inconnus des parents, prévenus le plus souvent la veille au soir… « Allô, maman, tu peux récupérer les enfants demain midi ? » Ou demain à 16 heures…

L’un à la maternelle en face, l’autre à un kilomètre de là parce que, bien sûr, pas question de l’inscrire dans l’école primaire à côté. La "mixité sociale" a ses impératifs. Mais il faut récupérer les petits à la même heure, et s’engueuler avec le personnel qui verrouille les portes parce que, « Madame, vous êtes en retard ! » Le privé ? Ils y ont bien songé, mais il n'y a pas de place.

Il faut croire, pourtant, que la mixité sociale qui coûte si cher n’est qu’un leurre, car le 15 septembre dernier, un nouveau syndicat de parents d’élèves a fait son entrée sur la scène montreuilloise : le Front de mères. Comme titre Le Point, il s’agit d’un "syndicat de parents d'inspiration indigéniste".

Cofondé par Fatima Ouassak, militante antiraciste qui fut proche du Parti des indigènes de la République (PIR) et par la blogueuse Diariatou Kebe, le premier rassemblement s’est tenu dans "une salle financée par le ministère de la Culture, la région, le département et la mairie". Cela mérite, en effet, d’être souligné, preuve, s’il en fallait encore une, que le poisson pourrit bel et bien par la tête.

Syndicat qui se présente comme "issu des quartiers populaires", le Front de mères "travaille l'imaginaire d'une bataille identitaire autour de l'école". En témoignent les thèmes abordés : "expérimenter la transmission des luttes à travers un cours d'histoire d'un point de vue anticolonial", cours de "critique des médias" ou encore "conférence sur l'alternative végétarienne". Ce dernier sujet d’apparence anodine étant, sans doute, l’un des plus politiques puisqu’il permet de "satisfaire d'un côté les revendications religieuses d'une population musulmane pieuse et de l'autre les attentes politiques d'une gauche altermondialiste" branchée vegan !

Si, en cette journée de lancement, les interventions sont "demeurées mesurées", Le Point rappelle toutefois le manifeste publié l’an passé par les deux fondatrices du Front de mères, où elles affirment : « [L’école est] utilisée par les Blancs comme outil pour transmettre leurs privilèges à leurs enfants, et comme arme pour entraver le champ des possibles des nôtres."

Mes petits-enfants ont quitté Montreuil. Ils viennent de faire leur première rentrée à… Montréal. Il n’y a que deux voyelles, mais tout un monde d’écart.

Il paraît que madame Hidalgo et monsieur Macron ne tiennent pas à savoir combien de jeunes ménages des classes moyennes supérieures quittent la région parisienne et, souvent, la France.

Ils le font, certes, un peu pour le boulot, mais surtout pour sauver leurs enfants !

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26 septembre 2018 à 22:04

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