Aucun espoir nulle part.

Christophe Guilluy, qu'on dit victime de "l'universitairement correct" (Le Figaro), a été heureusement médiatiquement omniprésent. Son affirmation que "ce n'est plus au peuple d'écouter les prescripteurs d'opinion mais l'inverse" est juste mais n'est pas gaie. On ne peut plus avoir confiance en personne.

Un président de la République épuisé se voit empêché d'aller skier quelques jours à La Mongie parce que des gilets jaunes seraient encore mobilisés et que cette accalmie pourrait les exciter. Ce que nous ne pouvons pas avoir, il ne doit pas y avoir droit. L'égalité par le bas, c'était le communisme ! Mais, après lui avoir interdit le ski, on ne cesse pas, pourtant, de se demander où, donc, le couple présidentiel a pu partir se reposer. Cette discrétion comme une offense aux médias !

Brigitte Macron, quant à elle, a été obligée de se justifier parce qu'elle s'est laissée photographier avec Marcel Campion et qu'elle n'a pas su lui dire non. Le bon sens a déserté le pays.

Il y a encore des gilets jaunes pour nous annoncer, sur un ton comminatoire, d'autres actes. Ils comptent faire du début de l'année nouvelle un décalque de la fin de l'année écoulée ? Un mouvement de plus en plus minoritaire qui n'a plus de demandes précises à formuler est évidemment très difficile à satisfaire. La parole donnée à tous sur cinq sujets principaux permettra-t-elle d'y voir plus clair ? Sinon, ce sera l'impasse.

La gauche socialiste ne se relève pas. Les écologistes ne veulent pas de Ségolène Royal, même à la deuxième place, pour les élections européennes. Ils ont donc si peur qu'elle leur vole la vedette ?

François Hollande continue son tour de France. Grâce à son livre, il aura plus séduit que le Président qu'il a été et qu'il aspire à redevenir. Jean-Jacques Bourdin déclare que Ségolène Royal et lui "n'ont aucun avenir et que les Français n'en veulent pas". Dans ces temps où tous les repères sont troublés, il faut être précautionneux et ne pas croire que le futur fera forcément plaisir à ses désirs.

Jean-Luc Mélenchon n'aura pas eu une année 2018 particulièrement brillante. La France ne lui a pas su gré de son insoumission procédurale et, habituée au tribun, ne s'est plus contentée de ses éclats de voix et des perspectives apocalyptiques et bouleversantes qu'il promettait. Et il avait été si doux avec le Président (d'avant les gilets jaunes) quand il l'avait rencontré de manière faussement fortuite à Marseille !

Un président de la République passé de la lumière des premiers temps à la discrétion obligatoire des derniers mois, haï, cherchant à restaurer un autre lien avec les Français parce que lui-même serait devenu autre : il se tue à le démontrer par son verbe et ses actes mais, pour l'instant, sans convaincre. Cette descente aux enfers est injuste et angoissante pour la nation. Car il est hors de question de laisser libre cours aux discours des factieux et de ceux pour lesquels la démocratie n'interdit rien, même le pire.

Emmanuel Macron joue de sa relation amicale avec Nicolas Sarkozy pour flatter ce dernier qui, d'agité d'hier, se campe en "vieux sage d'aujourd'hui", et surtout ruiner toute progression de Laurent Wauquiez à la tête des LR. Ce sont des manœuvres qui ne sont pas très saines et qui ne suffiront pas au Président pour remonter la pente.

Le Rassemblement national, qu'on imaginait quasiment coulé, serait largement en tête aux élections européennes du mois de mai 2019 et il s'offrirait même le luxe de faire diriger sa liste par un jeune de 23 ans, quand LR est encore en train d'hésiter entre fraîcheur et expérience.

La France est déprimée. Comment ne le serait-elle pas ?

Faut-il, pour faire surgir un peu d'enthousiasme artificiel, se rappeler que notre pays a besoin de s'approcher des catastrophes pour les éviter, de maudire ses dirigeants pour finir par les aimer et de craindre la révolution pour accepter les rares réformes indispensables ?

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28 décembre 2018 à 9:00

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