La dernière des castanerades

Christophe-Castaner

Là, je crois que cette fois-ci, on tient un filon. Franchement, si j’avais une seule chose à demander au Président, c’est de nous le garder le plus longtemps possible au gouvernement. Qui ça ? Christophe Castaner, évidemment. Un homme qui semble avoir été frappé du syndrome du valet de chambre de façon sévère. Une photo pour immortaliser la signature présidentielle ? Vite, mon Christophe accourt, la brosse à reluire dans une main, le micro dans l’autre. Avec lui, c’est comme aux Galeries Lafayette : il se passe toujours quelque chose. Ça, c’est bien.

Avant - mais ça, c’était avant -, faut reconnaître que les porte-parole du gouvernement ne faisaient pas trop dans le genre comique troupier, si l’on excepte, bien sûr, Stéphane Le Foll sous Hollande. Najat Vallaud-Belkacem, elle, qui tint un temps le poste, faisait genre tout court. Et avant encore, c’est-à-dire naguère, jadis et autrefois, ça ressemblait plutôt à des jours sans pain. Tiens, justement, pris au hasard dans le martyrologe de la profession : Louis Le Pensec en 1989-91, sous le règne de Mitterrand. Et Léo Hamon sous Chaban, autant dire au temps des croisades, ça ne rigolait pas tous les matins ! On pourrait encore évoquer Max Gallo, sous Mitterrand aussi, qui donnait un peu de souffle historique à une fonction qui hésite entre concierge, petit télégraphiste et amuseur public.

Avec Christophe Castaner, on a changé de paradigme, comme disent aujourd’hui ceux qui veulent faire important. Toujours plus fort, toujours plus vite, toujours plus loin dans l’hagiographie présidentielle. S’il n’en reste qu’un à la fin des fins, ça sera lui. C’est l’hymne à l’amour d’Édith Piaf chanté en live chez Bourdin dès potron-minet ou psalmodié à l’heure vespérale chez Mme Elkrief. Pour Lui, Christophe Castaner se ferait teindre en blonde et irait décrocher la Lune. Ce qui n’est pas gagné d’avance.

Où voulais-je en venir, déjà ? Ah oui. À la dernière « castanerade ». Voulant justifier son boss après sa dernière saillie – verbale, j'entends – à propos des salariés qui "foutent le bordel", le porte-parole du gouvernement et néanmoins secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement a extrait de sa mine mirobolante une pépite qui vaut son pesant de Castaner : "Je crois qu’on peut être cultivé et parler comme les Français", a-t-il déclaré tout de go sur Radio Classique jeudi dernier. Car - on le sait - l’on se pique aujourd’hui d’avoir des lettres au plus haut niveau de l’État, après des lustres de traversée de désert culturel à l’Élysée.

On en déduit que les Français sont un ramassis d’incultes. Merci pour eux. De la maladresse ? Même pas, car le soir même, il récidivait sur BFM TV : "Le président de la République a raison de parler comme parlent les Français, c'est pas parce qu'il est Président, c'est pas parce qu'il est cultivé - et vous savez qu'il l'est plus que la moyenne - qu'en même temps, il doit s'interdire l'usage de certains mots qui sont des mots courants." Et M. Castaner, il est quoi de plus que la moyenne ?

Dans l’attente impatiente de la prochaine "castanerade"…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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